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Aweille François ostie continue comme ça!

Par Jean Bernatchez le 2022/11
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Aweille François ostie continue comme ça!

Par Jean Bernatchez le 2022/11

Le 3 octobre 2022, les citoyennes et les citoyens du Québec ont reconduit au pouvoir pour quatre ans la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault. Celui-ci pourra compter sur le soutien de 90 des 125 députés de l’Assemblée nationale, bien que 59 % des électrices et des électeurs aient opté pour un autre parti. Un slogan creux, Continuons, a été le vecteur de la piètre campagne électorale de la CAQ, alors qu’il est plutôt urgent de Changer d’ère.

Continuons

On se souvient de cette vidéo virale où un type éméché invitait son pote qui marinait complètement saoul dans un spa à continuer : Aweille Kevin ostie continue comme ça! Mais Kevin devait continuer à faire quoi? Dix ans plus tard, Kevin baigne-t-il toujours dans son spa et dans son jus, une bière à la main et les yeux dans la margarine? Continue-t-il de fêter ses 24 ans, indéfiniment? Sa vie est-elle figée dans ce spa? Le choix d’un slogan électoral n’est pas une décision improvisée : différentes options sont présentées à des groupes-témoins représentatifs de l’électorat susceptible de soutenir le parti. Continuons, c’est un slogan rassurant pour l’individu qui vit le confort de l’indifférence, qui ne veut pas le sacrifier au nom du collectif, par inconscience, par ignorance, par déni ou par égoïsme. C’est un slogan conservateur et paternaliste, utilisé par l’Union nationale en 1952 : Laissons Duplessis continuer son œuvre. C’est un slogan qui incite à se satisfaire de la situation actuelle, marquée par l’insouciance climatique, la politique du chacun pour soi, les injustices sociales et le renforcement du clivage entre les pauvres et les riches. C’est aussi le déni du racisme systémique, phénomène pourtant confirmé par les propos xénophobes du ministre de l’Immigration lors de la campagne électorale. Ses propos étaient-ils planifiés? Sans doute que non, mais parions que les stratèges de la CAQ ont vite mesuré l’impact positif de la déclaration sur le vote des xénophobes. Ces mêmes stratèges et conseillers qui, payés avec l’argent public, pratiquent la désinformation et le mépris de l’adversaire politique, et dont les propos sont souvent repris de manière complaisante par les chroniqueurs des grands médias, dont ceux de l’Empire, grands complices du grand capital.

Changer d’ère

Certes, Changer d’ère, c’était le slogan électoral de Québec solidaire (QS), mais il pourrait aussi traduire les propositions environnementales du Parti québécois (PQ) et de quelques tiers partis préoccupés par l’urgence climatique. Les prochaines générations jugeront sévèrement les climato-inactifs. Les licornes, ce sont celles et ceux qui croient au mythe de la croissance illimitée, qui estiment qu’il sera toujours temps, plus tard, de poser quelque action pour préserver la biosphère. Ce sont celles et ceux qui disent qu’il n’est pas réaliste d’agir résolument maintenant pour affronter les changements climatiques. Libres sur nos VTT! comme le dit le radio-poubelliste réactionnaire qui trouvera le moyen de faire résonner sa voix trumpienne au Parlement grâce à quelque caquiste défroqué. Que l’on s’offusque d’une surtaxe sur les véhicules polluants ou d’un impôt supplémentaire pour les ultra-riches est une aberration. Il faut amorcer une rupture radicale dans nos choix de société et de gouvernement : notre survie en dépend et tout le reste est, en conséquence, bien secondaire. Morts sur une planète morte, voilà qui n’est pas pratique pour engranger de l’oseille. Mais d’ici là, pour les quatre prochaines années, il y a fort à parier sur le renforcement de l’arrogance et de l’autoritarisme chez l’homme Legault dont on ne peut nier la filiation avec l’homme Duplessis.

Plus près de nous dans le temps, Robert Bourassa était mon professeur de politique économique en 1980 et, contraint à la confidence par une classe de jeunes politologues insistants, il nous confiait la difficulté de gérer l’État dans un contexte où 102 des 110 députés appartenaient au parti gouvernemental, comme à la suite des élections de 1973. Il subira une dégelée trois ans plus tard. Pour la CAQ de 2022, il est probable que le grenouillage au sein du parti se transforme en magouillage, que les gros ego s’agitent au sein d’une coalition où l’individu prime au détriment du collectif. Devenir calife à la place du calife, voilà l’ambition de quelques députés vedettes.

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