
L’autrice fait partie de l’Initiative de journalisme local
À Rimouski, ces rassemblements à vélo qui avaient eu lieu entre 2009 et 2013 renaissent de leurs cendres. Après avoir réalisé une première masse critique le 17 octobre dernier, les cyclistes prennent à nouveau les routes d’assaut, le 1er novembre prochain à 17 h. Le Mouton Noir est allé à la rencontre de deux participants, Alexis Gagnier-Michel et Catherine Lussier-Renaud pour mieux comprendre la réalité et les enjeux des cyclistes de la région.
Tout en reconnaissant l’important travail de l’Association Rimouski ville cyclable pour promouvoir le vélo et le transport actif, Alexis Gagnier-Michel et Catherine Lussier-Renaud ont décidé de participer aux masses critiques afin de contribuer à « visibiliser l’existence des cyclistes, par un autre canal que la voie institutionnelle, de passer par la rue finalement », expliquent-ils.
« L’idée des masses critiques, c’est de rendre visible, c’est de créer également un lieu sécuritaire pour les vélos (…) par le fait qu’on est une masse, par le fait qu’on va avoir des personnes attitrées à la sécurité, puis finalement, c’est de créer un moment pour se rassembler de manière ludique et festive », mentionne Catherine Lussier-Renaud. Ces rassemblements, qui existent à travers le monde, incluent les vélos et tout autre moyen de transport non motorisé, tels que les patins à roulettes ou les trottinettes.
Braver l’hiver
Les masses critiques ont lieu généralement une fois par mois et, en fonction des personnes qui participeront à Rimouski, elles pourraient aussi se poursuivre à travers l’année. « On va voir si on va être capable d’avoir des gens jusqu’à l’hiver, mais si on est capable, je pense que ce serait le fun de le faire à l’année complète, c’est tout aussi — voir plus — pertinent de le faire l’hiver », indique Alexis Gagnier-Michel.
Il explique que « toutes les questions de sécurité par rapport aux automobilistes, mais aussi de la confiance des cyclistes eux-mêmes, sont d’autant plus grandes en hiver, vu que les conditions sont plus dures, parce que les routes sont mal déneigées, parce que les pistes cyclables sont fermées, etc. »
La réalité des cyclistes changerait peu avec le temps
Bien que les masses critiques à Rimouski existaient déjà depuis une dizaine d’années, monsieur Gagnier-Michel remarque que « finalement, les enjeux restent à peu près les mêmes qu’ils étaient avant ».
Ces deux étudiants, dont le principal moyen de transport est le vélo, observent à Rimouski que « les pistes ne sont pas nécessairement pensées pour que le vélo soit un moyen de transport quotidien dans nos déplacements locaux, mais c’est plus pensé pour du récréatif ».
Ils donnent l’exemple de la piste cyclable longeant le littoral qui représenterait plus une piste récréative, sauf pour les résidents du secteur du Rocher-Blanc.
« Quand on veut se rendre au point A au point B en suivant strictement des pistes cyclables au sein de Rimouski, c’est comme si on faisait un labyrinthe. On fait des détours pour toujours essayer d’être sur des pistes cyclables plutôt que de penser la route comme un espace partagé et que chaque rue, ou presque, ait un espace pensé pour les cyclistes. À ce moment, on peut être pleinement un usager de la rue et de la route au même titre que les automobilistes », indique Catherine Lussier-Renaud.
Le réseau cyclable de Rimouski pourrait être bonifié avec la prolongation de certaines pistes cyclables et en évitant que des pistes cyclables ferment à la mi-octobre, observent les deux cyclistes. Le fait de fermer certaines pistes cyclables l’hiver, « ça rejoint l’idée du vélo récréatif, comme si le vélo se faisait seulement pendant certains mois de l’année », indique monsieur Gagnier-Michel.
Les pistes cyclables interrégionales restent aussi très dangereuses pour les cyclistes. « Si on pense au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, les pistes cyclables interrégionales c’est une catastrophe, je ne sais pas comment le nommer autrement », ajoute Catherine Lussier-Renaud en faisant référence à la mort de plusieurs cyclistes sur ces routes.
Le transport à vélo reste pourtant un moyen de transport accessible pour les classes populaires, rappelle madame Lussier-Renaud, en soulignant l’importance d’aménager les routes pour les cyclistes. Elle ajoute que cela est particulièrement important dans un contexte où le transport en commun à Rimouski manquerait de cohérence, d’accessibilité au niveau des prix et de trajets « réalistes ».