
Comme je vous le disais dans la partie 1 de cette chronique, j’ai lu la plateforme politique du Parti conservateur du Québec (PCQ). Après avoir couvert le logement et l’environnement, j’en suis à vous partager les thèmes de la santé, l’économie et l’immigration. Scoop : ça ne s’améliore pas pantoute.
Santé : dire qu’elle n’a pas de prix, c’est faux
Le PCQ propose de permettre à des entreprises privées de faire concurrence au système de santé public ; de pouvoir souscrire à une assurance privée pour créer une compétition entre les réseaux d’assurances privées et publics ; et d’instaurer le concept de « money following patients » qui imposera une compétition à travers les hôpitaux pour soigner plus de patients en calquant le modèle d’usine-entreprise. Bref, le but ultime est de privatiser le système pour des riches en santé en affaiblissant le système public pour les pauvres et la classe moyenne endettée. Dans une société dirigée par Éric Duhaime, un hôpital public aura des allures de ferme usine de poulets Olymel.
Économie : au plus fort la poche
Le parti conservateur cite l’Institut Fraser comme source de référence pour appuyer ses politiques économiques. Ce think tank canadien décrit comme politiquement conservateur et de droite libertarienne est souvent critiqué et dénoncé pour ses calculs qui ne tiennent pas la route.1 L’Institut Fraser s’inscrit dans la filiation économique de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan qui sont tous deux plus proche de la tumeur que du remède. Selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), « Le Fraser calcule avec ses pieds ». Si c’était une bande de singes, au moins. Ils seraient agiles de leurs pieds et on leur achèterait des patins à roulettes, des timbales et on rigolerait.
La meute à Duhaime propose même d’instaurer un impôt à taux unique. Quessé ça bâtard, me direz-vous? C’est un système qui impose tous les membres d’un groupe au même taux, contrairement à l’impôt progressif. C’est tellement une mauvaise idée que l’ADQ et Maxime Bernier l’ont déjà proposé. L’économiste Léo-Paul Lauzon nous éclaire davantage : « Les hypocrites qui militent en faveur d’un taux d’impôt unique savent très bien qu’avec les nombreux abris fiscaux disponibles, le recours aux paradis fiscaux et l’exonération de plusieurs revenus économiques dans la détermination du revenu fiscal, que le taux unique est une fabulation, une tromperie. En présence des nombreux abris, paradis et exemptions fiscaux, le taux d’impôt «unique» effectif ou réel sera toujours beaucoup plus élevé pour la classe moyenne, qui ne peut utiliser ces magouilles fiscales, que pour les grosses poches. Le taux d’impôt unique est carrément une arnaque préconisée par les opportunistes qui veulent, pour leur bien-être, taxer la consommation et tarifier les services publics plutôt que le revenu. »
Immigration : danger!
La plateforme conservatrice mentionne que le parti « sélectionnera les immigrants permanents en fonction de leur compatibilité civilisationnelle. » Compatibilité civilisationnelle ? C’est dire que certains peuples à travers le monde ne seraient pas fréquentables, qu’il ne faudrait surtout pas mélanger les barbares moyen-orientaux avec les civilisés occidentaux. La plateforme affirme aussi que les taux d’immigration actuellement appliqués au Québec sont parmi les plus élevés au monde et que cela menace la culture québécoise. Ça, c’est l’exacte prémisse véhiculée par l’extrême droite appelée «le Grand Remplacement». Selon cette idée, on ne fait pas assez d’enfants de souche, on accueille trop d’immigrants, alors notre culture se meurt dans l’assimilation programmée jusqu’à se faire remplacer totalement sous les applaudissements des islamo-gauchistes.
En résumé
À moins d’être riche, raciste et d’avoir en main un billet de navette spatiale vers une nouvelle planète luxuriante, soutenir le Parti Conservateur du Québec, c’est voter contre nos intérêts communs, contre le bonheur de la population, contre tout projet de société solidaire et contre le futur de nos enfants. Tant qu’à appuyer ces réactionnaires, on devrait juste acheter des guns à nos kids, leur installer une muselière remplie de fentanyl pis les lâcher lousse dans les rues des villes transformées en Hunger Games. On arrivera au même résultat : un monde chaotique, de clients-consommateurs individualistes soumis à la loi du plus fort et au contrôle des corporations.
Bonus : cinq citations d’Éric Duhaime.2
1. « Des organisations au Québec qui font des actes illégaux, y’en a une pis un autre. À ce moment-là, s’il fallait commencer à dire que La Meute est pas fréquentable, je peux vous dire que contrairement aux centrales syndicales, y’ont jamais rien fait d’illégal. »
2. « Au Québec, en 2017, je me demande parfois sérieusement si je ne subis pas plus de discrimination en tant qu’homme qu’en tant que gay. »
3. « 98,6% des immigrants illégaux entrés au Canada durant la période critique de janvier-février-mars dernier l’on fait au Québec, soit 2992 au chemin Roxham versus 43 ailleurs au pays. Combien étaient porteurs du coronavirus? Est-ce que ça explique en partie pourquoi le Québec est plus durement frappé que les provinces voisines? La lumière doit être faite. »
4. – Éric Duhaime : «Chaque dollar que tu mets à l’impôt, ça te donne un droit de vote. Si tu paies pas une cenne et tu ne fais que recevoir, bien tu fermes ta gueule, et tu n’as pas le droit de vote. Tu payes 10,000 piasses en impôt, t’as 10,000 droits de vote. Tu payes pas une cenne t’as zéro. Tu payes 100 piasses, t’as 100 droits de vote. Tu payes un million t’as un million de droits de vote. Ça serait bon ça. »
– Bernard Drainville : «Fak ça ça voudrait dire mettons que les dix familles les plus riches du Québec pourraient probablement contrôler le parlement. »
– Éric Duhaime : «Bin c’est déjà mieux que le monde qui paye pas une maudite cenne d’impôt pis qui décident qui va être élu au gouvernement alors qu’ils ont même pas contribué. »
— Bernard Drainville : « L’éducation, les hôpitaux… Là, tu vas commencer par le droit de vote, et après ça va être d’autres droits. »
— Éric Duhaime : «Premièrement, c’est pas un droit. C’est écrit où ça? L’éducation, c’est un privilège. Tous ces services là [hôpitaux], c’est un privilège. Il y a plein de monde sur la planète qui ont pas ça! C’est pas un droit pour tous les êtres humains du monde (…) »