Le blogue du rédac

Le coût de la sécheresse est connu : 13,7 millions $

Par Rémy Bourdillon le 2020/10
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Le blogue du rédac

Le coût de la sécheresse est connu : 13,7 millions $

Par Rémy Bourdillon le 2020/10

Cela devient une habitude : les étés bas-laurentiens sont marqués par des sécheresses qui compliquent la vie des agriculteurs. Avec quelques mois de recul, on peut maintenant mettre un coût financier sur cet événement. En effet, la Financière agricole a annoncé qu’elle verserait 13,7 millions de dollars à des producteurs de foin et de pâturage du Bas-Saint-Laurent, à titre de compensations pour les pertes subies lors des sécheresses de juin et juillet.

À l’échelle de la province, ce sont 35 millions d’indemnités qui sont versées par la Financière agricole, donnant une bonne idée des coûts faramineux des changements climatiques. Ce montant est pris en charge par le Programme d’assurance récolte, qui est financé en partie par les assurées eux-mêmes (c’est-à-dire les agriculteurs), en partie par la Financière agricole à partir de fonds publics. Le Bas-Saint-Laurent est la région la plus touchée : à titre de comparaison, la Montérégie, « grenier » du Québec, n’a droit qu’à un versement de 5,3 millions $.

« J’appelle ça une catastrophe, lance le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis. La première fauche a été très moyenne, et bien des producteurs n’ont pas eu de deuxième fauche. » Habituellement, les agriculteurs stockent du foin qui leur permet de traverser ces périodes de vaches maigres, mais ce n’est plus le cas au Bas-Saint-Laurent : « Cela fait quatre ans qu’on subit des sécheresses, année après année, explique M. Marquis. Il n’y en a plus, de réserves! »

L’achat de foin s’est donc avéré nécessaire. L’UPA a lancé l’Opération sécheresse 2020, afin de mettre en relation producteurs et acheteurs. Mais puisque la totalité de la province a connu un été chaud et sec, il a fallu dans certains cas acheter « à l’extérieur du Québec », selon Gilbert Marquis. Face à la forte demande, les prix se sont envolés : « La balle ronde se vendait 100 à 125 $, au lieu de 40 à 45 $ habituellement », estime le président régional du syndicat agricole.

Une nécessaire adaptation aux changements climatiques

La sécheresse n’est pas seule en cause : un printemps tardif, avec des gelées et des chutes de neige en mai, a également donné des maux de tête aux agriculteurs. Là encore, Gilbert Marquis constate que des situations de ce type se reproduisent année après année, et il met cela sur le compte des changements climatiques : « Il y a sûrement des études sur le sujet, mais la mienne n’est pas compliquée : quand on vit quatre années de suite de sécheresse, qu’on voit que les hivers ne sont plus comme avant et que les printemps sont plus froids, je pense que les changements climatiques, on est dedans. Les producteurs en parlent aussi. »

L’aide de la Financière agricole va permettre aux producteurs bas-laurentiens de passer l’été 2020, mais à plus long terme, l’adaptation est nécessaire. « Il faut acclimater nos fourrages au climat », résume joliment M. Marquis. De l’aide serait cependant bienvenue pour réaliser des études : on pourrait par exemple se tourner vers des plantes qui utilisent moins d’eau tout en donnant de bons rendements. Dans cette optique, certains ont déjà opté pour le maïs dans la région.

D’autres ont choisi de récupérer des terres en friche afin d’être en mesure de produire suffisamment de foin en cas de sécheresse, par exemple dans la MRC des Basques. Gilbert Marquis signale toutefois les limites de cette approche : de nombreuses terres sont abandonnées depuis trop longtemps, les épinettes y sont revenues et il coûte très cher de les remettre en production. Pour ne rien arranger, il n’existe pas d’aide financière pour rendre ces terres à l’agriculture, alors qu’il en existe pour les reboiser… « Une subvention pourrait aider en partie à récupérer ces terres », note-t-il. Et, dans une visée d’autonomie alimentaire, à éviter d’importer du foin.

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