
Tous les deux mois, dans le cadre de cette rubrique, Le Mouton Noir présentera une ou un artiste du Bas-Saint-Laurent. Avec l’autorisation de Coline Pierré et Martin Page, Le Mouton Noir s’est inspiré du collectif qu’ils ont publié en 2018 aux éditions Monstrograph, Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger?, un recueil de 35 questions posées à 31 artistes sur leurs conditions de vie, de travail, de création.
Pour en savoir plus : www.monstrograph.com
ROMJY CRÉE DES ENVIRONNEMENTS JUBILATOIRES.
Que réponds-tu quand on te demande quel est ton métier?
Je raconte n’importe quoi suivant ce qui me passe par la tête. Parfois, je dis que je suis rentier. Ça fait rêver les gens. Sinon je parle peu de mes créations dans la mesure où mon travail est anonyme. Avec les amis qui sont au courant, je deviens un peu plus bavard sur ma démarche, mais reste que je préfère l’action de créer au discours sur la création.
Pourquoi crées-tu ce que tu crées?
Quand je crée, je jubile. Et comme je crois au potentiel révolutionnaire de la joie, être heureux en créant est pour moi une façon de contribuer au mieux-être de l’humanité. Pour moi, amour et humour sont des pouvoirs sacrés. Mon expression artistique vise la contagion sociale, je la considère comme un antidote à la morosité ambiante.
Quel rapport ton travail entretient-il avec la réalité?
Je transforme des déchets en joie!
Est-ce qu’il y a des choses dans ton métier qui te mettent en colère?
La soumission aux goûts bourgeois, l’idéal artistique bourgeois. La glose vide de sens et hermétique de certains discours en art contemporain. Le formatage subventionnaire. Et, enfin, la spéculation financière en art.
Qu’est-ce qui te sauve?
La beauté du monde, l’humour et l’amour.
Où est la joie dans ton métier?
Entre mes deux mains et mes deux oreilles, dans la tête de ceux qui découvrent mes œuvres.
Est-ce que le fait d’être un homme a une influence sur ton travail ou tes conditions de création?
Je ne sais pas. J’imagine que oui.
Comment t’es-tu organisé pour tenter de vivre de ton art?
Je n’ai jamais essayé de vivre de mon art. Cela n’est pas le but de ma démarche. Il m’arrive toutefois, de plus en plus, de travailler avec des gens qui ont envie de s’associer à mon art. Et cela me permet d’avoir un peu d’argent de poche.
As-tu vraiment besoin de manger?
Oui. Bien entendu. Mais, mon alimentation ne dépend pas de ma pratique artistique. J’y trouve mon compte. Ce que je perds en temps de création, je le gagne en liberté artistique.
Pour découvrir Romjy : www.romjy.org/