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Continuité ou changement ?

Par Benoît Collette le 2018/05
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Continuité ou changement ?

Par Benoît Collette le 2018/05

Avec le nouveau système d’élections à date fixe, nous aurons droit, comme au sud de la frontière, à une campagne électorale qui va s’étirer sur plusieurs mois. Après 15 ans de règne libéral quasi ininterrompu, une question demeure sur toutes les lèvres : fera-t-on place au changement ou renouera-t-on avec quatre ans de gouvernement libéral? Pour s’y retrouver, voici un petit état des forces en présence.

La prime à l’urne

Dans le coin droit, le Parti libéral du Québec va chercher à défendre son titre après une longue liste de scandales éthiques, après l’austérité, le chaos créé dans le système de la santé, après l’usure et la fatigue du pouvoir d’un parti qui semble totalement sclérosé. La principale force du parti vient de l’amnésie collective de l’électorat québécois : un joli budget bien dégoulinant et bien des gens oublient les années à se serrer la ceinture. Les libéraux peuvent aussi compter sur la traditionnelle prime à l’urne : les gens sont souvent plus gênés de se déclarer en faveur du PLQ au téléphone que dans l’isoloir. Ils ont aussi l’appui des plus jeunes électeurs et électrices, un revirement historique important, sans compter leur traditionnelle base anglophone et allophone. Du côté des faiblesses, on retrouve une insatisfaction généralisée chez les francophones, qui a poussé plusieurs députées et députés, dont des ministres, à se retirer. Ils ont beau avoir l’appui des plus jeunes, les jeunes votent moins que leurs aînés et la nouvelle génération vote moins que les précédentes. Rien n’est gagné pour le moment, mais il ne faut jamais gager contre le Parti libéral.

Désir de changement?

Dans le coin droit (encore), la Coalition avenir Québec surfe depuis quelques mois sur une popularité nouvelle. Ce ne serait pas la première fois que la CAQ (ou l’ADQ) monte dans les sondages pour retomber un peu plus tard. La principale force du parti : le désir de changement de l’électorat. Et il arrive que ce désir se concrétise dans l’isoloir. Même Jean Charest a failli y passer en 2007 quand Mario Dumont avait obtenu 41 sièges. La bonne performance du parti dans les sondages va sans doute permettre d’avoir des candidatures un peu plus sérieuses que la dernière fois. Du côté des faiblesses, le parti ne lève pas sur l’île de Montréal et dans plusieurs régions du Québec, particulièrement dans l’Est. De plus, les partis de droite n’attirent pas beaucoup les femmes et la CAQ ne fait pas exception à cette tendance. Tout peut arriver, mais l’affaire est loin d’être dans le sac pour la CAQ.

Du plomb dans l’aile?

L’opposition officielle est souvent l’antichambre du gouvernement, mais les astres ne sont pas bien alignés pour le Parti québécois. Sitôt élu chef du parti, Jean-François Lisée a promis de mettre en veilleuse tout projet de référendum dans un premier mandat. Étant donné le faible enthousiasme de la population pour le projet d’indépendance du Québec, ça peut sembler un calcul électoral logique. Mais le PQ a rassemblé, historiquement, des gens de gauche et de droite qui travaillaient ensemble dans un même but : la souveraineté du Québec. C’est le ciment, la raison d’être du parti. Du côté des forces, le parti peut compter sur une base militante nombreuse, plus de 80 000 membres, et bien enracinée dans plusieurs des régions du Québec. Le parti demeure très fort dans l’Est et il semble en mesure d’y conserver ses acquis. Toutefois, d’importantes faiblesses minent le parti. La saga de la Charte des valeurs a détourné les plus jeunes électeurs et électrices du parti et a fait de lui un ennemi pour plusieurs personnes issues de l’immigration. La faible popularité de l’option indépendantiste plombe aussi le parti. Le parti est en difficulté dans plusieurs régions-clés où vont se jouer les élections, notamment dans la grande région de Québec. Il serait étonnant dans ces circonstances que le parti prenne le pouvoir en octobre, mais peut-être fera-t-il mieux que prévu.

Le nouveau DUO

Dans le coin gauche, Québec solidaire tente de se faire une place au soleil comme parti indépendantiste. Depuis l’annonce qu’Amir Khadir ne briguera pas d’autres suffrages et en attendant la nomination, dûment approuvée par la base, d’une remplaçante ou d’un remplaçant, l’ancien trio du parti, réduit momentanément au statut de duo, avec Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois est bien connu. Du côté des forces, on peut noter que le parti, malgré ses positions indépendantistes, réussit à attirer un certain nombre de gens venus de différentes communautés culturelles. Son positionnement idéologique est clair et le parti a réussi à s’imposer comme la référence de ce côté de l’échiquier. Mais certaines faiblesses demeurent : le parti est encore mal perçu par certains pans de l’électorat qui le voient comme un « club de granoles », avec des préoccupations qui peuvent sembler étranges, et le parti est encore très montréalais. Malgré quelques exceptions comme Rimouski, la formation a obtenu des scores très modestes en dehors de Montréal. L’organisation de terrain est encore à développer. Le parti souhaite faire des gains importants cette année, mais rien n’est certain et une remise en question risque d’arriver plus vite que prévu en cas d’échec.

En attendant le 1er octobre, vous pouvez consulter les simulateurs électoraux : Si la tendance se maintient ou Qc125.com, des outils toujours intéressants, bien qu’imparfaits.

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