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Plastic China

Par Hugues Boucher le 2017/10
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Plastic China

Par Hugues Boucher le 2017/10

Après un premier documentaire évoquant les effarantes quantités de déchets qui s’accumulent autour de Beijing (Beijing Besieged by Waste – 2011), le réalisateur chinois Wang Jiuliang nous emmène cette fois dans la ruralité, observer le quotidien d’une de ces usines de recyclage de plastique qui fleurissent en Chine.

Ce documentaire saisissant nous transporte bien loin des images d’Épinal de la Chine : pas de rizières, ni de pagodes ou de grands fleuves, mais une usine en briques rouges crachant une épaisse fumée noire. Ici on recycle le plastique, on le fait venir par conteneurs entiers des quatre coins du monde, on l’accumule en véritables montagnes que l’on enfourne et transforme en granules, qui partent vers une seconde vie dans d’autres usines.

Au milieu de ce décor toxique, il y a deux familles, il y a surtout beaucoup d’enfants. Yi-Jie, la plus grande, s’occupe de ses frères et sœurs. Enfant-fleur qui s’épanouit difficilement dans cet enfer de pollution, elle a 11 ans et c’est pourtant déjà presque une adulte : elle travaille et cuisine, elle invente des jeux pour les plus jeunes. Elle ne connaît du reste du monde que ce qu’elle voit dans les tabloïds qui traînent dans sa montagne de déchets. Et aussi un peu ce que montre la télé. Elle ne va pas à l’école, elle aimerait bien mais il n’y a pas assez d’argent, surtout que le père boit sa paye au quotidien, cinq dollars par jour, la tête devant un four à plastique.

 Les images de Plastic China sont à la fois extrêmement percutantes et étonnamment délicates, elles soulèvent une quantité étourdissante de questions liées à l’économie, l’écologie, l’éducation, et aussi sur l’impact de notre société consumériste sur le monde.  

En centrant la caméra sur la vie d’une enfant, Wang Jiuliang rend ces problématiques soudainement plus concrètes. Ces mécaniques de l’ombre de notre système auxquelles on préférerait bien souvent ne pas réfléchir, les voilà dans leur réalité crue. Ce sont des adultes qui triment au quotidien pour les miettes du monde. Ce sont des enfants qui grandissent dans des lieux insalubres et qui s’évadent par le jeu, faute de pouvoir s’échapper par l’éducation.

Le film sera présenté lundi 2 octobre 20h à la Salle bleue du Paradis

 

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