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Candidats recherchés

Par Amélie Charest le 2017/09
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Candidats recherchés

Par Amélie Charest le 2017/09

Qui veut se présenter aux élections municipales? Qui veut participer à la vie citoyenne de façon officielle et mettre ses connaissances et son expérience au profit de sa collectivité? Qui veut donner de son temps pour bâtir quelque chose dans son milieu, à l’échelle municipale, là où les réalisations sont souvent les plus palpables et près des gens? 

            Matane, 2016. Sur une populaire page du réseau Facebook, les internautes discutent du projet d’un conseiller municipal de remplacer un escalier menant à un parc de la ville. Ils mettent en doute l’importance du projet, en dénoncent le coût qui est, selon eux, exagéré. Arguments boiteux, généralisation, mauvaise foi. Interpellé, le conseiller concerné décide d’utiliser le réseau social pour sonder la population. Petit référendum des temps modernes. Tout le monde se permet aujourd’hui de critiquer les décisions des élus : l’administration du centre de ski, l’installation des terrasses au centre-ville et même la construction de jeux d’eau, un projet pourtant issu du budget participatif de la Ville de Matane.

             On pourrait, devant ces débats, se féliciter d’un système démocratique près du peuple.  Cependant, on oublierait ce qu’est un réel engagement citoyen. D’abord, est-ce que les gens qui critiquent sur les pages virtuelles ont fait des recherches minimales sur les projets qu’ils défendent ou pourfendent? Ont-ils l’ombre d’une compétence en la matière? Rien de moins sûr. Est-ce que les critiques du Web auraient, dans le monde réel, pris le temps de monter un dossier et de le présenter en bonne et due forme au conseil municipal? Auraient-ils lancé une pétition ou organiser une manifestation? Se seraient-ils seulement présentés à une réunion du conseil pour défendre leur point? On peut en douter. Déverser son fiel sur Facebook demande beaucoup moins d’engagement que de participer concrètement à la vie politique municipale. 

            En mai 2017, alors que la neige fondait encore et qu’on oubliait un peu les débats passés, un autre petit scandale a secoué la communauté Facebook matanaise. Sur sa page personnelle, un citoyen a fait paraître une publication au titre pour le moins évocateur : Le maire de Matane est un zouf, qui a été partagée jusqu’à maintenant 125 fois. Le citoyen racontait avoir assisté à une séance du conseil municipal et expliquait ce qu’il y avait observé, ce qui l’avait amené à attribuer à monsieur Landry ce qualificatif assez peu flatteur. Les internautes se sont déchaînés, ont souvent appuyé l’auteur du texte, parfois défendu le maire. En réaction, le maire Landry a évoqué le caractère blessant de l’article, qui relevait selon lui de l’attaque personnelle. Il avait là un point. Même dans les tribunes téléphoniques, il y a un modérateur, quelqu’un qui s’assure qu’on ne tombe pas dans les commentaires gratuits ou la diffamation. Personne, dans un sain débat, ne traite son adversaire de zouf. Cela semble élémentaire.

Vie privée ou publique?

            En juin dernier, un autre utilisateur de Facebook a poussé l’audace un cran plus loin en photographiant le camion d’une entreprise de rénovation de l’extérieur de la ville, stationné devant la résidence d’une conseillère municipale. Il a ensuite publié la photo de façon anonyme : « […] La conseillère de mon quartier emploie un contracteur de l’extérieur pour ses travaux ». Dans les commentaires au bas de la publication, chacun y allait de son opinion. Comment pouvait-elle engager un entrepreneur d’une autre ville alors que le conseil municipal multiplie les publicités pour l’achat local? Cela méritait certainement discussion. Cependant, certaines personnes ont soulevé des points importants. Que savait-on du contexte? N’était-ce pas là un cas d’intrusion dans la vie privée?

Dans le climat actuel, il convient peut-être de poser de nouvelles questions. Qui veut vraiment se présenter aux élections municipales? Qui veut participer à un débat où chacun peut émettre son opinion sans connaître les enjeux? Qui veut donner de son temps au risque en retour de se faire traîner dans la boue? Qui veut encore tenter de participer à des réalisations que tout un chacun critiquera et qui semblent ne jamais faire le bonheur de personne? On attend les réponses à l’automne.

 

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