En mai 2007, le passionné d’affaires publiques qui avait toujours sommeillé en moi fourbissait ses premières armes en politique active. Âgé d’à peine 16 ans, j’avais décidé, avec beaucoup d’audace, d’émettre un communiqué afin d’exprimer ma position sur l’épineux débat entourant la question de la hausse des frais de scolarité au Québec. Il faut dire qu’à cette époque, une telle prise de position était loin de faire l’unanimité. En fait, j’entretenais peu d’espoir sur la possibilité de m’exprimer sur cet enjeu dans les médias, mais je demeurais tout de même convaincu qu’il me fallait tenter ma chance dans l’intérêt démocratique.
Quelques heures ont passé après l’envoi de mon communiqué sans qu’aucun journaliste ne manifeste le désir de prendre contact avec moi. Alors, comme chaque matin, je me suis rendu à l’école Le Mistral de Mont-Joli pour y poursuivre mes études de 4e secondaire. Tout juste avant l’heure du dîner, la secrétaire de l’établissement m’a convoqué à la réception pour me tendre un petit billet rose et me dire : « Monsieur Daniel Ménard a téléphoné, il aimerait avoir une entrevue avec toi aujourd’hui. »
J’avais peine à y croire, comment un journaliste pouvait-il porter attention à l’opinion d’un petit gars de 16 ans et lui donner l’occasion de s’exprimer sur les ondes de la télévision locale ?
Monsieur Ménard est venu me rencontrer à l’école. Malgré toute la pression qu’une première entrevue télévisée pouvait représenter à cet âge, le journaliste d’expérience a su se servir habilement de son sens de l’humour et détendre l’atmosphère.
Ce moment marqua le début d’une longue collaboration entre ce légendaire lecteur de bulletins de nouvelles et moi. Dès le départ, il avait su déceler ma passion pour la politique. Que ce soit lors de mon implication en politique provinciale ou lors de mon élection comme conseiller municipal de Price à l’automne 2009, Daniel a toujours été l’un des premiers à me contacter pour une entrevue dans le cadre de l’émission Actualité Mitis.
C’est d’ailleurs grâce à Daniel que j’ai fait mes premières armes dans le monde des médias, tout d’abord sur les ondes de la radio CKMN et ensuite à la barre de l’émission Sports Mitis à l’antenne de la télévision communautaire.
J’ai pu compter sur la patience, la confiance et la détermination de ce journaliste dans l’âme. Même dans les moments d’adversité, Daniel Ménard savait faire preuve d’écoute et de respect tout en dirigeant la Télévision de la Mitis de main de maître.
Un moment restera à jamais gravé dans ma mémoire : Daniel m’avait demandé de commenter le décès de l’ex-ministre Claude Béchard. À la fin de mon témoignage, j’avais fait la remarque suivante : « Claude Béchard était un homme engagé qui a fait beaucoup pour sa région et qui nous a quittés trop vite. » Je me souviendrai toujours de lui, essuyant une larme et me disant : « Tu as le tour mon petit maudit ! » Ironie du sort, ce sont exactement les mêmes paroles qui me viennent à l’esprit aujourd’hui pour rendre hommage à Daniel.
À certains moments, notre reconnaissance envers ceux qui nous ont soutenus au départ semble prendre une importance particulière. Vous comprendrez donc que l’annonce du décès soudain de Daniel Ménard m’a attristé au plus haut point. En un instant, je devais dire adieu à l’homme qui m’a donné cette importante première chance et toute la confiance nécessaire pour persévérer dans la vie publique.