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Enseigner l’espérance

Par Julie Tremblay le 2012/06
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Enseigner l’espérance

Par Julie Tremblay le 2012/06

La banlieue de Bogotá a beaucoup changé depuis l’entrée en vigueur du traité de libre-échange entre le Canada et la Colombie, l’an dernier. Plusieurs terres agricoles ont été remplacées par de grands entrepôts, les petites maisons et leurs terrains ont fait place à des immeubles à logement pour accueillir les ouvriers et de plus en plus, les petits producteurs cèdent leurs terres aux multinationales.

Selon la Coalition nationale contre l’appropriation des terres et des territoires en Colombie, 0,4 % des propriétaires possèdent plus de la moitié des terres agricoles en Colombie. 43 % de la population colombienne souffre d’insécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’elle n’a pas accès à de la nourriture en quantité et en qualité suffisante. Pour l’organisateur communautaire Javier Castellano, les accords de libre-échange avec la Colombie n’améliorent pas les choses :

« Partout dans le monde, les gens doivent comprendre que quand l’un possède plus, un autre perd à quelque part… C’est trop difficile de commercialiser à l’international pour les gens qui ont peu de volume. Avec l’accord de libre-échange, on favorise une minorité. C’est injuste parce que les chances ne sont pas égales. »

Les problématiques rencontrées en Colombie  ressemblent à celles du Québec : les banlieues des villes s’urbanisent, les petites fermes ne survivent pas à la pression du marché, les peuples autochtones se battent contre les compagnies minières pour conserver leur territoire. En Colombie, comme chez nous, le sous-sol appartient au gouvernement.

Cependant, il y a des mouvements qui s’organisent, des petites communautés qui luttent à leur façon contre la mondialisation, comme c’est le cas à l’école Manablanca, de Facatativa, à 40 km de Bogotá. Dans cette école, les jeunes du primaire apprennent à cultiver la terre pour subvenir à leurs propres besoins. Selon le directeur de l’école, Juan Carlos Mora Silva, c’est un acte de résistance :

« Les jeunes n’apprennent pas seulement à faire un jardin. On leur montre ce que ça signifie concrètement la sécurité alimentaire, dans un contexte où on importe la majorité de ce que nous consommons. On les amène à se poser des questions, à comprendre qu’il existe d’autres façons de faire. Ce qu’on veut surtout leur apprendre, c’est à croire et à espérer en un monde meilleur. »

Un monde meilleur, pour Javier Castellano, ça veut dire des communautés unies pour le bien-être de tous :

« Oui le commerce se globalise, mais la lutte pour le changement aussi. Les gens sont de plus en plus reliés entre eux, vivent les mêmes problématiques. Ça permet de mieux s’organiser pour faire le monde dans lequel nous voulons vivre. »

***

Le projet Reporters Nord-Sud de la consommation responsable est un projet du CIBLES, le Carrefour international pour l’engagement social, et a été rendu possible grâce à l’appui, entre autres, du Fond régional d’investissement jeunesse,  des Offices internationaux du Québec pour les jeunes et de la Fondation Village Monde.

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