Robin Servant
Vibrant au rythme de ses passions, Robin Servant est à la fois musicien, preneur de son, professeur d’accordéon, bachelier en littérature et concepteur sonore. Ses collaborations au sein des groupes La Baratte à beurre, La Queue du loup, La Marée montante et du GGRILL s’avèrent tout autant d’échos de son intérêt pour la musique traditionnelle, actuelle et électro.
En 2009, par le biais d’une trame sonore, son univers se mêle au septième art dans le film Wo Wo Wo ou l’indomptable langage, réalisé par Thomy Laporte. Cette transposition de l’hiver québécois en notes, bruits et sons s’avèrera la genèse de son installation nommée Nature et hommerie, présentée dans le cadre de la cinquième édition d’Espace blanc. Dans le même esprit, le musicien a aussi réalisé le projet Bruits Blancs, une pièce électroacoustique composée à partir de l’ambiance sonore de la saison froide.
Pour préparer son installation, Robin Servant a dû se mettre au diapason des difficultés techniques et de la dimension visuelle de cette forme d’art contemporain, une expérience nouvelle pour l’artiste. Le résultat s’avère fort intéressant et a pour principal support une vieille motoneige exposée au Carrefour Rimouski. Ce choix n’a rien d’aléatoire : ce type de véhicule est un symbole culturel très fort au Québec. De plus, en choisissant d’exposer son œuvre dans un centre commercial, Servant rend l’installation ludique et accessible à tous. Le client de passage, le spectateur, le motoneigiste expérimenté ou l’intrigué doit s’asseoir sur le véhicule et se coiffer du casque pour vivre l’expérience sonore. Du casque émanent différents sons typiques de la forêt, tels le vent, des pas de raquettes ou encore, le chant des oiseaux. En appuyant sur les capteurs fixés sur les poignées et sur le siège, le participant peut modifier la trame sonore et interagir avec l’univers proposé par l’artiste. La pièce se développe dans une série de contradictions pertinentes, dont le bruit des machines qui s’éloignent de la quiétude de la forêt, envahissant littéralement l’environnement sonore.
L’aspect usagé et vieillot du ski-doo contraste aussi avec le monde de consommation dans lequel l’installation est exhibée. Cette coupure radicale devient alors le vecteur du message de l’artiste, qui tente de mettre en scène l’absurdité de l’homme et son inconscience face au monde qui l’entoure. Brillamment, le thème de la résistance s’avère polysémique, car il se présente dans l’action de se dresser face à ces bruits, mais aussi dans l’utilisation des capteurs à résistance variable. Servant propose une réflexion intéressante sur ces espaces naturels infestés par le bruit des machines et sur l’importance de ne pas faire la sourde oreille à notre environnement sonore. Une première installation qui semble en accord parfait et en continuité avec les passions et les projets antérieurs de l’artiste.
Sylvain Cabot
Les croquis, les crayons et les lettres escortent le quotidien de Sylvain Cabot depuis plusieurs années. Originaire de la France, le bédéiste rimouskois a pour bagages une formation pluridisciplinaire de l’école Émile Cohl à Lyon et un itinéraire fort enrichissant dans le milieu de la bande dessinée. Pendant quatre ans, Cabot a participé au magazine trimestriel Standard en produisant des bandes dessinées adaptées au thème des différents numéros. À ce jour, le dessinateur a aussi publié ses œuvres dans différents journaux français et québécois, dont Le Mouton NOIR. Prochainement, un projet où il sera le dessinateur principal et le co-scénariste fera certainement echo dans le milieu.
Pour Sylvain Cabot, la bande dessinée s’avère la combinaison parfaite entre l’intimité de la lecture et la vision de l’auteur, tangible dans les traits du dessin. Le bédéiste, aussi attiré par le théâtre et le chant, décrit joliment ses inspirations : « Elles partent souvent d’un étonnement naïf, des relations humaines et de leur non-dit qui ne cessent de m’étonner. Les amours que l’on vit, comme ceux que l’on ne vit pas. Le sens démesuré qu’on donne aux choses alors que nos vies sont toutes petites. »
Dans le cadre d’Espace blanc 5, le projet de Cabot, coordonné par Caravansérail depuis un an, s’organise autour du travail des artistes en résidence et des différentes formes d’adversité du quotidien, en vue d’une publication à paraître l’année prochaine. Le thème de la résistance devient ainsi symbolique et métaphorique. Un défi singulier attendait l’artiste désireux de suivre chaque artiste avec une attention particulière, de capter tous les moments importants du processus de création. L’œuvre agit alors comme l’épilogue d’un long récit mettant en scène les artistes en production et leur vision unique. Ainsi, ce sont les ébauches du bédéiste qui occupent les murs de la microbrasserie Le Bien, le Malt, à Rimouski. Bien qu’elles aient un caractère d’incomplétude, contrairement aux autres projets présentés, les premières esquisses de l’artiste charment remarquablement. Au régal de ceux qui auront croisé ce trait vivant, les planches finales seront intégrées à un ouvrage dédié aux cinq éditions d’Espace blanc à paraître en 2013. Il sera plus qu’intéressant d’observer le résultat de cette longue réflexion puisque Sylvain Cabot tente habituellement de conserver l’énergie des premiers traits, des croquis de départ. Cette vision du dessin est d’ailleurs piquante : « J’aspire à un dessin vibrant, simple, mais précis. J’aime sentir la main du dessinateur dans le tracé des lignes. »
Pendant que l’œuvre se dessine doucement, les amateurs du bédéiste pourront découvrir son talent et ses projets via son blogue (sylvaincabot.blogspot.com) dans l’attente de l’ouvrage rétrospectif qui partira sans doute comme un trait ! Les amants d’Espace blanc et du centre d’artistes Caravansérail pourront d’ailleurs l’acheter en prévente prochainement en visitant le www.espaceblanc.ca.