Champ libre

À la recherche du patrimoine féminin perdu

Par Katryne Martel le 2009/07
Champ libre

À la recherche du patrimoine féminin perdu

Par Katryne Martel le 2009/07

L’engouement que suscite le groupe Galant, tu perds ton temps sur la scène trad du Québec ne saurait s’expliquer par sa seule composition féminine – cinq filles et un gars –, mais plutôt par son réel talent pour les harmonies vocales et son don de dénicher de petits bijoux enfouis dans notre patrimoine chanté. Après un premier disque autoproduit et autodistribué lancé en 2004, Galant sortait un album double, le 26 mai dernier, intitulé simplement II, avec l’aide cette fois d’une machine bien rôdée, Les Disques de La Tribu, qui s’occupent notamment des Cowboys fringants, de Jean Leloup et des Charbonniers de l’enfer.

Pourquoi un album double? « On ramassait un tas de chansons depuis 2004 en réalisant qu’il y avait beaucoup de complaintes », confie Évelyne Gélinas. « Même si ce n’est pas très marketing, on avait assez de matériel pour faire un disque double, avec des chansons rythmées sur l’un et des complaintes sur l’autre. »

En réécoutant les classiques du folklore québécois, même les oreilles les moins averties réaliseront qu’il s’agit toujours d’un point de vue d’hommes, et rarement d’hommes roses. Pourtant, nous apprend Évelyne, « les femmes ont composé beaucoup de complaintes dans des temps de solitude, à la cuisine ou au moment de tisser, par exemple. » Les hommes auraient fait davantage des chansons pour se désennuyer en groupe, pendant les longs mois d’hiver dans les camps de bûcherons. Comme leurs chansons étaient plus festives, et donc plus appropriées lors des fêtes, elles ont beaucoup plus voyagé. « C’est pour ça qu’on connaît moins le répertoire féminin », conclut-elle.

Bien que le groupe travaille à redonner aux femmes d’hier la place qui leur revient, les membres de Galant rejettent l’étiquette féministe. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne s’engagent pas socialement, notamment auprès de l’École Jeunes musiciens du monde, pour qui elles font des spectacles-bénéfices. Quand on lui demande ce qu’il y a dans la culture trad qui stimule souvent l’engagement, Évelyne répond que les chansons ancestrales sont pleines de tranches de vie simples et dépouillées qui questionnent l’état de la société aujourd’hui. « Je ne voudrais pas pour autant revenir aux conditions de vie – les mariages arrangés, les grossesses non choisies, etc. – qu’on imposait aux femmes de l’époque… »

Pas féministes, mais pas trop trop loin…

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