Selon le Conseil du statut de la femme1, on commence à s’intéresser à la Journée internationale des femmes au Québec à la fin des années 60, alors que de plus en plus de femmes s’unissent dans le but de revendiquer leurs droits.
Le 8 mars 1971, le Front de libération des femmes (FLF) du Québec organise une marche dans les rues de Montréal afin de manifester pour le droit à l’avortement.
Pendant ce temps, sept militantes de la cellule Action-choc du FLF (dont fait partie Marjolaine Péloquin) passent leur septième jour à la prison Tanguay pour avoir appuyé Lise Balcer qui refusait de témoigner au procès de Paul Rose parce que les femmes étaient exclues du jury.
Moi, j’avais quatre mois et demi ce jour-là; je n’avais bien sûr pas conscience des bouleversements que vivaient le Québec et le reste du monde. Tout mon univers se résumait à la chaleur apaisante des bras de mon père et à l’amour infini de ma mère, qui avait pourtant été contrainte de retourner au travail 40 jours ouvrables après l’accouchement, sous peine de perdre son poste d’enseignante à la Commission des écoles catholiques de Montréal…
Certes, la société a changé depuis, à tel point qu’on a tendance à croire que « les droits qui sont les nôtres maintenant et que nous considérons comme naturels et allant de soi l’ont toujours été2 ». Comme les femmes de ma génération, j’ai eu la chance d’hériter d’un monde neuf où il y avait de la place pour nous. Mais les femmes ont-elles gagné toutes les luttes? Avons-nous, la plupart des femmes de ma génération que la vie a « gâtées pourries », abandonné la partie?
Tout en soulignant la journée du 8 mars, ce dossier spécial Voix de femmes donne la parole à des femmes d’ici et d’ailleurs. Sans prétendre régler toutes les questions, il se souvient du passé, constate le présent et envisage l’avenir dans le but de susciter des débats. Souhaitons qu’il donne envie à plusieurs autres femmes de faire entendre la leur dans nos pages (qui, rappelons-le, leur sont cordialement ouvertes) et qu’il contribue à enrichir le dialogue intergénérationnel.
___________
Notes:
1. Voir « L’origine “véritable” du 8 mars », www.csf.gouv.qc.ca.
2. Marjolaine Péloquin, En prison pour la cause des femmes. La conquête du banc des jurés, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2007, p. 13.