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Violence et conseil municipal

Par Mathieu Perchat le 2023/11
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Violence et conseil municipal

Par Mathieu Perchat le 2023/11

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local

Certaines municipalités, dont Trois-Pistoles et Rimouski, se plaignent de la colère et des revendications de la part des citoyen.nes lors des séances de conseil de ville. Pour y remédier, un renforcement des coercitions est exercé par les villes. Par exemple, la présence de sécurité, d’amendes, d’exclusions, etc. En d’autres termes, pour répondre aux citoyen.nes, les villes adoptent la mise en place de violences systémiques, à la seule considération que cette dernière est considérée comme légitime. Pourtant, la colère des citoyen.nes est déjà une réponse à une violence qu’iels subissent. Et cette violence systémique peut être de l’ordre du mépris de la part des municipalités, un paternalisme, une absence de véritable prise en compte, etc.

La question que l’on pourrait poser pointerait sur l’usage de la violence de la ville comme principale réponse. En tentant de répondre à cette question, on arrivera à la réponse que cette violence est la représentation théâtrale du pouvoir qui le légitimise, dont chaque acteur et actrice sont pris dans ce jeu.

            Pouvoir et violence

Le pouvoir se comprend comme « la capacité de produire un effet sur autrui » (Schwarte, 2013, p. 20).

La municipalité est l’institution qui représente et contient le pouvoir étatique. Pour que cette forme de pouvoir fonctionne, elle doit prouver son existence grâce à des mises en scène.  La violence est l’une de ces mises en scène, elle est alors un élément structurel du pouvoir en le représentant et en montrant son fonctionnement (Nigro, 2013).

Les manifestations de pouvoir par l’usage de la violence peuvent être des règles strictes avec amendes si non respectées, ou des expulsions, etc. La violence est alors l’action de représentation du pouvoir.

Ainsi, le pouvoir et la violence ne peuvent s’exprimer qu’à travers un cadre bien précis et d’un appareil bien défini, à savoir l’État, qui se considère comme seul pourvoyeur de violence légitime.

Violence et légitimité

Cependant, ces manifestations de pouvoir ne sont efficaces qu’en étant exécutées devant un public « afin de l’impressionner et de dissiper toute possibilité de doute » (Schwarte, 2013, p. 22). Cette manifestation est une réussite lorsque le public est convaincu qu’une tierce personne a été obligée de produire telle action par le pouvoir en place, donc qu’elle a été contrainte d’obéir.

Le cadre précis évoqué précédemment traduisait la preuve que le pouvoir n’agit pas uniquement au niveau psychologique, mais que le pouvoir a une réalité culturelle qui va conditionner la culture par ses lois dans un territoire donné. Dans ce cadre, lorsqu’une personne utilise ce pouvoir par l’application des règles, une légitimité de sa violence et de son pouvoir lui est conférée.

De ce fait, « la performativité de la violence est un élément structurel de la représentation du pouvoir » (Schwarte, 2013, p. 22).

Une démocratie représentative ne remplace pas l’usage de la violence, ni ne l’exclut. Bien au contraire, afin de légitimiser les représentant.es, une mise en scène de leur pouvoir grâce à la violence est nécessaire. Cela pour montrer à chaque instant qui commande.

À ne surtout pas oublier que « le problème du gouvernement n’est pas le prince rival ou l’État voisin, mais le peuple » (Schwarte, 2013, p. 24).

Ainsi, l’acte de violence comme représentation du pouvoir en place pour le légitimiser produit une image du pouvoir en acte, et constitue l’une des stratégies politiques.

Nigro, Roberto. « Pratiques de pouvoir, violence représentative », Rue Descartes, vol. 77, no. 1, 2013, pp. 1-4.

Schwarte, Ludger. « Preuves de pouvoir », Rue Descartes, vol. 77, no. 1, 2013, pp. 20-34.

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