
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Le projet de réaliser un Costco à Rimouski arrive à son terme. En effet la ville attend maintenant la réponse du groupe américain.
Cependant, ce projet est loin de faire consensus parmi la population concernée. Par exemple, le groupe citoyen Rimouski en Transition perçoit dans le modèle d’affaires du Costco un modèle qui va à l’encontre de l’urgence environnementale.
D’une part en raison de leur surface et des stationnements construits, ce qui relève d’une artificialisation des sols très néfaste pour la biodiversité et l’infiltration des pluies dans le sol. L’artificialisation désigne un sol imperméable en raison d’un usage excessif sur une même zone de béton, ou encore d’asphalte des routes. « Les sols imperméables accentuent le ruissellement et diminuent l’infiltration naturelle de l’eau et son pouvoir filtrant. Ils constituent une atteinte majeure à la biodiversité, alors que les sols sont, avec les étendues marines, les principaux réservoirs de biodiversité de la planète » (Cavailhès, 2020, p. 21). D’ordinaire le terme d’artificialisation est remplacé par celui d’urbanisation ou d’imperméabilisation des sols, car certains sols artificiels sont perméables, comme les parcs, les jardins de maisons, etc. Il s’avère qu’un sol artificialisé n’absorbe plus de dioxyde de carbone. L’éviter devient un enjeu majeur pour limiter le réchauffement climatique. Surtout que cette artificialisation est faite pour accueillir un monument de la consommation et favorise l’usage de véhicules motorisés.
D’autre part, ce modèle est lié à l’usage de l’auto individuelle, qui reste un mode de transport polluant. Le limiter est nécessaire pour diminuer notre empreinte environnementale. Alors que le Costco est de nouveau un édifice qui entraine l’utilisation de l’auto en attirant les consommateurs de l’extérieur. Ce qui va augmenter la pollution dans Rimouski. Et ce point est justement l’un des arguments en faveur du Costco : faire venir les consommateurs extérieurs de la ville de Rimouski. Par exemple, le directeur général de la Société de Promotion Économique de Rimouski (SOPER), Martin Beaulieu, indique que l’ouverture d’un Costco est positive quant au rôle de pôle d’attraction qu’exerce Rimouski pour les consommateurs de l’extérieur.
Et pour finir, ce modèle de consommation que promeut Costco est de loin celui qui permet de réduire son impact environnemental par des produits locaux et biologiques. Il ne faut pas oublier que le modèle sur lequel repose ce type d’épicerie est celui de « l’hyper-sollicitation » et du « vendre toujours plus », qui favorise un épuisement des ressources mondiales.
Il faut savoir que la marchandise de chez Costco est vendue très rapidement, son stock reste en moyenne 27 jours. Ce qui n’empêche pas le détaillant d’attendre 3 mois pour payer ses fournisseurs, qui il faut le rappeler, sont loin d’être local. « C’est autant de liquidités qu’elle peut utiliser pour récompenser ses actionnaires » (Simard, 2015). Mais aussi, le modèle d’affaires de Costco est conçu pour vendre de très grosse quantité à sa clientèle, d’où le dicton inquiétant « on achète toujours davantage chez Costco que partout ailleurs ». Car personne n’achèterait sa mayonnaise au format gallon ailleurs qu’au Costco… Un temple dédié à la surconsommation vraiment anachronique avec les défis que nous rencontrons actuellement.
La conclusion est donc que la venue d’un Costco sur le sol de Rimouski va à l’encontre de la Déclaration d’urgence climatique qu’elle a elle-même signée.
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Cavailhès, Jean. « Artificialisation des sols : de quoi parle-t-on ? », Constructif, vol. 57, no. 3, 2020, pp. 21-24.
Simard, Carl, « Costco, un miracle du capitalisme moderne », Les affaires, 05 Septembre 2015, Url : https://www.lesaffaires.com/bourse/analyses-de-titres/costco-un-miracle-du-capitalisme-moderne/581336