
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Pour répondre à la crise du logement, l’une des solutions complémentaires réside dans la création de nouveaux logements. Seulement, l’une des limites se trouve dans l’étalement urbain qu’il est tentant de faire en s’étendant au détriment d’espaces naturels. Or, s’il l’on veut gagner de l’espace, ce n’est pas au niveau des espaces naturels qu’il faudrait lorgner, mais au niveau des espaces dédiés à l’agriculture qui occupe 29 % du territoire du Bas-Saint-Laurent.
En effet, selon l’Union des Producteurs Agricoles les productions animales dominent les activités principales des exploitations agricoles du Bas-Saint-Laurent, avec près de trois entreprises sur cinq spécialisées dans ce secteur. De ce fait, notre manière de nous alimenter, en plus d’être fortement émanatrice de Gaze à Effet de Serre, consomme beaucoup d’espace à la fois naturel, mais aussi potentiellement urbain.
Ce que la crise du logement démontre, ce que l’utilisation des terres est une question écologique majeure (Lalonde, 2022). Et l’agriculture est le secteur qui en consomme le plus, cela au détriment des espaces naturels. En plus de la place qu’il prend, le secteur de l’agriculture provoque un déplacement des polluants fertilisants, appauvris les sols, épanche ses pesticides et ses antibiotiques, et surtout, la moitié de ses productions est destinée à nourrir le bétail (Lalonde, 2022).
Pour diminuer l’impact de l’agriculture, mais aussi retrouver de nouveaux espaces possiblement utilisables (surtout dans l’état dans lequel ils vont ressortir après l’exploitation agricole) et restaurables, il va devenir nécessaire de réduire la part de l’élevage et diminuer la consommation de viande. Par exemple, pour faire pousser 100 grammes de protéine de soja, il suffit de quelques mètres carrés de culture, mais pour obtenir 100 grammes de protéine de bœuf, il faut 60 fois plus de surface (Lalonde, 2022).
Et notre bétail n’est pas forcément nourri avec des cultures locales. La forêt amazonienne subit des coupes pour faire pousser du soja destiné au bétail du monde entier.
Pour faire simple, « consommer 4 kilogrammes de protéine de bœuf, c’est faire l’aller-retour Paris-New York en avion ! » (Lalonde, 2022).
Dans le monde, 28 % des terres sont dévolues au bétail, contre 12 % aux cultures et 15 % à la protection de la nature ; le reste se compose des déserts, des montagnes, des glaciers et des forêts non protégées (Lalonde, 2022).
Le kernza, un riz pérenne
Il devient alors nécessaire de revoir notre agriculture, par seulement à l’élevage. Par exemple, le blé en tant que culture annuelle nécessite de labourer les sols, épancher des herbicides et pesticides, réimplanter des graines. Or, une variété de riz au gout très similaire à celui que l’on consomme, le kernza, surtout qui est pérenne, et possède de longues racines propices à l’enrichissement des sols et à sa biodiversité nécessaire pour obtenir de bonnes cultures, est l’une des cultures visées pour repenser notre agriculture.
Remplacer la viande par des bactéries
Une solution pour remplacer la consommation de viande se trouve être une certaine espèce de bactéries. Dans un laboratoire de la banlieue d’Helsinki en Finlande, un groupe de recherche a élevé des bactéries qui se nourrissent de CO2, d’hydrogène (qu’il faudra produire) et d’azote extrait de l’air. La particularité de cette bactérie réside dans sa capacité à produire n’importe quelle protéine, « et, convenablement nourries, elles doublent toutes les trois heures, permettant huit récoltes par jour, 365 jours par an » (Lalonde, 2022). Cette brasserie d’un nouveau genre s’appelle la fermentation de précision.
Ce n’est qu’une variante élaborée d’aliments déjà le résultat de fermentation que l’on connait toustes bien, comme le pain, le Kimchi, le fromage, ou encore le yaourt.
« Le début de la fin du labeur éreintant de la terre, davantage de nourriture avec moins d’agriculture, plus de protéines sans abattre des milliards d’animaux chaque année. Cerise sur le gâteau : nourrir le monde par la fermentation de précision occuperait 1 700 fois moins d’espace que l’agriculture et l’élevage » (Lalonde, 2022).
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https://bas-saint-laurent.upa.qc.ca/citoyen/apprendre/portrait-agroalimentaire-du-bas-saint-laurent
Lalonde, Brice. « Monbiot George, Regenesis: Feeding the World Without Devouring the Planet, Londres : Penguin Books, août 2022, 352 p. », Futuribles, vol. 454, no. 3, 2023, pp. 116-119.