
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
C’est la saison des fiertés, l’heure est à la fête et aux réjouissances. Parmi les bons coups à souligner cette année, 3 organismes québécois, dont la Débrouille (Rimouski), ont commencé à offrir des services aux personnes trans, non-binaires et Two-Spirit survivantes de violence sexuelle, sans discrimination basée sur leur identité et expression de genre. Des exemples d’inclusion inspirants, mais qui ne sont pas représentatifs de la réalité à l’échelle du Québec : les personnes survivantes trans, non-binaires et Two-Spirit, pourtant surreprésentées dans les statistiques en violences sexuelles, continuent trop souvent de se voir refuser l’accès à des services quand elles cherchent du soutien.
Nulle part où aller
Au Québec, la quasi-totalité des organismes spécialisés en violence sexuelle s’adressent uniquement aux femmes, et bien que les femmes trans y soient admises sur papier, nombre d’entre elles s’y voient refuser l’accès. Pour plusieurs personnes trans, non-binaires et Two-Spirit, avoir accès à des services est souvent synonyme de retour dans le placard.
« C’est déjà difficile de se motiver à aller chercher de l’aide quand on est victime d’agression sexuelle et on sait à quel point la prise en charge peut être complexe quand on est queer et neurodivergent·e. Mais pour les personnes trans, surtout non-binaires, c’est un véritable parcours du combattant. » Ombrelle, personne survivante transmasculine et non-binaire.
Pour Ombrelle, comme pour beaucoup d’autres personnes de la diversité de genre, l’accès à des services qui répondent à ses besoins et qui respectent sa dignité et sa sécurité demeure loin d’être facile.
« Je me suis retrouvé à devoir accepter de me faire mégenrer pour pouvoir accéder à un service d’aide. La personne en charge s’est montrée très inquisitrice en essayant de me forcer à admettre que je me sens “quand même un peu femme” alors que je me suis explicitement présenté comme personne non-binaire. » Ombrelle, personne survivante transmasculine et non-binaire.
Pour des services plus inclusifs
Loin de militer pour la réduction des services offerts aux femmes, différents groupes LGBTQIA2+ exhortent les organismes œuvrant en violence sexuelle à ouvrir leurs services aux personnes de la diversité de genre, à se sensibiliser à leurs réalités, ainsi qu’à se former pour mieux les accueillir. Il faut savoir que les personnes trans sont jusqu’à 9 fois plus à risque de vivre de la violence sexuelle que les personnes cisgenres et hétérosexuelles. Les besoins sont grands et les ressources, très difficiles à trouver.
Pour les organismes spécialisés en violence sexuelle, le fait d’ouvrir leurs portes à toutes personnes trans, non-binaires et Two-Spirit peut être la source de craintes et de questionnements, qui sont toutefois loin d’être insurmontables.
« Bien sûr que le fait d’ouvrir nos services à toutes les personnes trans a provoqué une vague d’inquiétudes dans l’équipe, mais également de solidarité. Nous avons décidé ensemble de déconstruire nos peurs et nos préjugés. Avec de la volonté et du temps, c’est possible de transformer sa culture organisationnelle et d’adopter des pratiques plus inclusives. » Marie Nicolas, La Débrouille, Rimouski.
S’inspirer des bons coups
Les organismes spécialisés en violence sexuelle ayant à coeur le bien-être des communautés LGBTQIA2+ sont encouragés à engager un dialogue avec les organismes LGBTQIA2+ de leur région ; à se joindre aux projets menés par ces organismes, tels que le Projet Labyrinthes du Conseil québécois LGBT, le Projet Corridor de Divers-Gens, et l’espace de concertation de l’Est du Québec « Transphobie et Violences genrées » de Divergenres ; ainsi qu’à apprendre de l’expérience des organismes non mixtes qui ont fait le saut vers l’inclusion des personnes trans, non-binaires et Two-Spirit.
Avec de la volonté et de la collaboration, il est possible d’offrir aux personnes trans, non-binaires et Two-Spirit survivantes de violence sexuelle des services inclusifs et sensibles à leurs réalités. Elles en ont besoin et y ont droit.
À noter : Le CALACS de l’Ouest-de-l’Île de Montréal sera présent lors de la Journée Communautaire du 12 août de Fierté Montréal et invite les membres des communautés LGBTQIA2+ et les organismes à venir les visiter ou à les contacter. Les Maisons de l’Ancre (Montréal) et La Débrouille (Rimouski) invitent aussi les organismes non-mixtes visant l’inclusion des personnes LGBTQAI2+, ainsi que les survivant·es trans, non-binaires et Two-Spirit à les contacter.
À propos du Conseil Québécois LGBT
Le Conseil québécois LGBT veille à faire respecter les droits juridiques, sociaux et institutionnels de l’ensemble des membres des communautés LGBTQIA2+. Nous le faisons en soutenant les organismes LGBTQIA2+ du Québec et en les consultant afin de coordonner nos actions pour sensibiliser et mobiliser les collectivités ainsi qu’informer et convaincre les décisionnaires. www.conseil-lgbt.ca