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Du logement et des arbres

Par Mathieu Perchat le 2023/05
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Du logement et des arbres

Par Mathieu Perchat le 2023/05

Synthèse d’un entretien avec Mobilisation forêt Pointe-Au-Père

                Pour donner suite à un entretien réalisé avec des membres du mouvement « Du logement et des arbres » porté sur la crise du logement, le projet Pointe-Au-Père a été abordé pour mettre en évidence son inutilité face à la crise du logement, même à court terme. La manière dont il est amorcé par la municipalité démontre une attitude antidémocratique en imposant une solution sans consulter sa population sur l’existence même de ce projet.

Une fausse bonne solution ?

Son inefficacité réside sur un présupposé majeur pris par la ville : celui du ruissèlement. À l’instar du néo-capitalisme, ce projet vise à des promoteurs qui pourront construire des condos (ou d’autres formes de logements) pour les classes les plus aisées afin qu’elles déménagent sur Pointe-Au-Père et ainsi libère de la place dans la ville aux classes qui ont besoin de logements abordables.

Nous sommes tous habitués à ce type de théorie, ce qui nous porte à croire que cela a du sens. Mais l’état des injustices et les écarts de richesses qui ne font que s’accroitre démontrent qu’enrichir les riches, leur construire de beaux logements ne bénéficiera pas aux populations plus défavorisées.

C’est une fausse solution pour répondre à la crise du logement. Cette dernière ne se limite pas à construire plus de logements pour la résoudre.

Surtout qu’il n’y a aucune assurance que les lots de terrain défrichés vont trouver des promoteurs intéressés. De plus, l’installation de maisons à cet endroit participe à l’isolement des personnes envers les lieux essentiels comme l’épicerie, la garderie, la pharmacie, etc. Quant à la forme de ces logements, nous ne savons pas s’ils vont être locatifs ou si des logements sociaux et réellement abordables vont voir le jour. Encore une fois, est-ce que des foyers modestes vont pouvoir s’installer aussi loin des infrastructures essentielles en raison de la dépendance à la voiture, assurant une dépendance substantielle et obligatoire ?

Une transparence demandée

                L’autre problème réside dans l’approche qu’a adoptée la ville entre son projet et la population. En effet, une rue a déjà été construite bien avant l’organisation de la consultation citoyenne programmée pour le 10 mai. Cette rue a été signalée par les citoyennes et citoyens qui fréquentent et entretiennent l’espace boisé destiné à être urbanisé.

En effet, la ville souhaite consulter la population que sur les différentes formes que pourrait prendre le projet, afin de rassurer les promoteurs sur la potentielle clientèle (est-ce alors une étude de marché déguisée ? On ne le sait pas). Et non avoir consulté la population sur la possibilité d’écarter ce projet.

Ce que la création de la rue avant consultation citoyenne et celle programmée en vue de fixer les différentes formes démontrent, c’est un manque criant de transparence. Et ce manque de transparence contient à la fois une absence de partage d’information et une absence de collaboration et d’intégration de la population dans ce projet.

L’utilisation du PPU (Programme particulier d’urbanisme) a permis à la ville de déroger à certains règlements et faciliter la mise en place du projet, comme le changement de zonage qui avait déjà été la cible d’une opposition de la part de la citoyenneté locale. Le PPU inclut la consultation citoyenne, mais encore une fois nous n’avons aucune assurance sur le poids que la parole citoyenne aura sur ce projet.

Ce qui est reproché à la ville, c’est de refuser une co-décision dans l’établissement de ses projets en incluant la voix citoyenne, non pas seulement l’écouter, mais l’intégrer en tant qu’actrice du devenir de la Ville. L’approche qu’adopte la municipalité est, malgré elle, antidémocratique et paternaliste.

Pour se faire entendre, il devient essentiel de se réunir, de participer aux consultations et d’entrer en dialogue avec la municipalité pour leur montrer qu’il y a une réelle volonté de travailler ensemble pour résoudre les problèmes et les difficultés liés à nos lieux de vie. Une instance ne peut pas décider seule notre rapport avec notre lieu de vie.

La forêt comme espace public

                La ville est utilisée, entretenue par les habitantes et habitants. Concernant Pointe-Au-Père, les sentiers, la forêt et tous les espaces verts sont entretenus par la population locale. Elle l’habite depuis tant d’années, si bien que la ville ne peut pas décider de la raser pour en faire des lots offerts aux plus offrants.

La forêt est un espace public qui rend bien des services à la population, qui ne se limite pas à la localité. Elle offre une plus grande résilience face au changement climatique, mais aussi elle apporte des biens-faits psychologiques et de santé en général à la population humaine. La forêt est avant tout déjà un espace de vie à un grand nombre d’espèces qu’il est injuste de détruire au profit de maisons humaines, sachant que nous avons déjà des espaces que nous habitons et que nous devrons rendre résilients.

                Ainsi, il est toujours possible d’entrer en dialogue avec la municipalité, en montrant une volonté de co-décision dans la direction évolutive que prend la ville.

Mobilisation forêt Pointe-Au-Père est un regroupe de citoyen.n.es mobilisé.e.s autour de la question du développement prévu à Pointe-au-Père et plus généralement sur les questions de logement en lien avec la crise du logement actuelle.

Pour plus d’information

Sur facebook : Mobilisation forêt Pointe-au-Père

Courriel : mobilisation.foret.magique@gmail.com

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