
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Dans le but de revitaliser le centre, la ville de Rimouski émet un appel de projets artistiques, comme une murale réalisée par une ou un artiste.
Un tel appel à réaliser de l’art dans l’espace public n’est pas anodin, il est une chance pour la population de s’approprier la ville, de lui donner sa couleur et de lui donner du sens et des significations.
L’art dans l’espace public a une importance non négligeable. En effet, une personne pratiquant ses activités quotidiennes et banales, comme marcher, consomme consciemment et/ou inconsciemment son environnement (Vernet, 2014, p. 4). Consommer renvoie à la possibilité d’action que l’environnement permet à son utilisatrice ou utilisateur. Ce potentiel d’action est également déterminé par la perception écologique de la personne ; à partir de son vécu, la manière dont elle interprètera son environnement présentera certaines singularités.
L’art, qui se trouve dans l’espace public, offre de nouveaux possibles aux usagers. Les interactions que l’œuvre suscite dépend aussi bien de son aménagement, que du potentiel de l’individu. Mais il ne faudrait pas oublier le contexte, le lieu dans lequel est installée l’œuvre.
Si l’œuvre est placée dans un lieu qui présente une forte circulation automobile, elle sera délaissée par les personnes. Ce qui démontre une mise à l’écart par la circulation de la vie sociale (Vernet, 2014, p. 11).
La signification de l’œuvre d’art est également un élément important à ne pas négliger, surtout dans une ville aussi hétérogène que l’est Rimouski. L’artiste qui fait l’œuvre, les valeurs qu’elle signifie, la représentation doivent contenir une représentabilité réaliste, et non encore perpétrer l’hégémonie de l’homme blanc.
L’art placé dans l’espace public est alors intégré à la sociabilité, contrairement au musée, à la galerie d’art et aux expositions.
Réaliser une œuvre dans l’espace public, c’est créer dans l’inconfort (Lafforgue, 2021, p. 106). Mais cet espace, grâce à l’artiste qui crée, devient un espace de jeu. Ce qui est éminemment politique.
L’espace public devient par ce biais un lieu d’expression. Les personnes qui travers l’espace constituent une grande diversité de statut social ou encore de parcours de vie, l’art leur est accessible et amorce un discours avec elles (Lafforgue, 2021, p. 107).
Ainsi, faire de l’art en rue, laisser son œuvre, ou faire une représentation, jouer, c’est faire de la rue un espace de partage et non plus un lieu qui se limite au déplacement. Comme le dit si bien Laetitia Lafforgue, « Apporter du sens dans l’espace public, c’est apporter la possibilité du dialogue, du débat. C’est exercer la démocratie, participer à la création d’un imaginaire commun, contribuer à une politique de la relation » (Lafforgue, 2021, p. 108).
Sources
Lafforgue, Laetitia. (2021). L’art dans l’espace public : vigie du monde. L’Observatoire, 57, 106-108. https://doi.org/10.3917/lobs.057.0106
Vernet, L. (2014). La vie sociale des oeuvres d’art dans les espaces publics : une étude des publics au square Saint-Louis. Environnement urbain / Urban Environment, 8, 1–13. https://doi.org/10.7202/1027734ar