L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Aujourd’hui, les monnaies locales n’ont pas réussi à insuffler une modification du système financier et les économies locales. Ce qui n’enlève aucunement un intérêt certain pour leur application et les avancés qu’elles permettraient par des propositions nouvelles.
Avec la hausse des couts liés à la pandémie de la Covid-19, et l’endettement auprès des banques centrales suscitent beaucoup de craintes et d’interrogations. Surtout que le marché financier capitaliste (basé sur les intérêts) n’a pas pour vocation l’humanitaire, mais l’accroissement des gains financiers, de la spéculation et reste à l’origine d’activités nocives comme l’extraction minière (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 48). De ce fait, l’argent n’est pas au service de l’humain, mais celui d’un système écocide.
Le développement des monnaies locales est un mouvement citoyen en marge de ce système financier pour s’extraire de la logique de gain d’intérêt. La vertu des monnaies locales est de vouloir « relocaliser les activités économiques, contribuer à la transformation écologique et permettre une réappropriation citoyenne de la monnaie et de la finance » (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 48).
La force d’une monnaie locale réside dans sa complémentarité à la monnaie nationale. C’est pourquoi elle doit nécessairement pouvoir être convertible en dollar. Par exemple, chaque unité de la monnaie locale doit avoir pour contrepartie le placement de 1 euro dans un « fonds de réserve » (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 48)
Quel est l’intérêt de ces monnaies ? Il existe trois intérêts principaux à une monnaie locale. Le premier concerne la consommation, en utilisant une monnaie locale, on favorise l’achat local sur un territoire donné. Et les producteurs achètent leur matière première également localement. Le second avantage est que la monnaie locale permet de réaliser une charte de valeurs éthiques et écologiques. En effet, ce point est directement en lien avec le premier point sur l’achat local, les consommatrices et consommateurs peuvent inciter les producteurs à adopter des démarches de production plus vertueuses. Le troisième avantage tient justement dans les pratiques démocratiques favorisées par la monnaie locale en impliquant les citoyens dans le développement monétaire et financier de leur territoire (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 49).
Malgré ces avantages, les sociétés occidentales manquent de données pour pouvoir correctement constater leur efficacité. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres pays, par exemple au Brésil, un quartier défavorisé a adopté une monnaie locale pour lutter contre la pauvreté, ce qui a eu l’effet escompté en passant d’une utilisation de 20 à 95% entre 1997 et 2008 (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 50).
Des réussites et des stagnations, on peut en tirer comme constatation que les pouvoirs publics ont indéniablement un rôle à jouer dans la réussite d’une monnaie locale, principalement pour le changement d’échelle (monnaie locale-monnaie globale). Au-delà des subventions, le pouvoir public doit s’investir directement avec les citoyens, par exemple pour permettre de payer les impôts locaux, ou encore ses frais de bibliothèque en monnaie locale.
En lien avec les pratiques démocratiques que favorise la monnaie locale, la transition écologique pourrait tout à fait être favorisée par ce type de propositions. Car elle concrétise une nouvelle forme de politique publique, et une autre manière de favoriser des investissements sur le territoire en accord avec la chartre de valeurs éthiques et écologiques réalisée démocratiquement. Pour résumer, « la monnaie est affaire de confiance partagée. En conditionnant son usage au respect de l’environnement ou au soutien d’une économie de proximité, les monnaies locales contribuent à placer cette confiance dans d’autres registres » (Milanesi & Nicolini, 2020, p. 53). À Rimouski, il existe une initiative qui s’est penchée sur la question de la monnaie locale, Rimouski en transition. Et propose déjà plusieurs outils à disposition pour amener le projet à terme.
Seulement, son influence restera en marge tant qu’elle ne touchera pas au cœur du système monétaire capitaliste : l’attribution de crédits et les intérêts gagnés sur ces crédits.
Sources
Milanesi , J., & Nicolini, L. (2020). Les promesses des monnaies locales. DARD/DARD(3), 47-54. doi://doi.org/10.3917/dard.003.0047
Vallat, D., & Ferraton, C. (2012). Les systèmes d’échange local ou l’utopie d’une monnaie sans dette. Revue internationale de l’économie sociale, 21-34.
Rimouski en transition : http://www.rimouskientransition.com
