
Les émissions de CO2 d’entreprises financées par huit des plus grandes institutions financières ont totalisé environ 1,9 milliard de tonnes en 2020, selon une étude d’Oxfam-Québec parue en début de semaine. La caisse populaire Desjardins, omniprésente dans la ville de Rimouski, est citée parmi les pollueurs écocidaires.
Oxfam-Québec s’est associé avec l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) pour publier cet important rapport de recherche sur la finance «verte». Pour le dire poliment, ce rapport de recherche se concentre sur l’empreinte carbone des grands investisseurs institutionnels au Canada et montre que les grandes banques canadiennes pourraient être plus ambitieuses pour lutter contre les changements climatiques. Pour le dire crument, les banques sont de puissants terroristes environnementaux. Par leurs investissements, elles commanditent en toute connaissance de cause le réchauffement climatique. Bref, une banque verte, ça n’existe pas. Une banque en feu émet moins de CO2, qu’une banque qui investit.
Les plus grandes banques du Canada se sont engagées à atteindre zéro émission nette financée d’ici 2050, mais ont également parlé de l’importance du financement continu de l’industrie des combustibles fossiles tout au long de la « transition » vers des émissions neutres. Ce qu’ils ont de plus vert, c’est leurs billets.
L’analyse englobe les prêts aux particuliers, aux entreprises et au secteur public, les hypothèques résidentielles et commerciales, les portefeuilles fonciers et immobiliers, les investissements en équité au sein d’entreprises publiques et privées, ainsi que les obligations corporatives, gouvernementales et souveraines.
On y découvre notamment que le poids carbone des huit plus grandes banques est de 1,9 G de tonnes, soit 2,6 fois les émissions de GES du Canada en 2019 et que si elles s’unissaient pour former un pays, ce dernier serait le cinquième émetteur de GES au monde!
Les institutions citées dans le rapport d’Oxfam-Québec comprennent le Groupe Banque TD, la Banque Royale du Canada, la Banque Scotia, le Groupe financier BMO, la Banque CIBC, la Banque Nationale, la Banque Laurentienne et le Mouvement Desjardins.
L’écoblanchiment de Desjardins : la seule chose de vert, c’est leur logo
Le rapport nous dévoile que Desjardins s’engage au zéro émission nette en 2040, mais seulement pour ses actifs dans les secteurs de l’énergie, du transport et de l’immobilier. Trop peu, trop tard.
Dans l’Est du Québec, Desjardins laisse sa trace comme un fion pas étanche dans une bobette. Seulement à Rimouski, nous avons la salle de spectacle Desjardins-Telus, le complexe sportif Desjardins, la campagne «J’achète Rimouski, propulsé par Desjardins», les grandes fêtes Telus en collaboration avec Desjardins, des publicités de Laure Desjardins Waridel pour investir dans des REER Verts, et il y a même l’Université Desjardins.
Effectivement, la Chaire de recherche en éducation à l’environnement et au développement durable UQAR–Desjardins est soutenue financièrement, comme son nom l’indique, par la banque Desjardins[1]. Sur le site de l’université de Rimouski, on peut lire cette inquiétante description de la très polluante caisse pop : «Desjardins est un partenaire de l’UQAR depuis des années. Notre engagement dans la création de la chaire en éducation à l’environnement et au développement durable est un pas de plus pour former les générations de demain à la préservation de notre planète et au développement d’une écocitoyenneté critique et réflexive.» Les plus grands terroristes environnementaux subventionnent les écoles supérieures pour former les jeunes à l’écologie. Comme a déjà dit Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal : «Les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises.»
L’été passé, Desjardins Rimouski annonçait la création d’un Fonds écoresponsable de 1 M$ pour encourager les petites initiatives environnementales dans la ville. Des milliards investis dans des projets polluants et destructeurs des écosystèmes, et un coquinet petit million pour renverser la vapeur.
L’étude d’Oxfam nous dit également que «non seulement aucune des grandes banques canadiennes ne s’engage, ni à court ni à moyen terme, à se retirer du secteur des énergies fossiles, mais en plus, elles persistent toutes à se présenter comme participant de la transition énergétique et de la finance durable des activités visant soit à décarboner les processus d’extraction, de transformation et/ou de consommation des énergies fossiles elles-mêmes, soit à soutenir la diversification des portefeuilles d’actifs «verts» des entreprises de ce même secteur, notamment dans les domaines des technologies vertes et des énergies renouvelables.» C’est la définition même d’écoblanchiment.
La seule manière de rendre une banque écoresponsable, c’est en y plaçant du gaz et des allumettes.
Pour lire l’étude complète : https://oxfam.qc.ca/wp-content/uploads/2022-empreinte-carbone-banques-canadiennes-rapport.pdf
[1] https://www.uqar.ca/nouvelles/uqar-info/4015-la-chaire-de-recherche-en-education-a-l-environnement-et-au-developpement-durable-uqar-desjardins-lance-ses-activites