Art & Création

Entrevue avec Patrick Bernier-Martin, un cinéaste aussi fucké qu’attachant

Par Fred Dubé le 2022/10
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Art & Création

Entrevue avec Patrick Bernier-Martin, un cinéaste aussi fucké qu’attachant

Par Fred Dubé le 2022/10

Artiste multidisciplinaire, travailleur en CPE et marin autodidacte, Patrick Bernier-Martin, originaire de l’ile d’Anticosti, qui a grandi à Rimouski-Est et qui maintenant vieillit aux Iles de la Madeleine, revient à Rimouski pour présenter sa dernière œuvre originale : Dans mes horreurs les plus pires 1: Qui veut la peau de Monsieur Thériault?

Seulement en lisant le titre, on constate le délire postmoderne du mec. De Peter North à Jackson Pollock en passant par Alfred Hitchcock et Massacre à la tronçonneuse, ses influences sont aussi éclatées que notre rate en visionnant son œuvre. Je l’avoue,  c’est un ami d’adolescence, alors j’ai profité de son passage à Rimouski pour m’entretenir avec cet être psychotronique en fumant du thé apocalyptique.

1. Quel est ton parcours de vie? Tu sors doù? Quels ont été tes autres projets artistiques?

J’ai passé ma petite enfance à l’île d’Anticosti, puis j’ai vécu jusqu’à l’âge adulte à Rimouski, où j’ai chanté pendant plusieurs années dans un band de metalcore satirique nommé The Truckers. Après avoir travaillé pendant 10 ans comme éducateur à la petite enfance à Montréal, j’ai déménagé aux Îles de la Madeleine en juin 2021 pour renouer avec mes racines paternelles ainsi que ce que les anciens appelaient tout simplement «la qualité de vie». J’ai fait du théâtre, de l’impro, du slam et réussi ma première dinde au Jour de l’An dernier, deux livres de farce !

2. Peux-tu me décrire ton projet de film hors normes?

Il s’agit d’une comédie musicale d’horreur franco-pop, réalisée à 100% en « mashup », un procédé postmoderne qui consiste à juxtaposer des œuvres bien distinctes pour en créer une nouvelle qui transcende la somme de ses parties, par exemple, en mélangeant une chanson X avec les images d’un film Y. L’innovation de Dans mes horreurs les plus pires est d’éclater le concept du mash-up pour créer une comédie musicale d’une heure dans laquelle se juxtaposent 9 chansons pop francophones avec 9 univers du cinéma d’horreur (31 films différents) dans un continuum de 9 chapitres, mettant au monde cet incroyable Frankenstein Rouge Sang FM, le premier « cinémashup » de l’Histoire!

3. Tu te réappropries des œuvres (films et chansons) existantes pour leur donner un autre sens. Tu les détournes volontairement, est-ce un peu du braconnage, du terrorisme même, envers la culture populaire?

Un peu oui… d’autant que quiconque ayant déjà travaillé dans un centre d’achat a un peu été l’otage de la culture populaire et des vers d’oreille de la radio commerciale, ses hits tellement arbitraires, rarement éloquents, répétés ad nauseam vitam aeternam pour rentrer dans la tête de tous ceux qui n’ont pas la chance d’être sourds, sans consentement, pendant que des artistes émergents de 48 ans attendent l’aide à mourir… Je suis un peu otage devenu terroriste de la culture populaire. En tant qu’auditeur, c’est bien la moindre des choses, j’ai trop reçu, je me dois de redonner.

4. Dans quel contexte social as-tu créé ce film?

Je vivais à Montréal et je chantais dans un band de prog punk assez thrash nommé Brisance avant la pandémie, on avait autoproduit un premier album avec des tonnes de copies, le fruit de 3 ans de travail qu’on devait performer dans un show sold out aux Foufounes Électriques, annoncé pour le vendredi 13 mars 2020, jour du début du confinement. Quand tout a été annulé et que je me suis retrouvé confiné à Montréal, j’ai canalisé mon énergie créatrice, qui me sortait par les oreilles, dans ce projet saugrenu que je n’aurais autrement jamais pris le temps de faire.

5. Tu es natif de Rimouski, mais tu résides maintenant aux Iles de la Madeleine, est-ce que ça influence ta création et tes idées?

C’est certain qu’au rythme où avance l’érosion, l’urgence de créer est de plus en plus palpable! Si l’hiver procure du temps et un espace de rêve pour l’inspiration et les pratiques artistiques de toutes sortes, avec des étés comme celui qu’on vient de passer, c’est une autre paire de manches que je n’avais pas anticipée… Le soleil, la plage et la mer, pour la création, c’est l’enfer! Je compte tout de même témoigner de la réalité insulaire davantage dans le futur.

6. Quelle est la suite pour ce projet?

À court terme, deux projections de Dans mes horreurs les plus pires à Rimouski : une horrible soirée, le mardi 25 octobre à 21h00 au Paradis, ainsi qu’un horrible 5 à 7, le vendredi 28 octobre aux Bains Publics. Ensuite, une autre projection le 31 octobre à Montréal au Brouhaha Rosemont lors de la soirée Douteux.tv, diffusée en direct sur Twitch. Je serai présent à chacune de ces projections.

Pour ce qui est des projections à long terme, voir le rapport du GIEC.

Pour visionner la bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=Ub17me1dnDA

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