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Du cuivre, du curling et des œufs : les ingrédients d’une réouverture de la mine à Murdochville?

Par Ulysse le 2022/10
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Du cuivre, du curling et des œufs : les ingrédients d’une réouverture de la mine à Murdochville?

Par Ulysse le 2022/10

J’étais dans la salle lors de la rencontre d’information tenue le 19 septembre dernier par la minière Osisko en vue d’une éventuelle réouverture de la mine de Murdochville.

C’était comme un mauvais film hollywoodien où la minière débarque et la population locale, ignare, stupide et achetable, supplie cette dernière de revenir et bave de convoitise à la pensée des jobs bien payées, des allées de curling qui seront bâties (oui oui…), du réseau d’aqueduc qui sera peut-être rénové… Des applaudissements à tout rompre lorsque des personnes appuient l’arrivée de la mine, tandis qu’un silence accusateur règne lorsque des inquiétudes sont soulevées.

Pas de problème même si la mine parle d’une exploitation de 15 ans seulement. Quinze ans au cours desquels un trou immense sera creusé juste à côté de la ville, des dizaines de fois plus grands que la fosse actuelle, au point de faire disparaître totalement une montagne, pour créer des parcs à résidus miniers titanesques un peu plus loin. Il y a de la place en masse un peu au nord, de répondre le PDG, assumant par là que des forêts naturelles sont des lieux inutiles tout juste bons à être ensevelis sous des milliards de tonnes de roches concassées. Quinze petites années de ruée vers l’or (le cuivre en fait…) qui auront des répercussions environnementales à perpétuité.

Un nouveau désastre économique annoncé, lorsque la minière repartira avec ses milliards et laissera la ville avec ses problèmes de santé chronique, de chômage, de dépendance, de violence, de pauvreté, etc. Et un paysage balafré, détruit, explosé, dynamité, enseveli, pollué.

J’ai été dégoûté au plus haut point par la nature humaine, ce soir-là. Ça fait presque un mois qu’a eu lieu la rencontre, je commence tout juste à m’en remettre assez pour en parler. À trouver les mots. Et encore. Il y a tant à dire. Sur l’attitude obséquieuse et à la fois triomphante des représentants de la compagnie. Sur les demi-vérités (qu’on devrait appeler honnêtement des mensonges) qui nous ont été servies, sur le léchage de bottes des représentants de compagnies locales qui espèrent avoir les contrats de sous-traitants, sur la nostalgie d’une époque révolue et idéalisée par les gens de la place lorsque la mine fonctionnait encore, sur l’ignorance étalée au grand jour de ces gens qui n’ont pas les outils pour juger de la pertinence du projet et qui sont donc à la merci des cadeaux annoncés pour les acheter…

Bref, si l’acceptabilité sociale est un critère prépondérant pour l’arrivée de la mine, considérez qu’elle est déjà acquise. Les habitants, à l’image des élus locaux, sont déjà tous penchés par en avant, les culottes au genou, dans l’attente que M. Wares, PDG d’Osisko, daigne bien s’occuper d’eux…

Je terminerai avec une citation de ce même M. Wares: «On ne fait pas d’omelette sans casser des œuf. Il parlait à ce moment d’une discussion qu’il avait eue avec le maire de Malartic, où sa compagnie a exigé de déplacer la ville au complet afin de creuser un trou gigantesque là où les gens vivaient auparavant, manifestement pas à la bonne place. Si l’omelette représente à l’évidence les profits faramineux de la compagnie (pratiquement exempts de redevances), je vous laisse le loisir de décider qui sont les œufs…

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