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De l’iconique bar culturel L’Escalier de Montréal aux Bains Publics à Rimouski

Par le 2022/10
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De l’iconique bar culturel L’Escalier de Montréal aux Bains Publics à Rimouski

Par le 2022/10

Après la fermeture de L’Escalier, l’ancien gérant de l’établissement, David Marsolais, souhaitait faire revivre le bar culturel à Montréal, mais après deux « évictions » et une pandémie, il s’est tourné vers Rimouski pour participer à la fondation de la coopérative de solidarité Les Bains Publics — cabaret culturel.

C’est maintenant à Rimouski que les nostalgiques de L’Escalier pourront non seulement retrouver les équipements, mais la mentalité de l’ancien bar culturel. La coopérative en démarrage au centre-ville de Rimouski, Les Bains Publics, est la fusion d’un projet d’OBNL de diffusion à Rimouski et le projet de David Marsolais de relocaliser le bar culturel L’Escalier.  

Pandémie et évictions : une métropole moins attractive

Après avoir travaillé environ sept ans comme gérant de L’Escalier, David Marsolais aspirait à devenir copropriétaire. La pandémie a alors éclaté et, en même temps, la firme immobilière qui possédait les locaux de l’Escalier les a avisés qu’ils allaient devancer la date de leur « éviction » pour démolir le bâtiment, raconte-t-il. Ce concours de circonstances, en plus de la pandémie qui s’est éternisée, a mené à la fermeture définitive de l’établissement.

David Marsolais a donc entrepris le projet de relocaliser le bar culturel L’Escalier à Montréal. Pour ce faire, il souhaitait acheter les équipements — entreposés — de l’Escalier et ouvrir un nouvel espace à Montréal, mais il ne trouvait pas de locaux commerciaux intéressants. « De toute façon, c’était mort » à Montréal, observait-il.

La goutte de trop est venue avec la perte de son logement : « Je me suis fait évincer aussi de mon appartement, en même temps ! Avec la crise du logement et tout ça, c’était toutes des incitations à dire non, il faut que je quitte Montréal, ça n’a juste pas rapport ».

« J’ai décidé de laisser tomber Montréal et de venir ici », raconte-t-il.

C’est qu’en parallèle, l’ancien gérant a entendu parler du projet d’OBNL de diffusion à Rimouski et il a proposé à l’équipe de venir les rencontrer pour voir s’ils pouvaient travailler ensemble. « De là est née une grande amitié », souligne-t-il.

Les membres du projet d’OBNL de diffusion et David Marsolais ont ainsi décidé de fusionner les deux projets pour créer une coopérative de solidarité, Les Bains Publics, qui a acheté les équipements de L’Escalier afin de lancer un cabaret culturel au centre-ville de Rimouski, dans les anciens locaux du restaurant Pacini.

Une ambiance de bienveillance à Rimouski

Le cabaret culturel Les Bains Publics qui a ouvert à Rimouski cet automne comprend une petite salle de spectacle, un service de bar et de restauration. « Le but, c’est d’essayer de devenir un peu le carrefour culturel dans le centre-ville à Rimouski pour que ce soit facile de se donner rendez-vous dans un endroit où tu sais qu’il y aura une ambiance de bienveillance », explique le membre fondateur de la coopérative.

En plus des équipements, le cabaret culturel Bains Publics reprend la mentalité de L’Escalier. David Marsolais la décrit comme un espace d’ouverture vers l’autre :

 « À Rimouski, il y a de plus en plus d’immigrants, mais on ne les voit pas, ils ne sortent pas. Ils ne se reconnaissent pas au Tim Hortons, ça ne leur tente pas. Ça serait de donner un endroit si vous voulez faire une soirée “La Rumba congolaise”. Ça serait un bon endroit parce que nous serions “full open” pour ça ! L’Escalier, c’était un peu ça la mentalité, on se déclarait comme un bar culturel. Oui, c’était un bar ; oui, on vend de l’alcool et on fait le “party”, mais c’était toujours dans un contexte d’ouverture vers l’autre. L’Escalier, c’était reconnu pour avoir la réputation que tu rentrais tout seul et c’était facile de parler aux gens en général. À la limite, tu pouvais t’assoir à la table d’inconnus et dire : “— hey ! Salut ! Je peux m’assoir ? — Oui ! Oui ! Viens-t’en !” »

Le démarrage du cabaret culturel semble répondre à un besoin dans la communauté, car le projet est bien accueilli. « Je suis “flabergasté” par l’accueil qu’on a reçu des gens ici et d’ailleurs (…). Ça me surprend vraiment beaucoup à quel point les gens sont enthousiastes du projet, toute l’aide qu’on a. Je ressens vraiment un sentiment de solidarité (…). C’est motivant », explique David Marsolais.

Les Bains Publics, un clin d’œil à la pandémie

Pour le membre fondateur de la coopérative, l’attrait du nom Les Bains Publics fait surtout référence à la création des bains publics à Montréal dans le début des années 1900 afin de lutter contre la crise sanitaire. Ces bains avaient pour but d’enrayer les épidémies liées au manque d’hygiène et à l’insalubrité des logements des classes ouvrières, car ces logements n’avaient pas de bain ni d’eau chaude.

« Les gens travaillaient dans les usines à Montréal, mais il n’y avait pas d’eau courante dans les appartements, donc ils se lavaient plus ou moins et, à un moment donné, le monde tombait malade. La ville de Montréal a ainsi décidé d’agir contre ça en faisant de grands bains publics, pour que les gens puissent se laver après la “job”, tels que le Bain Mathieu ou Bain Maisonneuve », explique monsieur Marsolais.

Aussi, plusieurs bains publics à Montréal se sont transformés en salles de spectacles. « Je trouvais ça romantique, je trouvais que ça faisait un clin d’œil à la crise sanitaire. Pourquoi je suis ici ? C’est à cause de ça. C’est un peu pourquoi on est tous [les membres fondateurs de la coopérative] ici en ce moment », explique-t-il.

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