
Des groupes écologistes dévoilent les résultats troublants d’une nouvelle étude qui révèle qu’il pourrait en coûter jusqu’à 32% plus cher pour les consommateurs(trices) d’adhérer au nouveau programme biénergie électricité-gaz actuellement proposé par Hydro-Québec et Énergir plutôt que de se chauffer à l’électricité.
Les choses ont changé chez Hydro-Québec depuis l’arrivée de Sophie Brochu comme PDG, et pas nécessairement pour le mieux. Plusieurs s’entendent pour dire qu’il y a du gaz dans l’eau. Celle qui était présidente et chef de la direction de Gaz Métro/Énergir s’est servi d’Hydro-Québec pour faire entrer une grosse partie de son ancien personnel d’Énergir chez la société d’État et ainsi pousser son orientation vers le gaz (de fracturation). Effectivement, le recours au gaz prend plus de place chez Hydro-Québec et celle qui se qualifie elle-même de « réparatrice de capitalisme » y est pour beaucoup. Non seulement les soupçons de conflit d’intérêt pointe son nez, mais en plus, une nouvelle étude prouve qu’il nous en coutera beaucoup plus cher.
L’étude, réalisée par Écohabitation à la demande de plusieurs groupes écologistes (voir en bas de l’article), conclut que, pour les nouveaux bâtiments résidentiels unifamiliaux, la biénergie électricité-gaz coûte 32% de plus qu’avec l’électricité au tarif Flex D d’Hydro-Québec, en utilisant un système de chauffage central avec accumulateur de chaleur et une thermopompe. Ces équipements permettent de décarboner les bâtiments tout en gérant efficacement les pointes de demande hivernale d’électricité, un enjeu pour Hydro-Québec.
De plus, l’étude d’Écohabitation mentionne qu’il coûte jusqu’à deux fois plus cher de se chauffer au gaz comparativement à un système de chauffage électrique central avec accumulateur de chaleur et thermopompe à climat froid.
Selon GreenPeace, l’étude vient de régler la question, une fois pour toutes : non seulement il y a des alternatives moins polluantes que le gaz et qui n’émettent aucun gaz à effet de serre, mais en plus, elles sont plus économiques pour le consommateur(trice). Dans ce contexte, il est inacceptable qu’Hydro-Québec fasse la promotion de la biénergie alors qu’elle connaît et maîtrise ces meilleures technologies.
À la lumière de ces nouvelles révélations, les groupes écologistes demande au gouvernement de retirer son soutien à la biénergie dans les bâtiments et de choisir une vraie solution gagnante pour le Québec.
Citations des divers groupes écologistes qui ont commandé l’étude :
Le Comité Environnement, SCFP-Qc
« L’argument principal d’Hydro-Québec selon lequel il n’y a pas d’alternative ne tient clairement plus la route. Si le but réel est de décarboner tout en prenant soin de la gestion de pointe, il y a une meilleure solution. »
Jean-Pierre Finet, analyste, ROEÉ
« La biénergie au gaz naturel est un cadeau empoisonné aux clients actuels et futurs d’Énergir, et aux clients d’Hydro-Québec qui verront leur facture augmenter de 2,4$ milliards pour que celle des clients d’Énergir n’augmente pas trop. Et le gouvernement préfère subventionner la biénergie au gaz naturel moins rentable et moins propre que l’accumulation de chaleur plus rentable et plus propre. C’est le monde à l’envers.»
Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques, Équiterre
« L’inflation et les changements climatiques étaient deux des plus grandes priorités de la population québécoise lors des dernières élections. L’entente biénergie ne règle aucune des deux crises. C’est maintenant clair, il n’y a aucun avantage pour le consommateur à passer à la biénergie. Ça lui coûterait plus cher et ce serait plus polluant qu’un système tout électrique. »
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada
« D’un point de vue tant économique qu’environnemental, le programme de bi-énergie ne tient pas la route. Alors que nous sommes déjà frappés par des événements climatiques extrêmes comme le récent déluge à Montréal et la tempête Fiona, il est temps d’abolir ce genre de programme ainsi que toutes subventions qui favorisent la mise en place ou le maintien d’infrastructures et d’équipements liés aux énergies fossiles. »
Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat, Nature Québec
« Grâce à cette étude, nous avons maintenant l’heure juste. Aller vers la biénergie est non seulement un non sens sur le plan financier en alourdissant inutilement le coût de la facture énergétique des ménages mais également sur le plan de la fameuse gestion de la pointe de demande hivernale. Il est maintenant clair que la vraie solution se trouve dans les systèmes de chauffage central avec accumulateur de chaleur et thermopompe. Peut-on maintenant arrêter une bonne fois pour toute de perdre notre temps avec de fausses solutions ? »
Jacques Rousseau, secrétaire général, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec
« Dans l’intérêt public, celui des consommateurs actuels comme celui des générations futures, Hydro-Québec doit cesser de promouvoir la biénergie, une fausse solution qui, sur tous les plans, coûte trop cher aux Québécois. »
Consultez le rapport complet ici : https://www.greenpeace.org/static/planet4-canada-stateless/2022/10/fbe069ce-rapport_c-af-20220728_opex-atc_vf.pdf