
Photo: Laurie Cardinal
Cette semaine, une série d’actions directes se sont déroulées dans la province. Des militant.es ont défendu la primauté de l’eau potable et de la qualité de l’air sur les profits des multinationales. Action climat Rimouski tient à affirmer sa solidarité envers les luttes menées par ces militant.e.s et souligner les parallèles évidents avec la situation à Rimouski, notamment avec le terminal pétrolier Suncor à Rimouski-Est.
À Rouyn-Noranda, mardi après-midi, les membres du collectif Les Métronomes de l’Espoir, composé d’habitants et d’habitantes de la région, ont bloqué avec leur corps le chemin de fer pour empêcher l’arrivée d’intrants contaminés qui, une fois transformés par la Fonderie Horne, empoisonnent l’air de la ville. « Ce n’est pas à nous de faire le sacrifice de notre santé pour les profits de la compagnie, c’est à elle de sacrifier ses profits pour protéger notre santé », soutenait alors un membre des Métronomes de l’Espoir via le communiqué de presse du groupe.
Selon eux, la consultation publique organisée par le Ministère de l’Environnement, qui se déroulait simultanément à leur action, n’est qu’une parodie de démocratie.
La stratégie du faux dilemme a été employée tant dans la rhétorique du gouvernement Legault que dans celle de la compagnie Glencore : soit fermer la fonderie et perdre des emplois, soit accepter le plan de Glencore.
« Nous avons atteint un point de non-retour de la crise climatique et de l’extinction massive des espèces, [tel que le montrent les études scientifiques du GIEC]. Nous avons signé toutes les pétitions, manifesté, rencontré nos députés. Nous avons épuisé tous les moyens légaux à notre disposition pour nous faire entendre. Il est temps de se mettre devant la machine et de l’arrêter », affirmait le collectif Les Métronomes de l’espoir dans un communiqué de presse.
À Montréal, entre mercredi et jeudi, les collectifs Antigone et Extinction Rébellion ont occupé pendant 23 heures le terminal pétrolier Valero, plus précisément, le pipeline de la ligne 9B. Il s’agit d’un événement historique : la plus grande occupation d’un pipeline de l’histoire du Québec.
Les collectifs voulaient dénoncer les liens évidents entre l’industrie pétrolière et l’aggravation de la crise climatique. Les groupes exigent donc une diminution immédiate de la quantité de pétrole qui y circule, afin de prévenir les risques de déversement, et un plan clair pour la fermeture complète du terminal. Ils se posaient ainsi en défense de l’eau potable dont dépendent3,2 millions de Québécois.e.s, et qui est mise à risque par le pipeline.
Une longue saga judiciaire attend les activistes montréalais. La procédure de poursuite à leur endroit pourrait durer plusieurs années. C’est donc un important sacrifice qu’ils ont fait pour tous et toutes cette semaine. Nous leur devons donc reconnaissance et solidarité.
Devant la constante et parfois courageuse pression populaire, certains gains s’annoncent. Par exemple, le Ministère de l’Environnement a déjà annoncé que son plan précédent de transition pour la fonderie Horne est insuffisant.
De l’importance des médias
Action climat Rimouski tient aussi à rappeler l’importance des médias dans la compréhension des enjeux climatiques et économiques qui menacent la vie sur Terre, tel que l’ont montré récemment les médias français qui ont signé la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. La plupart du temps, les médias passent sous silence ou accordent un traitement sensationnaliste à ces enjeux, se posant ainsi en complices de la crise actuelle. En effet, en ne remplissant pas leur devoir d’information et d’analyse, les médias maintiennent la population dans l’ignorance, quand ils ne font pas diversion en vantant les joies d’un été caniculaire, par exemple. Ainsi, alors que la sécheresse détruisait les récoltes, certains journaux illustraient leurs articles avec des photos d’enfants batifolant dans l’eau, détournant ainsi le regard de la gravité du phénomène. Information ou divertissement? Pour cette raison, en Europe, dernièrement, des journalistes ont décidé de créer une charte pour un traitement adéquat de l’urgence climatique.
Cette semaine encore, notre groupe est demeuré pantois devant la place minime qui a été accordée aux activistes montréalais et rouynorandiens dans les médias de masse. Pourtant, il ne s’agit d’actions faites à la légère ni d’actions irresponsables. Il s’agit d’une énième tentative pour rendre visible ce que nos médias, hélas, gardent invisibles: c’est-à-dire, les menaces environnementales qui pèsent sur de nombreuses personnes. La santé et la sécurité publiques sont mises à risque. C’est ce qu’affirment les scientifiques et c’est ce que plusieurs vivent dans leur chair, à Rouyn Noranda par exemple ou en Alberta où les bassins de décantation menacent la santé des personnes, dont beaucoup d’autochtones, qui vivent aux alentours.
Pourtant, lorsque les médias font leur travail, comme ce fut le cas avec les articles de Radio-Canada sur la fonderie Horne, lorsque la population directement concernée se sent enfin entendue, cela accélère les processus et, même si le problème de pollution par l’arsenic entre autres est loin d’être résolu, la prise de conscience sera difficile à oublier maintenant sans créer un terrible cynisme citoyen.
Nous revendiquons donc un traitement complet et constant de la crise environnementale.
Se mobiliser ici aussi
Les revendications des activistes de Rouyn-Noranda et de Montréal font particulièrement écho à la situation du terminal de chargement pétrolier de Suncor à Rimouski-Est. En effet, depuis 2017, la Santé publique du Bas-Saint-Laurent recommande de déménager le terminal afin de garantir la sécurité de la population. Depuis, malgré des mesures cosmétiques, rien n’a été fait ni par la Ville ni par le gouvernement du Québec et encore moins par la compagnie pour répondre aux inquiétudes fondées de la population riveraine.
Le maire Guy Caron déguise son inaction dans les habits des règlements municipaux et des coûts exorbitants d’une éventuelle bataille juridique contre Suncor. Or, il est tout à fait en son pouvoir de mettre de la pression sur le gouvernement québécois, qui détient la capacité légale d’exiger des actions réparatrices d’une compagnie qui met en danger sa population et cela peut aller jusqu’à l’expropriation, conformément à la Loi sur la qualité de l’environnement.
Action climat Rimouski compte continuer à combattre les ravages des multinationales sur la santé du vivant et n’exclut pas de recourir à l’action directe face aux simulacres d’actions qui visent surtout à accommoder l’industrie au lieu de prendre soin de la population.