
Nous sommes en période électorale et les propositions fusent pour régler la crise du logement. «Groupe d’action pour le logement». «Cellule de crise pour le logement». Les taupes opportunistes se réveillent, sortent de leur trou et promettent de creuser notre tombe.
Maïté Blanchette Vézina : «Continuons» le saccage caquiste
Si elle est élue le 3 octobre, la candidate de droite promet de mettre sur pied un groupe d’action pour le logement. Ainsi, ce groupe réunirait des représentants de l’Office d’habitation Rimouski-Neigette, des milieux communautaire, social, municipal, économique, institutionnel, touristique et entrepreneurial. Ah oui? Mais d’où sort cette avocate? D’une boîte de Cracker jack? Des rencontres de groupes impliquant divers milieux pour contrer la crise du logement ont déjà eu lieu, mais n’ont pas abouti à cause, entre autres, de la CAQ !
Les solutions ne sont pas solubles dans l’idéologie caquiste. En entrevue, Alexandre Cadieux du Comité logement Bas-Saint-Laurent nous explique la patente à gosse de Maïté : «Le Comité logement est invité dans ce genre de rencontres à titre « d’experts » en logement, mais nos constats et les solutions qu’on propose ne sont jamais repris. Selon moi, c’est parce que ça ne fait pas l’affaire des acteurs politiques et économiques qui participent à ces tables/comités/rencontres.»
Utiliser l’argent public pour financer des promoteurs privés
Quant à savoir ce qui se cache réellement derrière cette promesse de consultation, monsieur Cadieux ajoute : «Justement Maïté m’a appelé la veille de son annonce pour voir si elle pouvait annoncer que l’on participerait à ce « groupe d’action ». J’ai dit que le Comité logement était disponible pour expliquer son analyse et proposer des solutions n’importe quand, mais qu’on ne s’embarquerait pas dans une démarche si le but était de voir comment on peut utiliser de l’argent public pour financer des promoteurs immobiliers ou des propriétaires privés. Elle n’a pas trop aimé ma réponse… ce qui me fait craindre que ce soit pas mal ça derrière le but de ce futur « groupe de travail ».»
Pire, si la CAQ est réélue, cette coalition qui manque d’avenir compte en faire moins pour le logement social et abordable qu’au cours des quatre dernières années.1 Alors que le FRAPRU (Front d’action populaire en réaménagement urbain) exige 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans et qu’il y a déjà 37 149 ménages sur la liste d’attente de logements sociaux, la CAQ s’engage à n’en construire que 7200. Une petite fraction des besoins! Tout ça, après avoir saccagé AccèsLogis pour le remplacer par le très mauvais Programme d’habitation abordable Québec.2
Savez-vous ce qui est encore plus grave que l’inaction de la CAQ dans la crise du logement? C’est quand la CAQ s’en occupe!
«Le bilan de la CAQ est très peu reluisant. Personnellement, je suis la situation du logement au Québec depuis environ 10 ans et je dirais que c’est le bilan le plus inquiétant qu’on a vu depuis ce temps-là, conclut Alexandre Cadieux. Le gouvernement n’a rien fait pour s’attaquer aux principaux problèmes sur le marché privé de l’habitation locative : 1. Flambée du prix des loyers. 2. Évictions, reprises de logement et rénovictions. 3. Discriminations omniprésentes. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est le discours de la CAQ qui veut de plus en plus ouvertement « privatiser » l’aide au logement.»
Bref, une promesse électorale de Maïté Blanchette Vézina, c’est comme tirer du gun avec des balles à blanc : beaucoup de bruits sans que rien de concret n’en sorte.
Samuel Ouellet : 28 ans de péquisterie inefficace
Le candidat péquiste, Samuel Ouellet, clame lui aussi que le logement est une priorité. Le jeune carriériste compte mettre en place une cellule d’urgence pour résorber la crise. Pourtant, la crise du logement n’est aucunement nouvelle, alors pourquoi l’ancien député péquiste, Harold Lebel, n’a-t-il pas déjà mis en place une cellule du genre? Ça fait 28 ans que le PQ représente la région et aucune cellule de crise n’a été mise en place? 28 ans d’échec péquiste en matière de logement à Rimouski et on s’imagine qu’en votant encore pour eux, les choses s’amélioreront?
C’est quand même ironique qu’un parti agonisant mette en place une cellule d’urgence de crise, alors qu’il en aurait lui-même grandement besoin pour survivre.
Monsieur Ouellet, tel un opportuniste, affirmait sur les ondes d’Énergie le premier septembre dernier que le logement doit être la grande priorité de tous les élus : «On va tous et toutes mettre notre tête sur le billot au bout de quatre ans.» Ah! Est-ce que je peux tenir la hache?
Selon la Fédération québécoise des municipalités, «les gouvernements qui se sont succédé [tant péquistes, libéraux que caquistes] n’ont jamais réalisé leurs promesses en matière de logements sociaux, communautaires et abordables.»3 Tout est dit.
Après quatre ans de pouvoir caquiste à l’Assemblée nationale et 28 ans de pouvoir péquiste à Rimouski, qui peut encore espérer que ces bonimenteurs règlent la crise du logement? Faut-il être atteint du syndrome de Stockholm pour faire encore confiance à ces beaux parleurs?
[1] https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2022-08-16/logement-social/la-caq-manque-d-ambition.php