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Une terre à but non lucratif : la création du petit Verger de Sageterre (2)

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Une terre à but non lucratif : la création du petit Verger de Sageterre (2)

Avec la hausse du prix des terres, le rêve agricole devient de plus en plus inaccessible. Pourtant, à la ferme Sageterre, située au Bic dans le Bas-Saint-Laurent, la terre et les biens servent maintenant au bénéfice de la collectivité depuis qu’elle est devenue une Fiducie d’utilité sociale agroécologique (FUSA). Le Mouton Noir propose une série de trois articles pour offrir un aperçu des projets qui naissent de la ferme Sageterre et des personnes qui animent ce lieu. Deuxième partie : Ariane Picard et la création du petit Verger de Sageterre.

Ariane Picard habitait depuis toujours dans le même quartier à Québec, quand elle a lu le livre de Jean Bédard, Maître Eckart, une lecture qui l’a bouleversée. Déjà, elle se sentait divisée dans ses aspirations : « on était dans un monde d’idée, le mental, dans le jugement, la critique de la société, mais nos choix de vie n’étaient pas arrimés à réaliser autre chose. (…) On ne se sentait pas libres, moi je ne me sentais pas libre dans ce mode de vie là ». 

Avec son conjoint, elle organisait des salons politiques et philosophiques et ils ont voulu inviter Jean Bédard à un de leur salon. Elle a cherché sur internet pour pouvoir le contacter et c’est là qu’elle a découvert la ferme Sageterre. « Sur le coup, ça m’avait un peu ébranlé. Coudonc, c’est quoi ce monde-là ? ». Ça lui a pris six mois avant de lui écrire et elle est ensuite allée à la ferme à plusieurs reprises avec sa fille. Au fil des rencontres, elle s’est liée d’amitié avec Jean Bédard.

Répondre à l’appel

Quand la ferme Sageterre a lancé un appel de projets en 2019 pour réaliser un verger, Ariane Picard s’est empressée de répondre.

Elle écrit dans sa lettre : « Je m’appelle Ariane Picard, j’ai 37 ans, un rêve, des économies, de l’énergie et un amour des arbres qui m’amène à oser me manifester pour soumettre ce projet alors que je n’ai aucune formation pratique ou théorique dans le domaine arboricole. J’ai toutefois tellement envie d’apprendre, de m’instruire et une soif de m’ancrer à la terre et de m’engager dans un projet que je sens pouvoir porter ! ».

Après quelques visites à la ferme et après avoir développé son projet au fil de plusieurs lectures sur le sujet, son projet est accepté par les membres de Sageterre. « Une chance, parce que j’avais déjà commandé mes arbres ! », souligne Ariane qui a pris un risque « je me suis dit tant pis, parce que c’était devenu limite avec la date de plantation ». En un mois, tout était fait et son verger a été créé.

Elle a planté des argousiers, des petits arbustes fruitiers (cassissier, camérisier et groseillier), six ou sept variétés de pommiers, des pruniers, des cerisiers, des abricotiers et des poiriers.

 « J’avais vraiment envie de créer un endroit beau. J’ai envie d’en faire un verger littéraire (…). J’aimerais associer chacun des arbres que j’ai plantés, soit à un auteur que j’aime, soit à un livre ou à un personnage ou à une citation éventuellement », décrit Ariane Picard qui est diplômée en littérature.

Le petit Verger de Sageterre est un verger biologique où les gens pourront faire de l’autocueillette. « Il n’y a pas de vergers ici dans Rimouski ! C’est fou ! Et certainement pas de verger bio. On est sur le bord de la 132, je pense que je n’aurai pas de problème », considère Ariane.

Il faudra attendre cinq ans avant d’avoir d’obtenir des fruits. « Les arbres, ils ont leur propre rythme, c’est sur le long terme », explique-t-elle.

En parallèle, elle fait aussi un jardin : « Ça m’apporte beaucoup. Surtout dans le jardinage, on a beaucoup à apprendre du rythme du vivant, des végétaux, en tout cas, pour ma part, l’enseignement de la patience, l’enseignement du miracle de la vie aussi. Il y a comme une forme d’humilité qui se développe ».

La création du verger est possible grâce à la location d’une parcelle de la terre de Sageterre à long terme et à un coût abordable. « On loue, mais on jouit de la production », explique Ariane. Elle s’implique en parallèle dans sa communauté en travaillant aussi à développer La Ruche d’Art du Bic.

 

 

 

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