
Le soir du lundi 18 juillet dernier, lors de la réunion du conseil de ville de Rimouski, 30 manifestant.e.s cagoulé.e.s ont fait irruption dans la salle de l’hôtel de ville. Ils souhaitaient questionner le conseil sur la crise du logement et la crise climatique. Or, le maire Guy Caron, qui préside l’assemblée, a refusé tout dialogue avec eux. Appelés en renfort, une dizaine de policiers de la Sûreté du Québec les ont évincés de la salle.
Dans la salle du conseil de ville, où se joue la démocratie de la Ville de Rimouski, on peut voir un grand crucifix qui trône derrière les élu.e.s. Nul ne remet en question ce symbole. Pourtant, la cagoule des manifestant.e.s de lundi soir a vite été identifiée comme un symbole à éliminer par le maire Guy Caron, qui a arbitrairement invoqué l’exigence d’un certain décorum pour justifier son refus de dialoguer avec ces citoyen.e.s.
L’action militante a été allumée par une performance artistico-militante de l’humoriste Fred Dubé, qui en était à sa deuxième action du genre. Après son spectacle, il invitait l’auditoire à un autre théâtre, celui de la démocratie municipale. La foule masquée était composée d’universitaires, de travailleuses du communautaire, d’étudiant.e.s, de professeurs de cégep, d’artistes, de syndicalistes, de mères et de pères de famille, de personnes retraitées; tous des citoyens et citoyennes pacifiques. Selon plusieurs sources sur place, les citoyens et citoyennes cagoulés n’étaient aucunement menaçants.
Le fait de revêtir la cagoule suscite spontanément une interrogation. Selon une manifestante qui était sur place : « Cela fait des année qu’on va au conseil de ville, sans masque bien sûr, et qu’on questionne les élus. Cette fois, on veut que les élu.e.s voient la force du nombre. On met les cagoules pour sortir de l’ombre et enfin être visibles. »
En effet, en novembre 2019, des dizaines de citoyens et citoyennes s’étaient mobilisés à l’hôtel de Ville pour que les élu.e.s signent la Déclaration d’Urgence Climatique.1 Depuis, aucun engagement concret et durable en matière d’écologie n’a été mis en chantier, et ce, malgré que plus de la moitié des conseillers aient été réélus.
Répression policière
L’humoriste Fred Dubé a été ciblé par les policiers, puis victime d’une arrestation musclée. Le motif invoqué est qu’il a refusé de quitter les lieux. En effet, il souhaitait simplement poser des questions au conseil, mais cela a été considéré par la SQ comme un ‘’voie de fait par intrus’’. Il faut noter que les nombreux témoignages et vidéos recueillis sur place ont confirmé que Fred Dubé n’a fait preuve d’aucune violence, tant physique que verbale. « Je me doutais déjà que les élu.e.s et leur chef étaient réactionnaires, mais pas à ce point-là. Ce sont vraiment des pleutres de bas étage pour traiter les citoyens de la sorte. Même les scientifiques font de la désobéissance civile aujourd’hui face à l’inaction des gouvernements. »
Au sujet du traitement médiatique de l’événement, il ajoute : « Évidemment, je suis certain que les médias au service du pouvoir vont embarquer pour faire de la désinformation et nous monter les uns contre autres. Vous savez, ces médias de masse comme le Journal Le Soir qui ont comme commanditaires les entreprises qui polluent, justement.»
Un conseil homogène et des citoyen.ne.s sans voix
Déjà, plusieurs disent que le maire de Rimouski confond la politique fédérale et municipale. La politique fédérale se fait dans l’éloignement, à partir du Parlement canadien à Ottawa, tandis que la politique municipale doit se pratiquer dans la proximité avec la population. Appeler la police pour maitriser des citoyens pacifiques et éviter tout dialogue avec eux, ce n’est pas ce qu’on peut qualifier de rapport de « proximité ».
Que faisaient les autres élu.e.s, dans les coulisses, pendant ce temps? Sont-ils en accord avec le maire? Sont-ils indépendants de réflexion?
Alors que le président sortant de la Chambre de commerce de Rimouski, Guillaume Sirois, se vante d’être intervenu dans les médias 160 fois en un an seulement, on peut se demander de quelle façon le citoyen moyen peut se faire entendre avec considération lui aussi.
Les questions s’accumulent, mais les réponses se font rares.