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La Couverte : créer une communauté pour prendre soin des bâtiments existants

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La Couverte : créer une communauté pour prendre soin des bâtiments existants

Face à la pénurie du logement et alors que les prix des nouvelles constructions augmentent, si une des solutions passait par la rénovation des bâtiments existants ? Depuis maintenant un an, la coopérative de solidarité La Couverte—Construction Communautaire, basée à Rimouski, offre un service de rénovation résidentielle avec un modèle qui valorise la communauté, le patrimoine bâti et l’écologie.  

L’idée du projet est venue de Nathan Bouffard qui travaillait à réaliser des toitures de tôle patrimoniale dans le Kamouraska. Bien qu’il aimât son travail, il souhaitait travailler ailleurs que sur des maisons tertiaires de personnes plus aisées financièrement et il voulait développer un projet plus communautaire, explique Catherine Parent, membre fondatrice de La Couverte. 

La coopérative de solidarité a ainsi été créée, ayant comme mission de démocratiser le secteur de la rénovation résidentielle et de rendre les travaux de construction accessibles. « Avoir un toit sur la tête, c’est un besoin de base et apprendre à se débrouiller avec des outils, construire et être plus autonome, c’est quelque chose qui nous paraissait comme important », précise Catherine Parent. La coopérative s’est basée sur trois piliers que sont le patrimoine bâti, l’écologie et la communauté.

Travailler collectivement à préserver les bâtiments

Catherine Parent explique que pour Nathan Bouffard « c’est particulièrement important de préserver ce qu’il reste de beau dans le paysage québécois, ce qu’il reste de vieux bâtiments et de faire des rénovations dans le respect de ces bâtiments-là au lieu de les détruire et de construire à neuf ». Elle ajoute que c’est aussi une manière de continuer à occuper le territoire. En permettant aux personnes de rénover leur maison et de la maintenir en bon état, cela leur permet de continuer à habiter ce grand territoire.

La Couverte considère aussi qu’il est plus écologique de récupérer les matériaux et de les réparer, que de tout démolir et de construire. De plus, ses membres tentent le plus possible d’adopter des pratiques écologiques en limitant par exemple leurs déplacements dans un rayon de 100 km autour de Rimouski ou en récupérant certains matériaux.

Cette coopérative de solidarité cherche à bâtir une communauté et recréer des liens solidaires entre les personnes, « parce qu’avant c’était ça, quand il fallait construire quelque chose, tout le monde mettait la main à la pâte », explique la membre fondatrice. La coopérative regroupe ainsi des membres travailleurs, utilisateurs, fournisseurs et de soutien pour former une communauté basée sur l’entraide : « en ayant une communauté avec des membres, ça fait que ce sont des gens qui vont se connaître éventuellement et ils peuvent s’apprendre des choses. Nous, en ayant une équipe de personnes qualifiées et en allant chez les gens, on peut leur montrer des affaires et après ça, ils sont juste plus autonomes et ils peuvent s’entraider entre eux ».

Démocratiser la rénovation résidentielle

Pour démocratiser la construction, la coopérative souhaite favoriser l’accessibilité en rendant les chantiers plus inclusifs notamment par rapport aux femmes, mais aussi en étant disponibles, mobiles sur le territoire, et en cherchant à être plus abordables.

La Couverte tente ainsi de créer un espace alternatif dans le milieu de la construction. Les propriétaires qui sont des membres utilisateurs peuvent s’impliquer dans leur propre projet et apprendre. Il y a aussi des tâches qu’ils peuvent réaliser en étant guidée par La Couverte et ainsi économiser sur la main-d’œuvre.

L’ambiance de travail est aussi différente que sur les chantiers conventionnels, ce qui peut attirer les travailleurs de différents horizons et laisser une plus grande place pour les femmes.

« La plupart des personnes qui travaillent avec nous ont une certaine expérience, des qualifications. Souvent, ils ont fait le cours de Charpenterie-menuiserie. Tout le monde a des expériences différentes, en fait. On cherche le plus possible d’avoir des personnes expérimentées avec nous (…). Souvent, on va avoir des personnes qui aiment la construction, mais qui n’ont pas envie de travailler sur des chantiers CCQ1, qui n’ont pas envie de la grosse “game” et d’avoir des collègues qui “braguent” sur leur nouveau F150 », indique Catherine Parent. Elle donne aussi l’exemple suivant : « (…) Des fois sur des chantiers réguliers, tu vas avoir un lunch un peu plus santé que les autres et ils vont rire de toi. Ça doit être lourd. C’est pour ça que c’est difficile aussi d’avoir des femmes en construction ».

La Couverte se rend aussi disponible pour réaliser les travaux qui sont boudés par les autres entrepreneurs : « L’accessibilité, c’est aussi de se rendre disponible pour les gens. Parfois, les gens ont des petits projets avec du “gossage” que personne ne veut faire parce qu’ils ne sont pas payants. Par exemple, ce n’est pas payant d’aller dans le fin fond d’un rang pour aller remplacer deux bouts de revêtements extérieurs. Ils [les entrepreneurs] disent : “moi, je le refais au complet ou je ne fais rien du tout”. Les gens se retrouvent avec des problèmes que personne ne veut régler parce que ce ne sont pas des projets intéressants ou qu’il y a tellement de demande que les personnes se permettent de choisir […] Nous, on prend beaucoup de projets qui sont boudés, ou qui ont beaucoup d’incertitude, qui demandent de réfléchir et de trouver des solutions, où il y a tout le temps des surprises et qui n’ont pas nécessairement de gros budget non plus », indique la membre fondatrice.

S’approprier La Couverte

Catherine Parent invite les gens intéressés à devenir membres, car l’idée derrière cette coopérative, c’est qu’elle appartienne à la communauté. La Couverte, « on est un peu comme des joyeux idéalistes, mais on essaie de garder les pieds sur terre et de bien faire les choses », décrit-elle.

Le Mouton Noir lui a demandé l’explication derrière le nom « La Couverte ». Elle a répondu : « Parce que c’est doux, une couverte, c’est réconfortant. On veut abriller les gens, les gens font le lien avec la couverture, ce qu’on appelle la toiture […] il y a quelque chose avec le confort, la sécurité, et c’est ça se loger, c’est comme un élément essentiel une couverte. […] Il y a “verte” dedans et on essaie de tendre vers ça ».


[1] Commission de la construction du Québec

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