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Crise du logement en Gaspésie : « à court terme, il faut faire appel à la solidarité des gens »

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Crise du logement en Gaspésie : « à court terme, il faut faire appel à la solidarité des gens »

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest a fait plusieurs annonces le 29 juin pour créer des logements abordables et sociaux, mais ces programmes ne seront pas mis en œuvre à temps pour régler la problématique du logement en Gaspésie, selon Ambroise Henry, directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine. Devant l’ampleur et l’urgence de cet enjeu, il indique qu’« à court terme, il faut faire appel à la solidarité des gens » pour ouvrir leur porte et accueillir des gens temporairement ou à plus long terme.  

Le Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine est une entreprise d’économie sociale offrant des services d’aide à la création et à la gestion de coopératives et d’organismes à but non lucratif en habitation. « On va se le dire, en date d’aujourd’hui, même s’il y a de belles annonces politiques, moi je n’ai aucun programme dans lequel déposer un projet. (…) La plupart de ces annonces, les programmes ne sont pas prêts. Les mesures vont être mises en œuvre à partir de l’automne », remarque Ambroise Henry.

Le directeur général déplore qu’il n’y ait pas de réel programme pour créer du logement social au Québec : « Avec ce qui a été annoncé hier (…) ça ne remplace pas un programme de logement social comme AccèsLogis l’était depuis 25 ans. C’est notre inquiétude. Est-ce que ce gouvernement-là va faire en sorte qu’on ne va plus avoir de programme de logement social digne de ce nom au Québec ? ».

Les gens sont mal pris

Dans le cadre de son mandat, l’organisation fait de la gestion immobilière pour les Offices d’habitation, OBNL et coopératives de la région. « Je peux vous dire que la crise du logement, on la vit tous les jours (…) je vous dirais que les téléphones qu’on a de ce temps-là, c’est des gens qui sont mal pris et on a des listes d’attentes (…) », témoigne monsieur Henry.

Il donne l’exemple de leur bureau à Carleton-sur-Mer dans la Baie des Chaleurs qui gère près de 300 unités d’habitation. L’organisation a reçu au-dessus de 250 demandes pour des logements dans la dernière année.

Ce qui fait aussi dire au directeur général que les gens sont mal pris, c’est qu’il observe que certaines personnes n’avaient pas de baux avant de signer un bail dans leurs habitations. Ils ne changent donc pas de logement, car ils n’avaient aucune autre option de logement avant.

Un enjeu complexe

L’enjeu de la crise du logement, explique Ambroise Henry, c’est qu’il manque de logement et les logements disponibles sont des logements qui ne sont pas abordables pour la majorité de Gaspésiens : « Les logements à 1200… 1400 $ par mois, je ne pense pas que la majorité des Gaspésiens sont capables de se payer ça », précise-t-il.

L’enjeu est aussi complexe, car il y a une convergence parfaite entre la crise du logement et la crise de la main-d’œuvre. Monsieur Henry remarque qu’« on n’a jamais vécu ça, ce qu’on vit actuellement sur le terrain ». La construction des logements est freinée par le manque de main-d’œuvre dans le secteur de la construction. En même temps, la crise du logement fait en sorte qu’il est plus difficile de recruter des travailleurs qui peinent à s’établir dans la région.

La hausse des prix de construction, la hausse des coûts des matériaux, ainsi que des problèmes d’approvisionnement, s’ajoutent au manque de financement dans le logement social.

La solidarité comme solution à court terme

« Même si on avait un programme de logement social demain matin, vous savez que ça prend du temps à construire. On ne peut pas construire en quelques mois, ça prend des années à construire, donc entre les deux, il faut absolument qu’il y ait de la solidarité. Il faut que les gens ouvrent leurs portes pour accueillir les gens temporairement ou plus longtemps. Si la chimie s’installe, allez-y, parce qu’on a besoin de ça pour les gens, pour les résidents qui ont besoin de logement. On a besoin de ça pour les nouveaux arrivants, on a besoin de ça pour le développement socioéconomique de la Gaspésie. À court terme, il faut faire appel à la solidarité des gens », interpelle Ambroise Henry.

Linda Turbide, coordonnatrice à la Maison d’aide et d’hébergement l’Accalmie à Cap-aux-Meules, souligne que c’est aussi une solution qui a été utilisée aux Îles-de-la-Madeleine : « Cette année, la municipalité, ils ont fait un appel à tous les gens de la communauté qui auraient une chambre disponible, une roulotte disponible ou un appartement, mais les appartements c’est sûr que c’est moins possible. Ils ont fait un appel à tous pour voir si les gens accepteraient de louer une chambre, mais pas à la semaine, mais au mois, pour des personnes qui ont des besoins de logement ».

 

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