
Alors que le Collège de Rimouski songe à vendre ses résidences étudiantes pour renflouer sa dette de 3,6$ millions, le Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Rimouski (SEECR) considère qu’il serait avantageux de plutôt les maintenir comme un actif important du Collège et les développer. Selon le Syndicat, la vente des résidences dans un contexte de pénurie de logement et de hausses de loyer mettrait en danger le recrutement primordial d’étudiantes et d’étudiants provenant de l’extérieur de la ville, une catastrophe dans un contexte de baisse d’effectifs. En vue de l’adoption du plan de redressement du Collège de Rimouski exigé par le MELS, le Conseil d’administration du Collège prendra une décision à ce sujet le 21 juin.
Créer un problème permanent pour régler un problème ponctuel
Selon le SEECR, en vendant ses résidences au secteur privé, le Collège de Rimouski ne peut garantir qu’elles continueront d’offrir plus de 400 chambres étudiantes à coût abordable avec des baux de 5 à 10 mois, incluant les nombreux services essentiels favorisant l’intégration et la réussite scolaire. « En contexte de pénurie grave de logements locatifs, soit un taux d’inoccupation frôlant le 0,2%, ainsi que l’inflation et la hausse marquée du coût des logements, penser que les services actuels seraient conservés au même coût relève de l’utopie », a déclaré Lucie Poirier, porte-parole du SEECR. Les enseignantes et enseignants considèrent que la vente des résidences diminuerait l’attractivité du Collège de Rimouski au détriment des autres collèges ayant conservé leurs résidences étudiantes, notamment les cégeps de Matane, Rivière-du-Loup et Gaspé, une situation dramatique pour un Collège dont l’effectif provient à plus de 70 % de l’extérieur de la région. « Bref, pour régler le problème actuel de la dette du cégep, on se créera un problème à long terme : le Collège de Rimouski n’aura plus de résidences intéressantes à offrir aux étudiantes et étudiants provenant de l’extérieur de Rimouski alors que c’est son effectif étudiant le plus important », a conclu Julie McDermott, porte-parole du SEECR . Le syndicat est aussi inquiet pour la population étudiante qui peine bien souvent à joindre les deux bouts et qui se voit dans l’obligation de conjuguer plusieurs heures de travail rémunéré avec les études afin de répondre à des besoins de base, notamment le logement, ce qui nuit à leur persévérance et à leur réussite.
Conditions à respecter concernant une possible cession des résidences.
Selon le SEECR, si malgré tout le collège choisissait de se départir des résidences étudiantes, plusieurs conditions devraient être réunies pour en faire une option viable. Il demande notamment de créer un partenariat avec un organisme sans but lucratif pour gérer les résidences et que celui-ci s’engage à conserver le montant du bail dans la moyenne du prix des autres résidences étudiantes de la région. Il demande aussi de maintenir les places réservées à la communauté collégiale, l’option de baux de 5 à 10 mois ainsi que les services d’intégration aux étudiantes et étudiants. Tenir compte des personnes au cœur de sa mission Ces recommandations du SEECR, ainsi que plusieurs autres concernant l’assainissement des finances du collège et les différentes actions à mettre en place pour développer des mécanismes de concertation à ce sujet, ont été acheminées au comité de vérification qui a le mandat de les étudier pour faire des propositions au CA du Collège de Rimouski d’ici le 21 juin. Le SEECR espère ardemment que le CA du Collège prendra en compte les nombreuses recommandations des personnes qui sont au cœur de la mission de cette institution pour prendre sa décision, puisqu’elle aura un impact sur toute la communauté collégiale pour la décennie à venir.