
Le 20 juin dernier, la station locale Flo 96.5 diffusait une série d’entrevues avec les trois candidats déclarés à l’élection provinciale dans Rimouski. L’exercice était pertinent, mais comme le cerveau humain est fait pour se concentrer sur ce qui va mal, j’ai surtout retenu le message de la candidate caquiste. En gros, Maïté Blanchette-Vézina expliquait à l’animatrice que son parti est d’abord une coalition, où il y a de la place pour des gens de toutes les allégeances, qu’elle-même est de tendance plutôt « progressiste de gauche » avec des « valeurs environnementales » mais que c’est sain de permettre les débats d’idées à l’intérieur d’un parti. Cette manière de présenter la CAQ n’a rien de nouveau, et on aurait raison de lui reprocher son vide sidérant. Mais je crois que ce vide mérite surtout d’être décortiqué pour en exposer les véritables dangers :
1) Tous les partis sont des coalitions. La CAQ n’a rien d’original à cet égard. Les opinions n’y sont pas plus diversifiées qu’ailleurs. Le prétexte de la « coalition » sert principalement à (mal) camoufler les volte-face de certains candidats, notamment sur la question nationale.
2) La CAQ n’est pas un parti de débats. C’est le one-man-show de François Legault, qui gère son parti (et sa province) en businessman, en passant outre les processus démocratiques autant que faire se peut. Les décisions importantes (dont la rédaction du programme ou la nomination des candidatures) sont prises sur un coin de table par le chef et sa clique. Et les instances nationales servent essentiellement à discuter d’enjeux consensuels au sein du parti. On a pu le voir lors de leur dernier congrès sur le thème de la « fierté », où les questions écologiques et socio-économiques ont été soigneusement évitées.
3) La CAQ n’est pas un parti sans idéologie. C’est un parti néolibéral, affairiste, capitaliste. Sur la question climatique, ils vont totalement à l’encontre de ce que nous dit la science, parce qu’ils sont incapables d’envisager la nécessité de dépasser notre modèle économique actuel. C’est très exactement ça, la définition de l’idéologie. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas gouverné aussi à droite qu’ils le promettaient au départ, c’est parce que les libéraux avaient déjà fait la sale job d’austérité avant eux, et qu’ils se sont ramassés avec des surplus, qu’ils ont été forcés d’investir en politiques publiques pour combattre la pandémie. Mais ça ne fait pas d’eux un parti de centre, de « gauche efficace », ou pire encore un parti « non-idéologique ». Leur entêtement à vouloir privatiser davantage notre système de santé, ou à placer un homme d’affaires à l’éthique douteuse au développement économique, est assez éloquent à cet égard.
4) Si tu veux un espace où toutes les idées peuvent s’exprimer et être débattues, ne va pas dans un parti politique. Va à l’Assemblée nationale, là où les tous les grands courants idéologiques devraient être représentés. Un parti politique, au contraire, se doit d’avoir des orientations plus ou moins claires pour que l’électorat ait une certaine idée de ce pour quoi il vote. Elle est là, la grande menace du vide caquiste.
5) Si tu te présentes pour la CAQ, les étiquettes de « progressisme de gauche » et les « valeurs environnementales » devraient se décoller de ta personne comme un bloc de jell-o cloué sur un TGV.
6) Ça prend un certain mépris envers l’intelligence des citoyens pour essayer de leur faire avaler de telles salades. J’ose croire que les citoyennes et les citoyens de Rimouski ne seront pas dupes.