
La lecture théâtrale Féminalcès, c’est la première pièce qu’écrit l’autrice Stéphanie Pelletier sans qu’elle soit une commande. Cette autrice se lance donc dans un sujet audacieux et d’envergure en abordant les questions existentielles liées au choix et aux destinées humaines.
Tout part d’un simple choix : une femme est devant son frigidaire et elle se demande si elle part faire l’épicerie pour le souper ou si elle reste chez elle et utilise des restants. Incapable de se décider, elle se scinde en deux. C’est le point de départ de la pièce Féminalcès où l’autrice Stéphanie Pelletier explore les différentes réalités parallèles, afin de voir comment les petits et grands choix changent la destinée humaine. À travers ces différentes réalités, l’autrice s’intéresse non seulement au destin d’une femme, mais aussi de tous les autres personnages secondaires qui vont la côtoyer, tels qu’un pompier volontaire, une personne aînée ou un adolescent.
Pousser la réflexion plus loin
Il faut dire que cette histoire s’inspire d’un conte qui avait d’abord été interprété lors du Cabaret des contes ruraux 2 au Théâtre du Bic. Stéphanie Pelletier pousse l’histoire et la réflexion plus loin en s’intéressant aussi au destin des personnages secondaires. Elle explique que cela lui permet d’explorer la vision des humains face à leur destin, mais pas seulement celui d’une seule femme. « Je pouvais vraiment aller beaucoup plus loin dans cette question-là en déployant plusieurs personnages parce que selon les générations, selon la situation qu’ils vivent (…), ils vont tous avoir une vision différente de la mort et de l’existence », précise Stéphanie Pelletier.
L’autrice bâtit ses personnages en étant attentive à son environnement et en s’inspirant de son entourage, avec notamment des anecdotes humoristiques de ses beaux-frères qui parlent du difficile choix des bières. Mère de jeunes enfants, elle se plonge aussi dans les préoccupations d’avenir des adolescents par rapport aux enjeux planétaires. Afin de développer le personnage de l’aîné, elle s’est imaginée être à la place d’une personne qui vit dans une maison pour personnes aînées et qui a tout laissé derrière, sa maison et son lieu de vie. « Qu’est-ce que ça lui fait, à l’intérieur, d’avoir quitté la “vraie vie” pour cette vie-là qui est beaucoup plus protégée, entourée, balisée, avec du monde qui sont tous pareil comme toi, qui ont tous le même âge, qu’est-ce que ça te fait de te ramasser là dans la vie ? », décrit l’autrice.
L’essentiel dans la vie repose dans les questions
Avec Féminalcès, Stéphanie Pelletier, soulève une multitude de questions où l’intérêt se porte plus sur la réflexion que sur les réponses. « Les réponses, ce n’est pas si important que ça. (…) plus tu t’interroges, plus tu es en réflexion, plus tu te poses des questions, plus tu essaies de comprendre, plus tu t’informes, plus tu étoffes ta réflexion et plus tu communies avec ce que tu essaies de comprendre. Les questions, le doute, c’est ce qui est le plus important à mon avis pour faire avancer ce que tu es en tant que personne, mais aussi ta compréhension du monde (…) », explique l’autrice.
Questionnée sur le défi de résumer de grandes questions existentielles à l’intérieur d’une seule pièce, Stéphanie Pelletier répond qu’effectivement, cela a été « une méchante job ». À l’origine, elle avait rédigé un texte de 97 pages, qu’elle a réduit à 79 pages et qui a fait l’objet de nombreuses versions. Certaines scènes ont été retirées, car à elles seules, elles abordaient des sujets qui auraient pu faire l’objet d’une pièce de théâtre.
Elle n’était heureusement pas seule dans toute sa démarche de création et elle a bénéficié du soutien du Centre des auteurs dramatiques, du Conseil des arts du Canada, le Théâtre du Bic, Eudore Belzile et Marie-Hélène Gendreau.
Féminalcès sera présenté le vendredi 13 mai 2022 à 19 h 30 au Vieux Théâtre de Saint-Fabien.