
Un article dans le journal La Presse annonçait qu’un groupe d’environ 150 producteurs s’apprête à lancer un manifeste pour convaincre l’État d’investir massivement dans l’agriculture de proximité. Ils défendent notamment le fait que cette agriculture apporterait de nombreux effets positifs, tant sur le plan de l’approvisionnement, que pour éviter l’effritement des communautés. Le cas de la municipalité de Saint-Gabriel-de-Rimouski offre un bel exemple de cet effet, car l’arrivée de nouveaux agriculteurs de proximité a fait naître un marché public.
À l’origine du projet, Sophie Rioux, Gabriel Clermont et Charles-Antoine Besner ont créé La Ferme Vue d’en Haut, un projet agricole situé dans Les Hauteurs, au Bas-Saint-Laurent. Ils planifiaient leur mise en marché et souhaitaient commercialiser leurs produits le plus près possible de la ferme pour des raisons écologiques, sociales et environnementales. Par conséquent, leur mise en marché passait par l’abonnement à des paniers en ASC (agriculture soutenue par la communauté1) et par les marchés publics de la région. Ils ont donc approché les différents marchés publics et ont réalisé qu’il y avait déjà beaucoup de producteurs maraîchers et que la sélection des producteurs se déroulait durant l’hiver. Cela créait donc une certaine insécurité pour la première année de production. Comme il n’y avait pas beaucoup d’opportunités, ils se sont dit : « Pourquoi n’approcherait-on pas la municipalité pour qu’ils démarrent un marché public ? ». Gabriel et Charles-Antoine ont donc contacté la municipalité de Saint-Gabriel-de Rimouski, car c’est la plus populeuse des environs et elle est située sur Route touristique des Monts-Notre-Dame. Le projet a rapidement suscité l’intérêt.
La municipalité de Saint-Gabriel-de-Rimouski
Le conseiller de la municipalité de Saint-Gabriel-de-Rimouski, Étienne Lévesque, ne manque pas d’enthousiasme : « De voir des jeunes, avec de belles compétences et de belles ambitions qui sont revenus dans notre Bas-Saint-Laurent, de les voir s’installer sur la côte à Bonito dans les Hauteurs et de créer un projet comme ce qu’ils font en maraîchage, c’est vraiment particulier. (…) C’est vraiment enthousiasmant ».
La création d’un marché public faisait déjà partie du plan quinquennal 2019-2023 du comité de développement de la municipalité « Promotion St-Gabriel », mais il était prévu pour la dernière année en 2023. Le conseiller n’a pas hésité à saisir l’opportunité. « C’est vraiment d’être opportuniste, on ouvre les mains, puis il y avait ces deux jeunes là hyper intéressants qui ont écrit à la municipalité et qui ont dit qu’ils avaient l’intérêt de développer un marché public ou un point de vente pour leur entreprise maraîchère », indique monsieur Lévesque.
Le comité organisateur a donc été formé pour créer l’événement qui est composé des deux producteurs, Gabriel Clermont et Charles-Antoine Besner, mais aussi d’autres producteurs locaux tels que Marie-Hélène Michaud de l’érablière des Écorchis. Le comité de développement, qui a pour objectif de soutenir les initiatives du milieu, contribue aussi au projet en faisant les demandes de subvention et en soutenant l’événement au niveau de la logistique.
Nourrir et tisser des liens dans la communauté
Le marché public aura lieu pendant la saison estivale tous les jeudis en début de soirée. Le moment de la semaine a été sélectionné pour qu’il devienne un rendez-vous familial où les gens vont se nourrir et échanger. Étienne Lévesque souhaite également favoriser les liens intergénérationnels. « Les personnes âgées qui vont souvent se promener dans le village en voiture, là, ils pourront les jeudis soir aller se présenter au marché public, regarder les familles, acheter et consommer sur place », indique le conseiller municipal. De plus, il y aura des animations pour les jeunes, des ballons et des jeux d’eau sur place.
Charles-Antoine Besner souligne aussi que le marché public crée un contact direct entre le producteur et le consommateur : « Le marché public permet de mieux informer le consommateur, de mettre un visage derrière les produits (…). Ça humanise ce qu’on mange au quotidien et ça permet de mieux comprendre le travail qu’il y a derrière ».
L’arrivée de La Ferme Vue d’en Haut vient donc bonifier l’approvisionnement de produits locaux pour les résidents des municipalités avoisinantes et contribue à favoriser les échanges entre les gens, grâce à leur implication dans la création d’un marché public. Le conseiller fait un parallèle intéressant pour montrer l’impact du marché public sur le tissu social : « Le parallèle que je fais souvent, c’est le perron de l’église à l’époque, qui était le lieu pour échanger. Maintenant, j’ai l’impression qu’avec les changements de coutumes, c’est le marché public qui va recréer cet événement-là de connecter les gens entre eux ».