
Dans le contexte de la flambée des prix du pétrole et alors que les pays cherchent des solutions de rechange au pétrole et gaz russes, qu’en est-il de l’autonomie énergétique au Bas-Saint-Laurent et quelles sont les pistes d’actions pour diminuer la dépendance aux hydrocarbures ? Le projet de recherche-action FabRégion Bas-Saint-Laurent a établi son deuxième portrait préliminaire de l’autonomie du Bas-Saint-Laurent dans le secteur énergétique. Entre 2018 et 2020, la région était à 35 % d’autonomie théorique totale, c’est-à-dire que la production régionale actuelle couvrait un peu plus d’un tiers des consommations énergétiques d’ici.
Le projet de recherche-action, coordonné par le Laboratoire en innovation ouverte (LLio) et porté par un collectif de partenaires,1 a pour mission de cocréer la transition vers une autonomie régionale durable. Selon leurs données estimées dans le secteur énergétique, la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne serait en pleine croissance au Bas-Saint-Laurent. Elle aurait plus que triplé de puissance entre 2010 et 2021, passant de 279,75 MW à 1114,65 MW, alors que la production hydroélectrique aurait diminué entre 2010 et 2020. En effet, le Bas-Saint-Laurent comptait en 2010 six sites de production hydroélectrique et il n’en reste plus que trois en activités en 2020. La production électrique à partir de l’énergie éolienne avait trois projets opérationnels en 2010, alors que 11 sites éoliens sont en activités en 2021.
Le transport routier, le talon d’Achille de l’autonomie énergétique au Bas-Saint-Laurent
La majorité (56 %) des consommations énergétiques sont liées aux hydrocarbures pour lesquels il n’existe aucune production locale et environ 70% de ces consommations en hydrocarbures sont liés aux transports routiers2. Avec une augmentation de 20 % de la consommation en hydrocarbures au Bas-Saint-Laurent depuis 2013, le principal enjeu pour l’autonomie énergétique régionale réside donc dans les capacités à réduire la consommation d’hydrocarbures et à les remplacer par d’autres sources d’énergies renouvelables. En effet, la production d’hydrocarbures n’est pas une voie souhaitable pour augmenter l’autonomie du Bas-Saint-Laurent dans des objectifs de durabilité. Par conséquent, il faudrait augmenter la capacité de production des énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, la biomasse ou l’électricité.
Plusieurs pistes d’action permettraient aussi de diminuer la consommation d’hydrocarbures : la réduction des déplacements en véhicule individuel, l’abandon de la deuxième voiture d’un ménage, la réduction de la taille et de la consommation moyenne des véhicules individuels, la réduction des livraisons de colis, en priorisant l’achat local et en évitant l’achat de biens non essentiels, ainsi que le développement des transports collectifs (autobus, covoiturage, autopartage, etc.).
Une tournée des territoires auprès des experts sectoriels est en cours afin de présenter ces résultats et de coconstruire les solutions à mettre en place pour opérer la transition vers une autonomie collective régionale durable. Le 9, 20 et 30 avril, les citoyens et les élus sont invités à ouvrir le dialogue sur le sujet.
[1] Le fablab Fabbulle du Cégep de Rivière-du-Loup, l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREM), Rimouski en transition, la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent (TCBBSL), la Société d’aide au développement de la collectivité du Kamouraska (SADC), le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL), le Collectif régional de développement du Bas-Saint-Laurent (CRDBSL), Économie sociale Bas-Saint-Laurent ainsi que des citoyens, dont le documentariste Hugo Latulippe