
Mathieu Bock-Côté, alias MBC, alias l’intello taillé dans un morceau de footballeur américain (merci madame Bombardier), occupe de nombreuses tribunes, ici comme en France, en se targuant de défendre la liberté d’expression et les valeurs démocratiques de l’Occident contre l’inquisition woke et les islamo-gauchistes et l’extrême gauche haineuse uqamienne. Bien que tous mouvements méritent des critiques, ses chroniques, qui se répondent à elles-mêmes, sont devenues si clichées et prévisibles qu’elles ont plus en commun avec une dictée troué qu’une forme d’analyse lumineuse.
Quiconque ayant un peu lu ce Générale de Gaulle des Basses-Laurentides sait très bien que MBC aime taper sur le même clou, selon les modes. Ce militant tapoche les mêmes cibles à l’image d’un mouvement aliéné dans une chaine de montage. Car l’information est un produit et le chroniqueur assemble ses textes comme un meuble IKEA en feu.
Celleux qui l’empêcheraient de dire ce qu’il veut et brimeraient la liberté de ses bons potes tels qu’Éric Zemmour, véritable Gargamel d’extrême-droite français, sont qualifiés de censeur. Mais là où le combat est inégal, c’est que ces fameux censeurs sont dépourvus de moyens de production et de tribunes aussi larges.
Mathieu Bock-Côté ne s’inquiète pas de la crise du logement ni des pouvoirs démentiels des multinationales ni de la concentration médiatique liberticide de son patron français Bolloré : des phénomènes qui participent à la disparition des populations et leurs cultures. Par contre, ce riche chroniqueur s’inquiète de façon maniaque du péril de l’immigration en faisant la promotion du «Grand Remplacement», une théorie de l’extrême droite1. Ce riche chroniqueur dénonce les élites, alors qu’il en incarne la version la plus crasse.
Tout ça pour dire qu’en février 2022, le collectif StopBolloré2 a alerté la population sur les dangers de la concentration des médias en France. Selon le collectif, « en quelques années, Vincent Bolloré a constitué un empire médiatique tentaculaire et entraîné une concentration de médias sans précédent. » Le collectif dénonce cette menace à la démocratie. (Au Québec, on pourrait faire le lien avec l’empire à Péladeau fils.)
Presse écrite, radios, chaines de télévision, maisons d’édition de livres, agences de communication, jeux vidéo, instituts de sondage, salles de spectacle, tous au service des ambitions idéologiques réactionnaires de l’homme d’affaires Vincent Bolloré.
Rien que dans le monde de l’édition, le requin de la finance possédera bientôt plus de 70 % des livres scolaires, la moitié des livres de poche, une centaine de maisons d’édition, avec un quasi-monopole sur la distribution des livres. Cette concentration de médias est sans précédent dans l’histoire de l’Hexagone. « Pour parvenir à ses fins, Bolloré emploie les méthodes qui ont fait sa réputation dans le milieu des affaires : casse sociale et management par la terreur », écrit le collectif.
Le pouvoir économique du richissime affairiste vise à asservir l’information pour mieux promouvoir les idées d’extrême droite. Ce féroce capitaliste est le patron de Mathieu Bock-Côté, c’est celui qui lui a ouvert les portes de la célébrité française.
C’est sur la chaine CNews que sévit Bock-Côté, entre autres. Le collectif StopBolloré décrit l’antenne ainsi : « Le paroxysme est atteint sur CNews où la polémique outrancière tient lieu de débat, le choix des invités fait fi du pluralisme, et la ligne éditoriale montre une obsession pour les thèmes d’extrême droite. La chaine devient le lieu de diffusion de discours haineux, racistes, homophobes, sexistes, celui de la promotion d’entrepreneurs identitaires, de l’incitation à la violence, celui de la banalisation du complotisme, du négationnisme climatique, finalement celui du triomphe du préjugé contre la science et la vérité. » Rien de moins. Qu’en dit le défenseur de la liberté Bock-Côté? Que dalle.
Combien de journalistes licenciés dans les médias contrôlés par Bolloré pour avoir osé exercer leur liberté professionnelle ? Combien d’auteurs privés de publications ? Combien d’intimidations via des poursuites judiciaires abusives ?
Mathieu Logorrhée-Côté sait très bien que la liberté des journalistes et des auteurs n’existe plus lorsque les rédactions et les maisons d’édition sont ainsi mises au pas et aussi concentrées. Alors, pourquoi ce silence? Pourquoi faire fi de ce Kraken français et poursuivre sa croisade paranoïaque contre les revendications des jeunes générations et la terreur de l’immigration? Sans doute que pour engranger le cash et le famous comme il le fait, on doit accepter de collaborer en se disant : « Mon cul, c’est du poulet et j’adore la pintade ». MBC, la doublure d’Éric Zemmour3 sur CNews, selon le journal Le Monde, est un dangereux collabo. Perso, je préfère les «alouettes en colère» écrasées par les temples à finances que les oiseaux de malheur travaillant pour le renard.
Dites-vous que si notre Bock-Côté tire à boulets rouges sur la gauche intersectionnelle étudiante, c’est que ça lui rapporte gros et qu’il peut déguster librement un filet mignon en compagnie de l’élite médiatique réactionnaire et liberticide.