
Saviez-vous que la Caisse Desjardins de Rimouski a un nouveau directeur général? Renaud Audet succède à Martin Desrosiers, nouvellement retraité.
J’en profite pour rappeler à monsieur Audet quelques critiques envers son institution qu’il voudra sans aucun doute corriger. En fait, on l’espère.
Saviez-vous que selon un rapport de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publié en 2019, le Mouvement des caisses Desjardins est en voie de devenir une banque comme les autres, au détriment des principes coopératifs qui formaient la base de cette institution financière québécoise?
Selon son auteure, Julia Posca, chercheuse à l’IRIS, « il faudra bientôt cesser de prétendre que Desjardins est autre chose qu’une banque. En fait, sa mission est peu à peu passée de caisse d’épargne destinée à améliorer la situation financière de la population à une institution qui cherche à maximiser ses rendements, au détriment des services aux membres ».
Les premiers à souffrir de ces méthodes de rationalisation sont les milieux ruraux. De 1990 à 2018, le nombre de caisses est passé de 1 350 à 238. Début janvier 2018, le Mouvement des caisses Desjardins a ainsi annoncé qu’il fermait les « centres de services » de six des établissements du comté de Kamouraska. Saint-André, Saint-Denis-De La Bouteillerie, Sainte-Louise, Saint-Roch-des-Aulnaies et Kamouraska. Les guichets automatiques de Kamouraska, Mont-Carmel, Saint-Roch-des-Aulnaies et Rivière-Ouelle ont déjà été retirés ou sont en voie de l’être.
Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir, Majella Simard, professeur de géographie à l’Université de Moncton, renchérissait : « Dans cette perspective, une étude que nous avons réalisée l’été dernier portant sur la qualité de vie des aînés en milieu rural néo-brunswickois révélait que la fermeture de la caisse populaire représente une véritable onde de choc pour certaines personnes âgées qui doivent effectuer leurs transactions dans une autre localité. Dès lors, la réorganisation des services de proximité a des incidences sur les habitudes de vie des individus en plus d’être un agent de déstabilisation du tissu social. Une telle restructuration est aussi contraire à l’un des principes fondamentaux en développement régional, celui de l’équité territoriale, selon lequel toute personne, peu importe sa localisation géographique, a le droit de bénéficier de l’égalité des chances en ce qui a trait à l’accessibilité d’un service, d’un emploi ou tout autre avantage régissant la vie en société. »
Un des piliers du Mouvement Desjardins, Claude Béland, va dans le même sens. Il considère que l’institution a « perdu son âme » en axant ses énergies sur les objectifs financiers plutôt que de s’occuper de ses membres.
Saviez-vous qu’en 2014, Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins à l’époque, affirmait que « la période d’austérité, de remises en question et de compressions qui s’amorce au Québec est un passage obligé que les Québécois doivent traverser » ? Est-ce encore une politique qu’appuie le Mouvement Desjardins ? Rappelons que la PDG avait vu sa rémunération globale bondir de 68% depuis 2009, en raison principalement d’une bonification apportée à son régime de retraite. Monique Leroux avait obtenu 3,1 millions de dollars en 2011 pour ensuite atteindre 3,9 millions $, en hausse de 6,6 % en 2016. Sa rémunération globale, à 3,1 millions, représente 36 fois la rémunération totale moyenne d’un employé de Desjardins. Austérité, vous dites ?
Une caisse qui pollue
Après des décennies à investir dans les énergies polluantes détruisant notre climat et l’environnement, en 2020, le Mouvement Desjardins annonce que ses 17 Fonds et Portefeuilles SociéTerre se retirent complètement du pétrole et des pipelines. Sauf que ! Précisons qu’outre la gamme SociéTerre, le Mouvement Desjardins ne prévoit pas se retirer des énergies fossiles présentes dans d’autres de ses fonds et portefeuilles. « On offre les deux options à nos membres, ça fait partie de la diversification. On est pragmatique dans notre approche. », a révélé le PDG du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.
Dans un reportage de l’émission La facture, Desjardins a été critiqué pour ses fonds SociéTerre, dont six sur 13 contiennent des entreprises travaillant dans les combustibles fossiles. Desjardins ne s’est jamais complètement désinvesti des projets de combustibles fossiles.1 Les cinq grandes banques canadiennes figurent toutes dans le top 25 des banques mondiales qui financent le plus les combustibles fossiles. Parmi les six banques de l’étude, RBC est le plus grand financier des combustibles fossiles, suivie de la Banque Scotia, de TD, de BMO, de CIBC, puis de Desjardins.
Une banque qui évoque des placements « verts », ce ne sont jamais des investissements qui ne polluent pas. Un peu moins détruire le monde n’est pas synonyme de « vert ». On reste à l’intérieur des mirages d’un capitalisme « vert » qui propose un développement « durable ».
J’ose imaginer que tout ceci indigne le nouveau directeur Renaud Audet? Le Mouton Noir adorerait avoir son opinion sur ces différents enjeux.