
« Présentement, il y a un génocide en Chine. Plus d’un million de Ouïghours n’ont plus de droits humains, ils sont soumis à des travaux forcés dans des camps de concentration, les femmes sont stérilisées violemment et les journalistes emprisonnés. Le CIO, qui organise les Jeux Olympiques est complice, il outrepasse sa propre charte. (…) Les Jeux Olympiques sont politisés. »
Jean-Luc Brassard, Tout le monde en parle, 30 janvier 2022
« Le moment tant attendu symbolisant l’ouverture des Jeux olympiques est arrivé! La flamme brille de mille feux à Pékin. »
Radio-Canada Sport, 4 février 2022
Il suffit de quelques breloques dorées brillantes pour faire oublier à plusieurs pies que les Jeux Olympiques sont une aberration écologique et sociale; un rassemblement mondial autoritaire imposé aux citoyens et destiné à gaver les multinationales; une soûlographie de corruption et d’infrastructures jetables camouflées par du greenwashing sportif; un patriotisme primaire enroulé de drapeaux et de pseudo fierté nationaliste qui reposent sur une petite élite sportive qui se tue à trop être en forme; un processus d’exploitation « plus vite plus haut plus fort » narré par des journalistes enthousiastes autant achetés que vendus. Le cadavre de l’esprit sportif repose aux pieds des dépressions nerveuses à répétition des athlètes endoctrinés. Les exploits sportifs les plus magistraux du 21e siècle appartiennent aux migrants.es qui traversent des pays à pieds et des mers en rafiot dans l’espoir riquiqui d’un avenir un peu plus doré, sans podium ni médaille.
Je manque d’intelligence pour bien comprendre les médias. Pour Radio-Canada, produire un podcast où un humoriste millionnaire se magasine un char de luxe électrique et s’achète une maison de luxe avec bidet en banlieue de Montréal, c’est parler d’écologie, et diffuser des Jeux Olympiques où la neige est à 100% artificielle dans un paysage aride sponsorisé principalement par le géant pétrolier PétroChina, c’est parler de sport. Misère. Je suis trop tarte pour bien suivre la marche du monde. C’est le pied droit ou gauche qu’on se met dans la bouche en premier pour devenir raisonnable?
Qu’est-ce que les Jeux Olympiques?
La création de désastres mondiaux pour qu’une poignée de musclés en lycra fasse exactement la même chose qu’il y a quatre ans mais un dixième de seconde plus rapide. Ça vaut la peine, hein?
Qu’est-ce qu’un sportif professionnel olympien?
C’est un sujet déshumanisé en marchandise de marque exécutant toujours plus vite le même mouvement machinal à l’intérieur de structures sur lesquelles il n’exerce aucune décision. C’est pas ce que Marx voulait combattre chez les ouvriers aliénés au 19e siècle? Il suffisait de leur donner une médaille. Consacrer sa vie à la répétition d’un même mouvement absurde transforme les athlètes en Sisyphe sponsorisé.
Des compétitions sportives mondiales, y’en a à l’année longue, la différence, c’est que les JO sont ultra médiatisés. Alors, ça aide pour l’après carrière, si certains athlètes espèrent se trouver une job de bégayeur sportif dans les radios commerciales. Pour co-animer une émission au côté de Véro, avoir gagné une médaille est plus important que de savoir pointer la Chine sur une carte.
Que fait notre média d’État?
Bien sûr, il eût quelques petits reportages informatifs sur certains enjeux sociaux et environnementaux, mais ils furent rapidement ensevelis sous les pets sauces propagandistes éructés de cloaques en forme de bouche, d’images sportives magistralement esthétiques et de potins de vie de couple de nos athlètes. « Nos » athlètes comme y disent.
En fait, c’est ça le problème, c’est que les médias mainstream en parlent de l’envers de la médaille olympique, mais pas trop longtemps et pas trop radicalement pour ne pas être des gâcheux de party. « Oui, oui, le génocide, bien sûr les magouilles du CIO, effectivement la dégradation mortelle du climat, ceci dit… VOICI LA FLAMME OLYMPIQUE! LA DÉLÉGATION CANADIENNE! L’ESPOIR! LE RÊVE! LE COURAGE, LA LÉGENDE, RAM! »
Offrons du mush à des chamans exaltés, ils sauront mieux nous informer par leurs visions multicolores que ne le fait la radio de nos impôts.
ICI Radio-Canada Bas-St-Laurent a courageusement partagé un concours sur sa page Facebook pour gagner des cartes cadeaux d’une valeur de 500$ pour nous équiper en sports d’hiver dans un grand magasin canadien. Yeah, think big sti. C’est disco-dystopique comme situation. Visiblement, la liberté n’est pas une marque de Ouïghour. Je suis curieux de savoir comment est-ce que les journalistes qui travaillent à la société d’État vivent toute cette propagande? Sont-ils solidaires de cette mascarade? Deux critères sont essentiels pour travailler chez Radio-Canada : abandonner son désir de révolte et avoir lu au moins un livre de Jean-Philippe Baril Guérard.
« Les Jeux olympiques, ces géants qui ne seront jamais verts. Malgré les promesses répétées des organisateurs des récentes éditions des Jeux olympiques, les impacts environnementaux de ces méga-événements ne cessent de croître. »
Le Devoir1
« Aux dernières nouvelles, Rome n’avait pas fini de rembourser les dépenses liées aux Jeux d’été de… 1960. Selon la mairesse, Virginia Raggi, la Ville paye encore les expropriations réalisées en marge des Jeux. »
Le Soleil2
Pourquoi des Jeux Olympiques?
On devrait renommer l’évènement : Jeux Politiques. Les JO ont pour principal objectif de développer notre sentiment nationaliste en prévision de leur prochaine guerre. Les athlètes ont plus en commun avec des militaires que d’une quelconque forme de bien-être physique positif. Pourquoi pensez-vous que ceux et celles qui se présentent en politique le font majoritairement dans des partis de droite? Visiblement, les journalistes de Radio-Canada ne peuvent comprendre et faire cette critique, car ils ont eux aussi développé un sentiment similaire envers la société d’État qui les embauche et les conditionne culturellement.
Le livre Les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu de Marc Perelman démontre la crosse olympique à merveille : « Ce livre dissipe les illusions progressistes entretenues autour de l’olympisme, à commencer par ce qui en constitue le point aveugle, à savoir que le sport de compétition ne ressemble en rien au jeu ou à l’activité ludique, et nie tout ce qui en fait le sel : gratuité, spontanéité, liberté du corps dans l’espace et le temps. […] Les Jeux n’ont comme horizon que la croissance : plus de licenciés, plus de spectateurs, plus d’argent. Et nous ne sommes pas obligés de leur dérouler le tapis rouge. »
Des Jeux d’hiver où il n’y a ni jeu ni hiver. Comparé aux Olympiques, le Super Bowl a des allures de rassemblement de hippies.
On pourra se consoler l’automne prochain avec la couverture de la coupe du monde de soccer au Qatar qui s’annonce aussi chaude qu’obscène : une aberration écologique et sociale (encore!) où des immenses stades à ciel ouvert climatisés, construits pour l’occasion, ont déjà causé la mort d’au moins 6500 ouvriers.3 Peut-être que Radio-Canada invitera encore Jean-Luc Brassard pour faire la job de journaliste critique que leurs larbins n’osent pas assumer.