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Les 50 ans de la dernière Opération Dignité

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Les 50 ans de la dernière Opération Dignité

Il y a cinquante ans le 15 février 1972 à Les Méchins, se réunissait plus de 300 représentants des municipalités et de la région pour lancer l’Opération Dignité III, une mobilisation populaire ayant pour but la sauvegarde et la mise en valeur des communautés rurales menacées de fermeture par le plan du Bureau d’aménagement de l’Est-du-Québec (BAEQ).

À la source de ces mobilisations, le plan du BAEQ visait à répondre à la problématique de la pauvreté dans les populations rurales en rapprochant les populations du marché du travail. Pour ce faire, le BAEQ avait entrepris la fermeture de villages et la relocalisation des populations dans des pôles régionaux, tels que Rimouski, Rivière-du-Loup, Matane ou Gaspé. Cette intervention gouvernementale va rapidement susciter la grogne des populations de l’Est-du-Québec et sera à la source du mouvement populaire de l’Est avec l’Opération Dignité I à Sainte-Paule, l’Opération Dignité II à Esprit-Saint et l’Opération Dignité III à Les Méchins. L’Opération Dignité III mettra l’accent en particulier sur la valorisation du domaine des pêches pour les communautés côtières, tout comme l’on fait les 2 premières Opérations Dignité pour le domaine de la forêt pour les communautés rurales.

Une Opération qui sonne le glas de la fermeture des villages

Martin Gagnon, coordonnateur du Centre de Mise en Valeur des Opérations Dignité, mentionne l’importance qu’a eue cette dernière Opération Dignité : « Ce qui a sonné le glas un peu de ce plan-là, ça été justement le rassemblement de Les Méchins, le 15 février 1972. Là, ils voyaient que les gens étaient sérieux : ils arrivaient avec des plateformes de négociations (…), ils avaient plusieurs revendications, notamment les conditions de travail des pêcheurs, les conditions de travail des forestiers, etc. ». De plus, il ajoute que ce mouvement de mobilisation amenait l’idée d’« une nouvelle forme de planification territoriale qui était beaucoup plus basées sur (…) la gestion intégrée des ressources que sur la centralisation des populations dans une ville en particulier en pensant que ça allait solutionner tous les problèmes du monde ».

Grâce aux Opérations Dignité, les communautés obtiendront la fin du programme de fermeture des villages en avril 1972 et du programme de migration volontaire en 1974. Plus d’une centaine de villages de l’Est-du-Québec seront sauvés de la fermeture annoncée par le BAEQ.

Un important héritage dans la région

L’Opération Dignité III permettra aussi de développer et de préserver d’importants héritages dans la région de Les Méchins. Un des gains obtenus est le maintien du chantier maritime à Les Méchins et de cales sèches en 1975, ainsi que l’obtention d’un chantier maritime coopératif pour la construction de barques de pêches afin de pallier le chômage hivernal. Martin Gagnon précise que leur chantier maritime, Verreault Navigation, était menacé d’être déplacé à Matane, ce qui aurait eu pour effet de déshabiller l’un pour habiller l’autre. La population de Les Méchins préserve ainsi ce chantier maritime, mais amène aussi l’idée que pour favoriser le développement économique de la région, il faut se doter des outils nécessaires. C’est ainsi qu’ils obtiennent la création d’un chantier maritime pour les petits chalutiers qui leur permet d’ajouter une activité économique dans la région et de créer des emplois durant la période hivernale. Martin Gagnon souligne que ce mouvement bénéficiera aussi du programme de formation de pêches en haute mer, aujourd’hui l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec à Grande-Rivière et de la création d’un comptoir de vente de poisson à Les Méchins, Les pêcheurs-Unis, qui va faire en sorte de réorganiser la commercialisation des produits de la mer dans la région. Le mouvement va aussi obtenir un programme de prêts sans intérêts pour améliorer leurs équipements de pêches.

 

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