Exclusivité Web

Le traitement du « fou » au fil du temps

Par Anne-Marie Urli le 2022/02
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Le traitement du « fou » au fil du temps

Par Anne-Marie Urli le 2022/02

Vers le 17-18e siècle à l’ère de l’industrialisation, les « fous » devinrent inutiles et inaptes, car incapables de faire partie de la masse prolétaire. La religion perdit de l’importance et ce fut au modèle rationnel de prendre place. Ainsi, le rôle qu’on accordait aux « fous » d’avoir accès au monde de l’au-delà et leur fonction mystique perdirent de l’importance pour qu’ils ne deviennent que des êtres dérangeants et inutiles, voir encombrants. On développa, alors, une grosse mécanique pour les enfermer et les contrôler. Parmi ces « fous », il faut préciser qu’il y avait toutes sortes de monde : Des itinérants, des enfants-mères, des personnes avec des anomalies physiques, des alcooliques, etc. Avec le développement de la science au 19e siècle, la « maladie mentale » devint quelque chose qu’il fallait traiter pour corriger la personne. On précéda à plusieurs formes de traitements, souvent très inhumains, pour corriger les torts de ces gens. Souvent, cette science cachait un aspect très moralisateur de la société du temps et des normes de l’époque. D’ailleurs, ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle, qu’un changement de paradigme s’opère. Plusieurs dont Francesco Basaglia, en Italie, se bâteront pour la désinstitutionalisation et la reconnaissance des droits des individus psychiatrisés. On encouragera, alors, ces gens à réintégrer le marché du travail. Aussi, plusieurs scientifiques de l’époque s’entendirent pour dire que le travail était une bonne solution pour les réintégrer. Malheureusement, cette désinstitutionalisation n’enleva pas des « bulles asilaires » et certaines mesures d’exception restèrent bien présentes. Par ailleurs, le communautaire faute de moyens ne put complètement absorber la transition. Conséquence, plusieurs personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et/ou étant des marginaux vécurent un transfert vers les prisons. Cette situation choqua plusieurs et on procéda à une ré-institutionnalisation avec l’usage plus fréquent aux hospitalisations forcées. Mais comme plusieurs le disent, il y aura toujours des gens qui tomberont entre les mailles du filet. L’hospitalisation forcée, la « cure fermée », comme on disait avant, va engendrer l’effet de la porte tournante. Cela est révélateur du manque de suivi dans la communauté et de la portée limitée de la médicalisation des troubles. Par ailleurs, le travail bien que bénéfique pour l’estime personnelle des gens deviendra de plus en plus, au fil des décennies, source de souffrance psychique. Avec le capitalisme effréné et l’individualisme montant, le nouveau mal du 21ème siècle est maintenant la dépression. Alors peut-on dire que la société est responsable d’une certaine manière des problèmes de santé individuel? Si oui, quelle est la solution? Pensez-vous que le terme « fou » peut être renversé dans sa signification et/ou utilisé de manière subversive? Quel est notre responsabilité à tous dans ce nouveau mal du siècle? Les « fous » (ou ceux qu’on étiquette comme tel) ont-ils quelque chose à nous apprendre? Ces questions méritent d’être posées.

 

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