
Le taux de participation aux élections municipales du 7 novembre a été famélique, notamment dans les grandes villes de la province. Mais les résultats du Bas-Saint-Laurent montrent que dans certains villages, l’intérêt pour la politique municipale est très marqué.
Sept municipalités du Bas-Saint-Laurent ont obtenu un taux de participation supérieur à 70 %. Leur point commun? Ce sont toutes de petites localités : la plus peuplée d’entre elles, Packington, a 603 habitants à peine.
Dans plusieurs de ces villages, on a assisté à des courses enlevantes : ainsi, toujours à Packington, Jules Soucy l’a emporté avec 16 voix d’avance (200 à 184) contre Patrick Michaud. À Sainte-Florence, 19 voix séparent le maire réélu Carol Poitras (132) de son adversaire Claude Marineau. « Les candidats ont vraiment fait sortir le vote. Étant donné que les gens de Sainte-Florence sont très impliqués dans leur communauté, ils ont répondu à leur appel », remarque la directrice générale Josée Richard, qui a travaillé à l’organisation des élections et se félicite que la participation ait atteint 75,5 %.
Le résultat est également serré à Saint-Onésime-d’Ixworth (Benoît Pilotto l’emporte 160-132) et à Saint-Adelme (23 voix d’avance pour Josée Marquis), mais moins à Saint-Octave-de-Métis, où Maxime Richard-Dubé a récolté 61,56 % des suffrages face au maire sortant Martin Reid.
La polarisation augmente la participation
La proximité entre citoyens et conseil municipal peut expliquer le fort taux de participation dans certains villages. Mais des dynamiques locales ont également un impact important, et poussent les gens à se rendre au bureau de vote.
À Saint-Jean-de-la-Lande, qui bat tous les records de participation (79,8 %), un événement peut expliquer la mobilisation de la population. Cette année, la Commission municipale du Québec a statué que le maire sortant Jean-Marc Belzile avait commis des manquements d’ordre éthique et déontologique : il a utilisé les ressources de la municipalité à d’autres fins que l’exercice de ses fonctions, en réclamant le remboursement de dépenses auxquelles il n’avait pas droit.
Dimanche, Jean-Marc Belzile a été largement battu dans ce village du Témiscouata : il n’a emporté que 20,57 % des voix face à son successeur, Léo-Paul Charest.
À Saint-Vianney, dans La Matapédia, on peut expliquer la forte participation (70,9 %) par les conflits qui divisent le village : le maire Georges Guénard a été facilement reporté au pouvoir (76,1 % des suffrages) face à un membre du groupe d’opposition qui s’est formé il y a quelques années dans cette municipalité. À Padoue (73,2 % de participation), Jennifer Laflamme l’emporte également haut la main (72,84 %), mais le bureau municipal était fermé lorsque Le Mouton Noir a appelé pour connaître les raisons de cette ample victoire.
Les villes sont partout des mauvais élèves
À l’inverse, parmi les 10 endroits où le taux de participation a été le plus faible au Bas-Saint-Laurent, on retrouve les quatre villes de plus de 3000 habitants où le poste de maire était sujet à une élection. Il s’agit de Trois-Pistoles (52,3 %), Rimouski (44 %), Amqui (41,2 %) et Matane (39,6 %), quatre courses qui ont pourtant été assez médiatisées. Même si Guy Caron a écrabouillé Virginie Proulx à Rimouski avec 80,71 % des suffrages, c’est donc seulement 35,5 % des personnes inscrites sur la liste électorale qui ont voté pour lui.
On retrouve cette tendance partout au Québec : bien que les villes aient de plus en plus de pouvoirs, et bien que de nombreux citoyens ruent dans les brancards à chaque hausse de taxe foncière, les élections municipales intéressent peu de gens dans les grands centres. C’est bien simple, toutes les grandes villes ont des taux de participation inférieurs à 50 % : Saguenay obtient 46,9 %, Québec 45,2 %, Trois-Rivières 36,2 % et Gatineau 35,1 %. À Laval, c’est même 28,8 %…
Au Bas-Saint-Laurent, c’est à Sainte-Luce qu’on a le moins voté (38,4 %). Pourtant, deux candidatures très différentes étaient en lice dans cette municipalité, qui aura Micheline Barriault comme mairesse pour les quatre prochaines années.
La palme de la dépolitisation revient toutefois à Rivière-du-Loup, où le maire Mario Bastille et cinq conseillers ont été élus par acclamation, faute d’opposants. Seul le district de la Plaine était concerné par une élection, et le taux de participation y a été de 24,8 %. En tout, seuls 728 Louperivois sur 20 000 ont donc voté…