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LA MISSION D’UNE CDC

Par OPHÉLIE COUSPEYRE le 2021/10
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LA MISSION D’UNE CDC

Par OPHÉLIE COUSPEYRE le 2021/10

Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, santé, éducation, défense des droits ou encore mobilité et accès au logement sont autant d’enjeux auxquels les communautés sont confrontées et auxquels les organismes communautaires tentent de répondre. Créés à l’initiative des citoyennes et des citoyens, ces organismes jouent un rôle essentiel dans la détermination des besoins et des meilleures solutions à déployer. La pratique de l’action communautaire autonome (ACA) permet aux individus et aux communautés de reprendre du pouvoir sur des situations jugées problématiques et de développer leur capacité individuelle, mais aussi collective d’agir. À travers ses pratiques, ses façons de faire et de penser, l’ACA vise ultimement à transformer la société dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des personnes et des groupes qui la composent et d’atteindre une plus grande justice sociale.

Bien qu’enracinés dans les territoires, les organismes communautaires du Québec peinent parfois à faire reconnaître leur travail et leurs pratiques. Afin d’assumer pleinement leurs missions dans un contexte marqué par le désengagement accéléré de l’État, mais aussi pour être considérés à juste titre comme des acteurs incontournables du développement, ces organismes se regroupent au sein de corporations de développement communautaire (CDC). Le réseau national compte 67 CDC réparties dans quinze régions du Québec et regroupant plus de 2 500 organismes communautaires. Dans le Bas-Saint-Laurent, on compte quatre CDC qui ont des territoires d’appartenance divers allant d’une MRC, pour Matane, la Matapédia et le Kamouraska à un territoire plus large regroupant les Basques, le Témiscouata et Rivière-du-Loup pour la CDC des Grandes Marées. Ces corporations représentent à elles seules 122 organismes communautaires autonomes et d’économie sociale qui œuvrent dans divers champs d’activité.

Les CDC sont un instrument de concertation et de soutien pour leurs membres et contribuent à une meilleure visibilité des organismes communautaires. Elles travaillent par ailleurs en partenariat avec les acteurs institutionnels, municipaux, paramunicipaux, socioéconomiques, communautaires et les citoyens et les citoyennes de leur territoire à la constitution d’espaces de coopération, jouant un rôle d’interface entre l’ensemble des parties prenantes du développement des territoires. À ce titre, les corporations animent ou encore coordonnent des tables multisectorielles et multiréseaux en développement social. Ces tables permettent de développer une vision partagée des enjeux à résoudre et constituent un réel espace d’idéation pour coconstruire et coproduire des projets structurants pour la communauté.

Parmi les projets issus de ces partenariats au Bas-Saint-Laurent, citons la mise en fonction du véhicule récréatif collectif la « Basques-mobile1 », un projet initié par la Table d’action communautaire autonome et soutenu entre autres par la CDC des Grandes Marées. Afin de permettre l’accès aux services et aux activités sur le territoire des Basques, mais aussi pour contrer les obstacles à la mobilité des personnes, des organismes communautaires ont décidé d’acquérir un véhicule collectif et de déployer leurs services en milieu rural, pour assurer le maintien et favoriser le développement de services de proximité. Autre initiative collective inspirante dans le Bas-Saint-Laurent, dans le cadre du déploiement des alliances pour la solidarité : la participation citoyenne des personnes concernées par les enjeux sociaux. Portée, entre autres, par l’action communautaire et considérée comme essentielle à toute démarche de développement territorial, cette initiative a débouché sur un plan d’action local concerté dans les huit MRC de la région. Ce plan reconnaît l’expérience vécue par les personnes en situation de pauvreté et a permis d’expérimenter l’approche PAR, POUR et AVEC les personnes concernées par les enjeux dans toutes les phases, c’est-à-dire de l’idéation à la réalisation des projets.

La reconnaissance du rôle incontournable de l’action communautaire autonome dans le développement social local se joue toutefois aussi au niveau national. Si la crise sanitaire a prouvé, une fois de plus, que les groupes d’ACA ont la capacité de s’adapter et de répondre rapidement aux besoins sociaux émergents sur leur territoire, elle a aussi mis en exergue les enjeux auxquels ces derniers sont confrontés pour réaliser leurs missions, notamment leur sous-financement chronique2 et la précarité des emplois que cela engendre3. Sans reconnaissance ni financement adéquat et structurel de la part du gouvernement provincial, l’action communautaire autonome aura de la difficulté à sortir de la réponse aux besoins d’urgence et à se concentrer à long terme sur sa visée de transformation sociale.

1. CDC des Grandes Marées, « Véhicule récréatif collectif : la  » Basques-mobile  » », 2019, www.tncdc.com/innovation-sociale-cdc-grandes-marees/

2. « Engagez-vous pour le communautaire », https://engagezvousaca.org/

3. Mylène Fauvel, Yanick Noiseux et Léa Coget, Précarité au travail et pratiques de gestions dans le mouvement de l’action communautaire autonome, GIREPS, 2020.

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