
Le LAB Nourrir notre monde, qui a pour but d’accroître l’autonomie alimentaire de la Haute-Gaspésie, fête en fin de semaine son premier anniversaire. Une bonne occasion pour présenter les différentes infrastructures nourricières qui vont se concrétiser grâce à son équipe dans les prochains mois, dans une MRC où l’accès à des aliments sains n’est pas toujours facile.
Projet pilote doté d’un budget de 800 000 $ sur trois ans, le LAB Nourrir notre monde a organisé des rencontres de mobilisation avec les citoyens dans une quinzaine de localités. Au cours de celles-ci, les besoins de la population ont été abordés. Par la suite, des comités citoyens ont été formés pour mener à bien la mise en place des infrastructures.
Deux projets sont déjà en cours de réalisation : le premier, à Marsoui, consiste en l’aménagement d’une cour d’école nourricière et devrait être terminé dans les prochains mois. Le second, à Tourelle, vise à mettre en place une serre communautaire. Cela se fera en collaboration avec l’organisme communautaire Enfantaisie, qui prêtera son terrain pour que la serre soit construite.
Du caveau communautaire au parc fruitier
D’autres projets sont bien avancés mais les comités qui les portent ont encore des étapes à franchir avant de pouvoir les concrétiser – il peut s’agir, par exemple, de déposer un budget ou d’obtenir une autorisation municipale.
Ainsi, à Rivière-à-Claude, un caveau communautaire devrait être aménagé sur le terrain de la coopérative RAC City, qui fait du maraîchage en saison estivale. Selon la co-coordinatrice du LAB Nourrir notre monde, Roxane L’Allier, il s’agira d’un bâtiment creusé, « comme une maison de hobbit avec un toit vert et une petite porte en bois. Un tiers de l’espace sera réservé à la population, qui pourra y stocker ses légumes d’hiver. »
À Cap-Seize, il existe depuis quelques années une halte nourricière où tout le monde peut cueillir librement des fruits et des légumes. Prochainement, un cabanon-serre y sera construit. En gros, il s’agit d’un bâtiment séparé en deux parties : d’un côté un espace de rangement, de l’autre une serre.
À Sainte-Anne-des-Monts, c’est un parc nourricier avec des arbres fruitiers qui verra le jour, tandis qu’à Cap-Chat, village durement éprouvé par la fermeture de son épicerie, c’est un jardin communautaire qui sera aménagé. Mont-Saint-Pierre veut s’offrir une salle à semis, et Mont-Louis un jardin bigénérationnel en bacs.
Répondre à des besoins de base pour commencer
Le projet de La Martre est moins avancé, mais très original : il s’agit d’une table à poisson, c’est-à-dire un endroit où les personnes qui vont pêcher sur la grève pourront nettoyer leur poisson. Cela faciliterait l’accès à la pêche, pense Roxane L’Allier, mais permettrait également de faire de la sensibilisation à la gestion des déchets générés par cette activité – qui sont souvent rejetés à l’eau.
Les différentes consultations avec les citoyens ont donc débouché sur une grande variété d’idées, au grand plaisir de l’équipe du LAB Nourrir notre monde. « On est beaucoup dans la production, avec des jardins et des serres, constate Roxane L’Allier. Au début, on visait l’exploration de techniques innovantes, mais on se rend compte qu’il faut d’abord répondre à des besoins de base : on travaille dans un désert alimentaire, il y a beaucoup de localités qui n’ont pas de production locale. »
Il reste un an au LAB pour conclure ces projets, et réussir à en lancer d’autres dans les villages qui ne se sont pas encore prononcés (comme Gros-Morne, L’Anse-Pleureuse ou Ruisseau-Castor). Mais l’objectif final est plus grand encore : il s’agit de rendre les comités citoyens autonomes, afin qu’ils soient capables de gérer et entretenir les infrastructures qui auront ainsi été créées… voire de lancer d’autres initiatives en lien avec l’autonomie alimentaire. Éloignée de tout et seulement reliée au reste du monde par la route 132, la Haute-Gaspésie en a bien besoin.