Le blogue du rédac

Congestion à Rivière-Trois-Pistoles : et si on parlait de la taille des véhicules?

Par Rémy Bourdillon le 2021/07
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Congestion à Rivière-Trois-Pistoles : et si on parlait de la taille des véhicules?

Par Rémy Bourdillon le 2021/07

C’est devenu un classique estival : pendant quelques samedis, d’imposants bouchons de circulation se forment à Rivière-Trois-Pistoles, à l’emplacement de la Fromagerie des Basques. Samedi 17 juillet, la file de véhicules remontait sur une dizaine de kilomètres, jusqu’à la sortie de Saint-Éloi sur l’autoroute 20 d’après des internautes ayant commenté une publication de Radio-Canada à ce sujet. 

À chaque fois qu’un article évoquant ces problèmes de circulation se retrouve sur les réseaux sociaux, les mêmes observations reviennent dans les commentaires : on fustige les propriétaires de la fromagerie pour avoir installé un restaurant de l’autre côté de la route 132, et on voit dans ce ralentissement ponctuel la nécessité de prolonger l’autoroute. Mais jamais ne parle-t-on de la grosseur des véhicules impliqués dans la congestion, qui ont pourtant un impact direct sur la longueur de la file et la vitesse à laquelle elle se meut.

Il suffit d’observer les images retransmises par les chaînes régionales de télévision pour en avoir le cœur net : en cette période de vacances, on trouve dans les embouteillages de Trois-Pistoles un grand nombre de véhicules surdimensionnés, qu’il s’agisse de camionnettes tractant des roulottes grosses comme une maison ou de véhicules récréatifs ayant souvent la taille d’un autobus, trainant même parfois un VUS derrière eux!

Les attelages susnommés faisant souvent la taille de trois voitures, la longueur de la file d’attente s’en trouve  clairement affectée. On pourrait leur rappeler l’adage « Vous n’êtes pas pris dans le trafic, vous êtes le trafic », trois fois plutôt qu’une.

C’est d’ailleurs un phénomène que l’on observe partout, du fait de l’augmentation de la taille moyenne des véhicules : ainsi, dans la grande région de Montréal, le parc automobile occupe aujourd’hui l’équivalent de 16 parcs Lafontaine de plus qu’il y a 10 ans, selon une étude de Polytechnique Montréal. Il s’agit là d’une conséquence directe de l’engouement des québécois pour les VUS, dont les ventes battent des records année après année.

Plus lent au démarrage

De plus, des véhicules aussi lourds démarrent beaucoup moins facilement qu’un véhicule léger. Un bouchon de circulation étant au final une succession de démarrages et d’arrêts, la présence de monstres motorisés augmente mécaniquement sa longueur.

En fait, étant donné l’afflux de vacanciers ces derniers temps au Bas-Saint-Laurent, il est fort probable que pour cette raison, même sans fromagerie, il y aurait tout de même des ralentissements causant plusieurs minutes d’attente dans le secteur de Trois-Pistoles, où on trouve un arrêt obligatoire à la fin de l’autoroute 20, une jonction avec la route 132, puis quelques kilomètres plus loin un feu de circulation à l’intersection de la route 293.

D’ailleurs, à Sainte-Flavie, il n’y a pas de fromagerie mais il y avait aussi de la congestion en fin de semaine, provoquant parfois une heure et demie d’attente. Dans ce cas-ci, c’est la fermeture de l’autoroute qui serait responsable de la situation, selon le ministère des Transports.

Vendre des véhicules toujours plus gros, pour emporter toujours plus de marchandises et ainsi ne pas perdre le confort de nos pavillons de banlieue… Cela a clairement un impact sur la congestion routière, mais pour l’instant une crotte de fromage suffit à cacher cette surconsommation transportée depuis Boisbriand. Les congés devaient nous servir à déconnecter de nos vies quotidiennes, les voyages à découvrir d’autres modes de vie. L’échec est patent : puisque les vacances créent des bouchons, on les utilisera bientôt comme prétexte pour prolonger une autoroute. Comme en ville.

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