
Docteur Landry rides again! Grand bien nous fasse. Poussière de route est son tout dernier recueil de nouvelles — et de récits, selon moi. Et la plume de ce compagnon de Plume, ex-tiers de la Sainte-Trinité à la fin des mythiques années 1960, qui était qualifiée par la police de « Cellule Divertissement » pendant la crise d’Octobre 1970, est toujours habile, alerte, ludique et lucide. Un petit clin d’œil en passant à l’auteure de la très belle photographie de couverture, parfaitement en phase avec le titre du recueil, Fernande Forest, qui a conçu il y a maintenant 26 ans la maquette originale du journal que vous avez entre les mains, journal dans lequel Pierre Docteur Landry commet Chronique d’un faux docteur de campagne depuis plus de 20 ans.
Poussière de route se compose de 12 nouvelles. Curieux tout de même que ce recueil me tombe dans les mains au moment où je lis avec ravissement la version première – the original scroll – de On the road, de Jack Kerouac, dont le paternel était de Saint-Hubert et la maman de Saint-Pacôme. L’ouest du Bas-Saint-Laurent sied bien aux écrivains de la route, il semble. Kerouac est né à Lowell au Massachusetts, mais il s’est toujours réclamé de ses origines canadiennes-françaises et bas-laurentiennes. Et c’est ainsi que je désignerais le recueil de mon grand ami Pierre Landry, qui vit à Saint-Alexandre-de-Kamouraska : un livre de route. Et cet homme des Portages a beaucoup portagé. Et partagé. Et comme dit le proverbe, Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
Dans ce recueil, Pierre Landry marie très bien la fiction et la réalité. Les finales de certaines nouvelles peuvent nous faire lâcher un « ah ben tabarnac » bien senti ou un plus retenu « oh non, mautadine! » Poussière de route vous accompagnera dans le Rivière-du-Loup de l’après cataclysme du XXIe siècle, à Paris, un certain mois de novembre, à Cacouna, à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie, à New York, à Arvida, à Percé, ainsi qu’à Saint-Clin-des-Bas-Fonds – pour les néophytes, ça se trouve entre Sainte-Nulle-Part et les Machins, pas loin d’icitte, après là-bas. Vous passerez d’histoires d’amour à l’enfer d’un inspecteur de police, du monde de bibliophiles à celui de flos arvidiens, du voyage d’un capitaine de voilier au dernier périple d’un couple d’aînés amoureux, au bout de la 20.
Évidemment, dans un recueil de textes, on a ses favoris. Pour ma part, Arvida, mi-nouvelle, mi-récit de vie, Poussière de route, qui a donné son titre au recueil, tout aussi vécue qu’inventée à mon sens, et Effet de chair, pour sa finale pour le moins explosive, et Death metal m’ont séduit.
Poussière de route, compagnon de route, de sofa, un verre de rouge à la main, ou de table de chevet, est un livre que j’offrirais avec plaisir à quelqu’un que j’aime.