
C’est d’un point de vue bas-laurentien que Hugo Latulippe a décidé d’aborder certains enjeux environnementaux dans sa dernière série documentaire Ça change quoi? La crise climatique. Le cinéaste, établi à Cacouna, tente de répondre à cette question en discutant avec des invités issus de plusieurs milieux.
La diversité des interlocuteurs, de différentes générations, mais provenant majoritairement de la région, de naissance ou d’adoption, contribue à dresser un portrait global de la question, qui est réfléchie à partir de multiples regards : scientifique, philosophique, artistique ou encore éducatif. Toutefois, bien que l’alimentation soit abordée avec la chef Colombe St-Pierre, l’approche paysanne incluant les questions de production alimentaire, pourtant au cœur des luttes environnementales, n’est pas représentée. On trouve tout de même un épisode avec Jean Bédard, qui semble toutefois invité en tant que philosophe plutôt que comme paysan. Un épisode est aussi consacré à une discussion avec Jacques Tremblay, le chef de la nation Wolastoqiyik, qui amène un point de vue important, considérant que les nations autochtones sont au centre des enjeux environnementaux et que la série est produite sur les territoires de cette nation.
Les questions restent sensiblement les mêmes dans chacun des seize épisodes de vingt-cinq minutes. Elles ont trait tant au cheminement militant personnel des intervenants qu’à leurs opinions et à leur vision globale de la crise climatique. Hugo Latulippe tente de comprendre la source de l’éveil de ses invités et de soulever des solutions concrètes en regard de l’urgence de la situation. La perspective avec laquelle sont traités les enjeux est plutôt optimiste, se concentrant sur la réalisation possible d’une prise de conscience chez l’humain et de changements dans ses habitudes, bien que le discours varie en fonction des invités.
L’objectif de la série documentaire est de « fournir des outils pour contribuer à la compréhension de la crise climatique et au rôle que les individus peuvent jouer comme partie prenante de la société ». Le ton des entretiens semble axé sur la responsabilité individuelle et le geste individuel, sans pour autant aborder l’impossibilité ou les difficultés majeures pour une grande partie de la population d’agir sur cet enjeu. Pour éviter que les individus n’ayant pas le temps, les ressources financières ou l’éducation nécessaire pour agir soient blâmés, il me semblerait pertinent que les discours environnementaux traitent des injustices sociales menant à une inégalité des moyens d’action. Ainsi, ceux et celles qui considèrent posséder des moyens pourront peut-être développer un sentiment de responsabilité collective d’autant plus fort, leur permettant d’intégrer ces inégalités systémiques à leurs engagements.
Outre de courts segments en mode « confessionnal », où la personne invitée répond à la question-thème en aparté, ou encore fait la lecture d’un texte qu’elle trouve pertinent en regard du sujet, la série offre une forme documentaire traditionnelle, rappelant le talk-show, où animateur et invité s’entretiennent sur des sofas, dans une salle épurée.
Bien que certaines entrevues s’ancrent dans une perspective de développement économique écologique, d’autres mènent à une réflexion plus critique du système capitaliste régnant. La série nourrira inévitablement une réflexion sur différents aspects des enjeux environnementaux chez son téléspectateur.
Ça change quoi? La crise climatique est disponible pour visionnement sur la chaîne Savoir.média et sur la chaîne YouTube de maCommunauté.