Le blogue du rédac

Une bande dessinée pour développer l’empathie envers les immigrants

Par Rémy Bourdillon le 2021/02
Image
Le blogue du rédac

Une bande dessinée pour développer l’empathie envers les immigrants

Par Rémy Bourdillon le 2021/02

Pour sensibiliser la population aux nombreuses difficultés que les immigrants rencontrent en arrivant au Québec, la MRC de La Matapédia a décidé de miser sur un outil original, en l’occurrence la bande dessinée.

Réalisé par l’artiste matapédien Nick Micho, Immigréalité est un document d’une quarantaine de pages où l’on découvre des personnages comme Kofi l’Ivoirien, Anisah la Marocaine ou Sebastián le Mexicain. Ce sont tous des personnages fictifs, bâtis à partir de témoignages recueillis auprès d’immigrants bien réels.

Les tracasseries qu’ils rencontrent sont donc elles aussi véridiques. Les diplômes qui ne sont pas reconnus, le sentiment d’isolement que l’on ressent quand on ne connait personne, le froid mordant, l’hiver qui s’éternise et où il fait sombre dès 15 heures… Autant d’irritants qui pourrissent la vie des nouveaux venus, mais qui laissent les Québécois de souche indifférents. « Dis-toi qu’il n’y a pas de mauvaise température lorsqu’on a les vêtements adéquats », dira par exemple l’un d’entre eux à un Kofi frigorifié à sa sortie de l’avion.

Sélectionnées selon leurs diplômes, les personnes migrantes ne sont pas non plus sur un pied d’égalité : le travailleur agricole saisonnier mexicain ou guatémaltèque doit enchainer les heures pour un seul patron quelques mois par an sans espoir d’immigrer définitivement au Canada, quand la jeune Française munie de son permis vacances-travail va où elle veut.

Nick Micho aborde frontalement ces questions, avec d’autant plus de justesse qu’il a lui-même vécu un processus d’immigration en même temps qu’il dessinait cette BD : son épouse, native des Philippines, est venue s’installer avec lui à Saint-Zénon-du-Lac-Humqui, ce qui représente un sacré dépaysement… Un chapitre porte d’ailleurs sur les couples binationaux et la patience dont ils doivent s’armer avant d’être réunis.

Un travail collaboratif

La professeure d’anthropologie au collégial et résidente du Kamouraska Annie Demers Caron, qui est aussi formatrice en relations interculturelles, a relu l’œuvre et recueilli quelques commentaires de personnes immigrantes. « On est aussi allé voir dans notre réseau comment les propositions d’histoires étaient reçues, raconte la conseillère en développement, promotion et attractivité de la MRC de La Matapédia Isabelle Pinard. Suite à la première lecture, beaucoup de modifications ont été faites. Ça a été un travail très collaboratif! »

L’action n’est pas centrée sur La Matapédia, mais se déroule un peu partout au Québec. « On y a réfléchi au départ, puis on s’est dit : pourquoi se restreindre à notre territoire? Ça pourrait permettre à d’autres gens de se sentir concernés », explique Mme Pinard. Le choix même du médium a été fait afin d’attirer l’attention d’un plus grand nombre de personnes.

Cette bande dessinée pourrait même intéresser de futurs néo-Québécois n’ayant pas encore entrepris le grand voyage, pense Isabelle Pinard, puisqu’elle les renseignera sur les nombreux défis qu’ils rencontreront à leur arrivée.

Immigréalité sera bientôt disponible dans toutes les bibliothèques du Bas-Saint-Laurent. Le livre sera également distribué à tous les établissements scolaires de la région (sauf au niveau primaire) et à des organismes comme Accueil et intégration Bas-Saint-Laurent, le Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social (CIBLES) ou le Cabaret de la diversité.

On peut également lire la BD en ligne sur le site de la MRC.

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

Le Kamouraska aussi a ses problèmes de logement

Image

Voir l'article suivant

À propos de l’amour véritable