
La Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent sont les régions du Québec dont le parc automobile s’est le plus accru lors des dix dernières années, selon l’édition 2021 de L’État de l’énergie au Québec, un rapport annuel publié par HEC Montréal sous la direction des chercheurs Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau.
En effet, le taux de motorisation (soit le nombre de véhicules par 1000 habitants) a augmenté de 11,9 % en Gaspésie entre 2010 et 2019, pour s’élever à 747 véhicules par millier d’habitants. Dans le même temps, au Bas-Saint-Laurent, on compte 679 véhicules pour 1000 habitants, une hausse de 9,9 % par rapport à 2010.
La Gaspésie est même la région qui a le plus haut taux de motorisation du Québec, loin de la moyenne provinciale qui est de 569 véhicules par 1000 habitants. Le Bas-Saint-Laurent se classe troisième, derrière l’Abitibi-Témiscamingue (685).
Conséquence de cette extension du parc automobile, Gaspésiens et Bas-Laurentiens consomment de plus en plus d’essence. Les ventes de carburant par personne ont augmenté de 9,6 % en Gaspésie et de 9,6 % au Bas-Saint-Laurent.
Moins de voitures, plus de camions
À l’échelle du Québec, malgré le plus grand nombre de véhicules, les ventes de carburant par personne n’ont pas augmenté entre 2010 et 2019. Elles sont restées stables, passant de 1083 litres à 1073. La population augmentant, cela implique toutefois une augmentation de la consommation totale.
« Cette dynamique est extrêmement importante à prendre en compte si le Québec veut atteindre sa cible de réduction des ventes de produits pétroliers de -40 % d’ici 2030, qui est nécessaire pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES de 2030 », écrivent les auteurs du rapport.
En effet, le secteur des transports représente le tiers de la consommation totale d’énergie du Québec, d’après les données de l’Office de l’efficacité énergétique. Les véhicules personnels sont responsables de la moitié de cette consommation, et le transport commercial de marchandises et de voyageurs de l’autre moitié.
Les voitures électriques sont de plus en plus prisées et représentaient 6 % du parc automobile québécois en 2019. Mais ce phénomène est négligeable devant un autre beaucoup plus inquiétant, à savoir l’explosion du nombre de camions – une catégorie qui comprend les minifourgonnettes, les véhicules utilitaires sport (VUS) et les camionnettes. Chaque fois qu’il se vend une voiture électrique dans la province, il se vend 11 camions…
« Depuis 2015, il se vend plus de camions que de voitures au Québec, et l’écart se creuse d’année en année », dit le rapport. Entre 1990 et 2019, le nombre de voitures vendues (incluant les électriques) a baissé de 29 %, mais le nombre de camions vendus a augmenté de… 284 %. Sur cette même période, le parc de véhicules personnels au Québec a augmenté de 66 %, soit une hausse trois fois plus importante que la croissance démographique de la province (+20 %).
En d’autres termes, toutes les améliorations techniques des moteurs (permettant de consommer moins d’essence) ont été compensées par des achats plus nombreux de véhicules plus gros, et qui consomment donc davantage. En économie, cela s’appelle l’effet rebond, et jamais le Québec ne remplira ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre s’il ne s’y intéresse pas sérieusement.