
Le groupe bas-laurentien Prospérité sans pétrole unit sa voix à une soixantaine d’organisations en signant la Déclaration de la Convergence pour la sortie de crise, et ne demande pas moins qu’un changement de système économique afin d’affronter les défis présents et à venir.
« Nous craignons le retour du business as usual. Déjà, on entend parler de relance de l’économie en assouplissant les règlements au niveau de l’environnement », explique la co-porte-parole Noémi Bureau-Civil.
« Justice sociale, justice écologique, même combat! », peut-on lire dans la lettre signée par Prospérité sans pétrole. Celle-ci émane de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’aide aux citoyens (ATTAC-Québec), et n’est pas sans rappeler les revendications des Gilets jaunes français.
On y décrit la situation actuelle comme une « crise globale sans précédent », dans la mesure où « il s’agit d’une crise sanitaire qui se transforme peu à peu en crise financière et économique » et qui se situe de plus « dans un contexte historique où la vie humaine est menacée ».
En effet, les changements climatiques, la destruction de la biodiversité et le dépassement du seuil de soutenabilité pour la planète sont toujours réels, bien qu’éclipsés par la pandémie. La Covid-19 a temporairement réduit les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) mais a empiré une situation déjà critique sur le plan social, en accroissant encore les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres.
Relancer la mobilisation
Selon le secrétaire d’ATTAC-Québec Jacques Bouchard, l’intention de cette déclaration est de relancer la mobilisation qui s’était mise en branle avant la pandémie, et qui faisait en sorte « qu’on commençait vraiment à parler de transformations au niveau de l’environnement ». Parmi les signataires, on retrouve de nombreux groupes écologistes mais aussi des acteurs sociaux comme le FRAPRU et des syndicats (CSN, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain…).
« Quand on a des organisations syndicales qui trouvent qu’il faut revoir notre système économique, c’est que c’est important, juge M. Bouchard. Ce que les plans verts des gouvernements nous proposent, tant au niveau du Québec que d’Ottawa, c’est de la supercherie. Cela revient à croire qu’on peut continuer comme avant sans devoir faire des choix… »
Noémi Bureau-Civil est également consternée par l’attitude des différents paliers de gouvernement : « Le fédéral propose un plan à 15 milliards $ pour capter du carbone avec des technologies qui n’existent même pas, mais on continue à en émettre de manière quasiment équivalente, en construisant l’oléoduc TransMountain par exemple. Le provincial nous propose un Plan d’économie verte, mais en parallèle on continue le projet GNL Québec. C’est totalement contradictoire! »
Les municipalités ne sont pas en reste selon la militante, qui souligne que « deux ans après la signature de la Déclaration d’urgence climatique, la Ville de Rimouski n’a produit aucun plan clair pour atteindre des cibles objectivables afin de réduire la production de GES », malgré les nombreuses relances de citoyens préoccupés par l’environnement.
Pour elle, un futur désirable, « ce serait d’abord un futur où la voix citoyenne est prise en compte. Où la population reprend le pouvoir de décider ensemble d’un projet pour le bien commun. Cela doit passer par une évaluation systémique des impacts de nos modes de vie et de l’utilisation des hydrocarbures. »
Elle appelle donc tous les citoyens à s’engager dans ce grand débat pour que la réflexion post-covid-19 ne se limite pas à la manière de relancer l’économie, mais inclue aussi des notions de sobriété et de justice sociale.